Accueil » Opinions » On s’y fait
Opinions Texto de Ravel

On s’y fait

« C’est la situation qu’il y a et il faut s’y faire. On doit s’adapter et faire avec » C’est la phrase qui vous achève devant un horodateur quelque part à Antaninarenina. Une dame d’une quarantaine d’années est en train de dealer avec les balayeuses de rues concernant le parking de sa voiture. Il est dix heures trente du matin, et celui qui est payé pour tenir le poste de gérant des places des voitures n’est toujours pas à son poste. Alors, les petits futés se font le troisième larron de l’histoire. Il y a d’abord le gardien de la banque d’à côté qui n’a aucun souci à se présenter comme le responsable en question et prend les mille Ariary pour l’heure. Puis, il y a les balayeuses de rues, qui étaient présentes au moment du paiement, qui vous disent, quelques mètres plus bas, que vous vous êtes bien fait avoir.
Plus tôt le matin, c’est un gardien « informel » de parking, toujours à Antani­narenina qui se fâche car on lui a demandé un ticket venant de la machine. La voiture se plaçant juste devant l’horodateur. Que dire quand c’est le responsable en uniforme qui lui donne raison. Bref, le formel vous dit de donner les sous à son suppose « rival ». Pour tenir toute une journée dans ce quartier dit d’affaires, il faut au moins sortir cinq fois de sa réunion pour jouer au chat et à la souris avec les employés de Easy-park. Une chose est sûre, le parking n’est pas aussi facile que le dit le nom de l’entreprise responsable en question.
Autre péripétie tout aussi rocambolesque. Un soir, du côté d’Ambondrona, une voiture a été immobilisée par un taquet. Ayant connu la mésaventure d’un ami qui a subi la même chose, le propriétaire s’apprêtait à aller à l’hôtel de ville pour avoir des informations quand deux messieurs se sont approchés. La forte odeur d’alcool renseigne très rapidement de l’état d’ébriété de ces personnes qui se présentent comme agents de la municipalité. Il est presque vingt heures et ils affirmaient avoir fait une réelle faveur d’avoir le propriétaire en question. Puis, un responsable appelle en demandant où ils se trouvent et pourquoi le taquet n’est pas encore au dépôt. Celui qui est au bout du fil pose la question si le taquet a été posé sur un véhicule, ce qui explique pourquoi il n’est pas encore répertorié dans les entrées. Ils ont répondu que non.
Moral. L’utilisateur des parkings qui ne voit que l’heure qui vient se met à accepter de s’arranger avec celui qui s’impose comme gérant des places publiques. Le responsable qui est payé pour faire le travail de gérer professionnellement les parkings trouve apparemment un bénéfice dans le système qu’il devait pourtant éradiquer, c’est-à-dire les percepteurs de tickets autoproclamés. Finale­ment, il y a les institutions responsables qui laissent faire. Sans nul doute que ces derniers sont au courant de ce qui s’opère.
On s’y fait disait la dame. Oui, on s’y fait quand on se plaît à la situation car elle nous arrange sur le moment mais entretient un état de non-droit. Certes, la situation ne parle « que » de stationnement. Mais d’une part, cette situation est l’image de toute une mentalité à fermer les yeux de temps à autre quand cela nous arrange. D’autre part, ces évènements banals démontrent un laxisme voulu et entretenu par des entreprises privées et des responsables communaux. Ceci laisse la prise d’ampleur de pratiques qui sont rien d’autre que de la raquette auprès des usagers.

Par Mbolatiana Raveloarimisa