Réaction - La société civile vilipende le gouvernement


Le mouvement ROHY tacle la composition de l’équipe gouvernementale. Sa capacité à organiser des élections crédibles est mise en doute. Consternant . Telle est la réaction de la coalition d’organisa- tion de la société civile (OSC) ROHY, face à la mise en place du gouvernement. S’étant présenté à la presse pour une déclaration hier à Ambatonakanga, le mouvement des OSC se dit affligé par le profil de la majorité des ministres dans la nouvelle équipe gouvernementale. D’entrée, ROHY affirme ses doutes quand à la compétence de l’effectif gouvernemental et sa capacité à préparer des élections acceptées de tous. « Pourrions-nous avoir l’espoir que ce gouvernement fortement teinté par les partis politiques HVM, Mapar et Tim puisse diriger le pays comme il se doit, et préparer dans la synergie avec la Ceni [Commission électorale nationale indépendante] des élections crédibles et acceptées de tous, qui est une étape importante pour résoudre la crise », s’interroge le mouvement d’OSC. Sans ambages, ROHY soutient que vis-à-vis des responsabilités qu’ils auraient à charge dans les ministères clés, « le profil, le caractère, la compétence et les expériences des personnes nommées permettent d’affirmer qu’ils ne seront pas à la hauteur ». Le mouvement d’entités civiles ajoute qu’« il n’y a aucun élément qui justifierait que ces choix aient été fait dans l’intérêt supérieur du pays et de la population ». Le constat fait par les OSC rassemblées au sein de ROHY est que le principal critère à avoir été retenu pour la sélection des nouveaux membres du gouvernement ait été « leur réputation dans la défense des intérêts de leur parti politique ». Le mouvement cite, notamment, les départements chargés des Ressources minières, l’Aménagement du territoire, les Ressources halieutiques, l’Industrie, le Commerce, la Poste et la communication. Politisation des ministères Suite au verdict de la Haute cour constitutionnelle (HCC), la société civile a plaidé pour un gouvernement de technocrates. Les OSC ont accueilli favorablement la nomination de Christian Ntsay comme Premier ministre de consensus. Ce dernier réputé apolitique a essentiellement construit sa réputation dans sa carrière de fonctionnaire international. Au lendemain de la présentation du nouveau locataire de Mahazo­arivo, ROHY a émis le souhait que la logique technique soit maintenue dans la sélection des ministres. « L’illusion » de la société civile a toutefois été brisée par l’issue de « l’accord politique » entre Hery Rajaonari­mam­pianina, président de la Répu­blique, et les anciens Chefs d’État Marc Ravalo­manana et Andry Rajoelina. Les trois formations dont ils sont les leaders constituent aujourd’hui un triumvirat au sein du gouvernement. Comme l’a constaté ROHY, les trois ont pris soin de placer au sein de la nouvelle équipe exécutive les têtes de gondole de leur bureau politique. « Qu’on rende public cet accord politique, pour que l’on sache qui l’a signé », réclame ROHY. Certaines indiscrétions indiquent cependant que l’accord conclu entre le locataire d’Iavoloha et ses deux prédécesseurs serait « verbal ». L’inquiétude des OSC sur le caractère politique prononcé du gouvernement se pose également, sur le risque de « politisation des ministères à vocation sociale », dans un but électoral. Une inquiétude renforcée quand la plupart des ministres soulignent leur couleur politique tout en indiquant qu’ils sont là pour préparer les élections, dès leur prise de fonction. « [La politisation de l’administration] est une pratique déjà vécue sous la direction successive des ces entités politiques », déplore ROHY. Le mouvement ajoute, du reste, que « les politiciens désignés ministres dans les départements à vocation sociale sont soit des novices, soit des anciens qui ont déjà démontré leur incompétence. C’est comme adouber les mauvaises pratiques ». Dans cette avalanche de vilipendage, les OSC relèvent, néanmoins, deux notes d’optimisme que sont « la réputation de probité » de la ministre de la Justice et « la technicité » attribuée au ministre de l’Intérieur. En conclusion, ROHY met les membres du gouvernement au défi de démontrer que les appréhensions n’ont pas lieu d’être.
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