Vyvato Rakotovao - « Nous nous attelons à concrétiser les projets de développement »


Vyvato Rakotovao, gouverneur de la région Vakinankaratra, passe en revue les sujets brûlants de l’heure. Avec un point d’honneur au président de la République Andry Rajoelina. Quelle appréciation faites-vous de la lutte contre la propagation du coronavirus, menée par les autorités sous l’égide du président de la République Andry Rajoelina ? Il s’agit d’une pandémie mondiale. Les actuels dirigeants ne l’ont pas inventée ou invitée ici. Comme certaines mauvaises langues essayent d’insinuer. Je salue alors la capacité et le sens de l’anticipation dont a fait preuve le président de la République Andry Rajoelina dans la gestion de cette crise sanitaire. En dépit des sarcasmes de ses détracteurs. Grâce à sa pro- réactivité, associée à celle des membres du gouvernement, la solution est maîtrisée. Sous l’angle où beaucoup s’attendaient à une hécatombe. Des milliers de contaminés et des morts à la pelle. Étant donné les faibles moyens dont dispose notre système sanitaire et la pauvreté avec laquelle vit la majorité de la population. En tout cas, le leadership présidentiel ne souffre d’aucune discussion. Comme son prénom l’indique, Andry Rajoelina ne peut qu’être le vrai pilier de la nation. Il paraît que le concept du Centre opérationnel Covid-19 a bouillonné dans la Ville d’eau, si l’on peut dire. Comment expliquez-vous cette genèse ? Par essence, Antsirabe est un vivier d’intellectuels. Grâce à la présence des prestigieuses écoles militaire et policière d’où sont sortis des sommités, des élites nationales et internationales. Pour ne citer que le capitaine Thomas Sankara, un pur produit de l’Académie militaire, considéré comme le Che africain pour ses convictions nationalistes, anticoloniales. Cette idée de mettre en place un Centre opérationnel anti-coronavirus a certainement germé dans la tête de ces officiers dès la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. Ils sont habitués à une telle prise de responsabilité. Je tiens à les féliciter pour leur engagement, leur dévouement, leur abnégation et leur professionnalisme dans cette lutte commune. La région prend en charge les dépenses de fonctionnement du Centre opérationnel local. La région Vakinankaratra a été plus ou moins épargnée par la pandémie. À quoi attribuez vous cette situation relativement satisfaisante ? En ma qualité de gouverneur, j’ai imposé stricto-sensu les mesures énoncées par l’instauration de l’état d’urgence sanitaire. Sans état d’âmes, ni exception. Des adeptes de l’anarchie et de l’indiscipline comme modes de vie nous reprochent de verser dans l’excès de zèle. Mais si le salut de la santé publique devait passer par cette option, tant pis pour les récalcitrants. Ce résultat a été acquis par la cohérence des actions menées conjointement par les Forces de l’ordre, l’Administration au sens large, le personnel soignant, les transporteurs, et les simples citoyens conscients du danger qui les guette. Ces entités méritent notre reconnaissance et notre gratitude. Les cas des employés d’Ambatovy de retour chez eux ont-ils été régularisés, dans le sens sanitaire des préoccupations ? Assez déplorable comme attitude. Car ils étaient être confinés dans les sites aménagés par leur entreprise. Mais ils ont pris la fuite, n’ayons pas peur des mots, pour rejoindre leurs familles à Antsirabe, leur ville d’origine. En exposant leurs proches et leurs riverains aux contaminations du mal. Par cette prise de risque inutile, ils ont mis la vie d’autrui en danger. Aussi, ces inconscients encourent des poursuites judiciaires et pénales, une fois débarrassés du coronavirus. Qu’en est-il des mesures prises pour les moissonneurs « professionnels » venus prêter main forte à la récolte du riz dans l’Alaotra-Mangoro qui reviennent chez eux ? Tous les ans, à la même période, ces jongleurs de faucilles viennent prêter main forte à la récolte du riz à Ambatondrazaka et à Amparafaravola. Comme des orpailleurs d’ici qui suivent le bon filon du métal jaune à Maèvatanàna. Les premiers, par un accord interrégional, sont soumis à des contrôles et surveillances sanitaires des plus rigoureux. Dès leur départ jusqu’à leur retour chez eux. Des fiches personnalisées avaient été établies quand ils étaient partis pour mieux les suivre dans leurs déplacements. Quand bien même quelques uns, trop impatients de rentrer, ont emprunté le mauvais chemin. Aussitôt dénoncés par leurs propres compagnons. Si jamais le nombre des contaminés du coronavirus tendait à suivre une courbe ascendante, la région Vakinankaratra est-elle prête à endiguer cette éventuelle vague ? Personne ne souhaite qu’un tel scenario catastrophe se réalise. Ceci étant, nous avons aménagé les locaux du Centre de formation agricole et de mécanisation agricole, CFAMA, pour accueillir d’ éventuels porteurs du virus. Les étudiants du CFAMA étant en vacances obligatoires, leur internat libéré, avec des bâtiments séparés, peut servir de zone de mise en quarantaine au cas où. Antsirabe a toujours été considérée comme la capitale