Misia ny mazava


Réconcilier les Malgaches avec la terre léguée par leurs ancêtres n’est pas aisé, il est vrai. Edgard Razafindravahy croit pourtant que c’est possible et faisable, et propose une solution pour y arriver. «La réconciliation des Malgaches avec leur terre doit se faire à la base et dès l’enfance, à l’école et au sein de la communauté. Dans ses « Velirano », le chef de l’État a fait le serment de multiplier les écoles « Manara-penitra » dans tout Madagascar, d’accélérer le recrutement des enseignants, d’atténuer les problèmes qui pèsent sur les familles dans la scolarisation des enfants. Cependant, ce ne sont que des moyens mis au service de l’éducation. Tant que l’enseignement et l’éducation ne sont pas refondés, tant que leur système et leur structure actuels sont maintenus tels qu’ils ont été élaborés par des techniciens pour correspondre aux Objectifs de développement du 3e millénaire, il sera difficile d’espérer un réel changement. Certes, les parents sont heureux parce que l’école se rapproche de leurs enfants et que certaines conditions scolaires sont améliorées, mais ce qui les préoccupe surtout c’est leur futur. Ils espèrent que l’enseignement reçu par leurs enfants et les diplômes auxquels ceux-ci aspirent, leur permettront de trouver un emploi décent plus tard. Un simple transfert de connaissances de l’enseignant à l’élève ne suffit donc plus si l’on veut vraiment quelque changement de comportement et de mentalité pour aborder autrement l’avenir et obtenir le développement complet de l’homme, individuellement et au sein de sa communauté. Cette vie en société est très importante, et la communauté de base, le fokontany, a un rôle à jouer car il sera appelé à s’impliquer pleinement dans la vie communautaire. Notamment dans l’éducation du fokonolona qui y vit, pour l’aider à renouer avec les valeurs morales qui se sont perdues au fil des ans, détruisant ainsi les règles de conduite traditionnelle (respect des aînés, de la loi, de la discipline…). Il n’est plus temps de se rejeter mutuellement la faute mais d’avancer. Nous proposons aux dirigeants, au ministère de l’Éducation nationale, à la société civile, voire à tout citoyen soucieux de l’avenir du pays, une solution à ce problème plus que sérieux. Elle consiste à créer le « Sekoly ambony ho an’ny vahoaka » ou SAV dont nous avons déjà développé le concept dans l’ouvrage intitulé « Boky fanorenana ifotony ». En résumé, il s’agit de la mettre en place dans chaque fokontany pour que les enfants (et les adultes) reçoivent une éducation axée sur le respect de l’être humain, l’amour du Tanindrazana, de la patrie de manière générale, un lieu où on apprendra les choses utiles et essentielles à la vie, comme cuisiner, bricoler, mais aussi des métiers qui vont leur servir et surtout à aimer cette parcelle de terre héritée des parents qui les nourrit et où se trouve le tombeau familial réunificateur. Le SAV complètera et améliorera les programmes scolaires, écartant toutes les matières qui ne seront d’aucune utilité pour les élèves ou qui ne débouchent pas directement sur un métier. D’ores et déjà, les jeunes seront amenés à réfléchir sur la vie de leur fokontany, à distinguer les bonnes causes des mauvaises, à proposer toute rénovation, tout projet dont l’intérêt est reconnu par toute la communauté. »
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