industrielle du pays. Comment la région conçoit-elle l’après crise sanitaire sur le plan socio-économique ? Le coronavirus affecte l’économie d’Antsirabe. Mais une constatation rassurante tout de même : la production agricole affiche un volume excédentaire, au-dessus de la moyenne nationale. Sur le plan nutritionnel et alimentaire, nous avons moins de souci à nous faire. Par contre, le tissu industriel souffre. Bien avant la venue de la Covid-19, des entreprises du textile et de l’habillement avaient enregistré une baisse de leurs commandes. Aujourd’hui, elles encaissent des annulations pures et simples. Nous avons entamé les discussions au niveau régional. Ces opérateurs ont besoin d’un porte-parole pour se faire entendre. Nous attendons l’adoption du projet de loi de finances rectificative, LFR, et le Plan multisectoriel de relance de l’économie. Avant de réagir en conséquence. Vous êtes à la tête du gouvernorat depuis plus de cent jours. À l’heure d’un premier bilan, quelles ont été vos réalisations ? Pour ne parler que de la ville d’Antsirabe plusieurs rues en dégradation avancée et des ponts ont été réhabilités. L’éclairage public, avec la collaboration du ministère de l’Énergie et des hydrocarbures, scintille à nouveau. Nous avons aussi refait la route d’Ambano à Antsirabe-II, tout en y apportant la lumière. Ambatolampy va bientôt sortir des ténèbres. Le plan de redressement de la région a été ficelé. Elle a accumulé des dettes depuis ces années passées. Sans attendre que tout soit réglé, coronavirus ou pas, nous nous attelons à concrétiser les projets de développement. Quel genre de relations entretenez-vous avec les maires ? Je suis disposé à collaborer avec tous les maires des quatre-vingt-douze communes des sept districts. Comme je l’ai souligné dans mon discours d’investiture, le bureau de la région est un lieu de rencontres et d’échanges, « Ambohimpiaonana ». Les maires, avec les députés, des élus, n’ont pas besoin de demande d’audience ou de rendez-vous pour me rencontrer. Maintenant, nous passons à l’inventaire des propositions de ces maires. Les plus utiles pour la majorité des administrés seront traitées en priorité. Des opposants affirment que les gouverneurs empiètent les plates-bandes des Chefs district et des maires. Que répondez-vous à ces allégations ? Des assertions sans fondement aucun. Les gouverneurs n’interfèrent pas dans la gestion au jour le jour des districts et des communes. Ils n’entrent pas dans la cuisine interne des mairies et ne s’arrogent pas les attributions naturelles des maires. Ils s’occupent des considérations relatives à l’inter-collectivité. Mais, en tant que « Ray aman-dreny », ils peuvent prodiguer des conseils, apporter de l’appui institutionnel, et servir d’interface avec le pouvoir central. La construction du Colisée dans l’enceinte du Rova d’Antananarivo déchaîne les passions et génère des polémiques improductives, exacerbées par des visées politiques sournoises. Étant un membre du Comité scientifique pour le compte du cabinet du président de la République Andry Rajoelina, quel est votre avis sur ce délicat sujet ? D’abord une précision. L’édifice en question n’est pas un Colisée à la romaine. Mais un « Kianja Masoandro » suivant la pensée malgache. Que ce soit sur l’aspect culturel- rites traditions-us et coutumes- ou sur les modalités techniques usuelles-appel à manifestation d’intérêt-appel d’offres- toutes les modalités requises ont été respectées. Ceux qui pourfendent cette réalisation ont eu le temps de réagir. Pourquoi ils ne s’insurgent qu’aujourd’hui au moment de la phase de finition ? Parce que celui qui l’a fait s’appelle Andry Rajoelina. Alors, ils lui cherchent des poux là où il n’en existe aucun. En semant le trouble dans la tête et l’esprit des gens. Le caractère sacré, « hasina » des lieux, a été dénaturé ou vicié selon ces « royalistes ». Que répondez-vous ? Si le débat se limite aux réflexions à caractère culturel, je suis d’accord. Mais de là à en faire tout un fromage politique, cela sent mauvais. Le « hasina », ce sont les hommes eux-mêmes qui lui donnent ses vertus. Quand vous n’y croyez plus, il perd de ses valeurs. Le « Rova » d’Antananarivo, à ne pas oublier, est à la fois un musée et un palais d’État. L’incarnation parfaite de la souveraineté nationale. Dans la foulée des revendications sur les îles éparses. L’État a le devoir de l’entretenir et de l’innover, le cas échéant. Les grands monarques des temps immémoriaux, ayant pu s’adapter à leurs époques, ont fait appel à des architectes étrangers, recouru à de nouveaux matériaux de construction (pierres, fer…). Allons- nous tomber dans l’anachronisme avec l’avancée des nouvelles technologies ? Par rapport aux enjeux mondiaux de l’heure, avions- nous encore du temps à perdre pour des babillages de ce genre ? En guise d’épilogue ? Je suis fier d’être TGV. Si les « Foza », comme ils les raillent, peuvent développer ce pays, je n’ai pas honte d’avoir grossi les rangs de cette communauté. Le monde avance, avec ou sans nous. Alors je dirais, marche ou crève.
Plus récente Plus ancienne