Là, un match de foot! Où ça, où ça ?


Témoin par excellence de notre époque. Les Fans Zones sont des sanctuaires dédiés à la sainte rentabilité dont le football business est devenu le symbole parfait. Témoin de notre époque paradoxale : les mêmes Fans Zones avaient été invitées à observer une minute de silence suite à l’attentat terriblement meurtrier à Orlando, États-Unis. Une époque de sentimentalisme exacerbé, une époque de loterie géante à multiples zéros... J’ai vu, partagées sur Facebook, ces caricatures, réussies, reprises par ceux qui détestent le football : «32.000 passe la balle à 26.000 qui centre pour 64.000 lequel remet instantanément à 72.000 qui trompe 50.000». C’est pourtant vrai qu’en guise de dossard, les joueurs professionnels pourraient très bien n’être que des chèques ambulants. Des jeunes, sans éducation ni instruction, se retrouvent, du jour au lendemain d’un mercato prodigieux, en stars planétaires et à la tête d’une petite fortune qui leur monte à la tête. Les plus sages savent bien s’entourer et développent tranquillement leur génie balle aux pieds. D’autres explosent en vol, mystifiés par les médias, trop vité pétés de thunes et saoulés de superlatifs. Certains nous surprennent à philosopher, mais avec plus l’amour du bon mot que l’art du mot juste. On demande certainement trop au football, et au footballeur, qui n’est pas dieu, mais juste meilleur buteur, meilleur gardien, meilleur passeur. Le meilleur du foot, ce sont les championnats anglais, espagnol, allemand, italien, qui le produisent. Et la confédération continentale la plus économiquement aboutie, c’est l’UEFA, celle de l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, voire un peu plus au-delà, Arménie, Turquie, Israël.. À l’Euro 2016 de football, chaque nation aura joué au moins une fois quand la Copa America boucle le premier tour. Que les deux compétitions continentales se déroulent en même temps est une bizarrerie incompréhensible du calendrier qui pénalise la grande compétition américaine. La visibilité est accaparée par l’Euro tandis qu’il faudrait se lever à quatre heures du matin de Madagascar pour suivre la Copa America en direct et assister à la double élimination du Brésil (5 fois champion du monde, 8 fois champion d’Amérique latine), et de l’Uruguay (15 fois champion d’Amérique du Sud dont la dernière fois en 2011). L’Amérique, c’est loin. La Copa America est de toutes manières sacrifiée au calendrier hégémonique des compétitions europénnes. Ainsi, le FC Barcelone, «mas que un club», comme le proclame sa devise, qui peut contraindre l’équipe nationale du Brésil à ne pas faire jouer son meilleur atout, Neymar. Pour d’autres raisons, la star de l’Uruguay, Luis Suarez, n’aura pas disputé une seule minute. À l’échelle de l’Europe, c’est comme si le Real de Madrid avait osé demander au Portugal de sortir Cristiano Ronaldo de la feuille de match ; le Bayern de Munich exiger de l’Allemagne de ne pas faire courir de risques à Manuel Neuer. Ce qui serait proprement scandaleux et simplement inimaginable au sein de la grande famille de l’UEFA où l’on est manifestement plus égaux que le reste du monde. Quand on s’abonne à un bouquet international, ce n’est pas pour se faire renvoyer à une restriction régionale : BeIN bloqué, TF1 et Antenne Réunion en écran noir, on nous offre, sur Canal+Sport 2, un bien étrange plateau de commentateurs blacks-beurs, du genre à rappeler, à chaque action, l’origine africaine ou maghrébine de tel ou tel joueur naturalisé. Des affaires de contrat d’exclusivité dont lepremier concerné, l’abonné, ne sait rien ; des questions de satellite de télécommunications, aussi sans doute, dont le même abonné ignore tout. Marqueur de notre époque : Canal+, qui nous vend BeIN, ne se fend pas d’un communiqué triomphaliste, dont il est coutumier, quand BeIN affiche systématiquement «le programme n’est pas accessible dans votre zone géographique» ou «vous n’êtes pas abonné» alors que vous avez bel et bien souscrit à cette option sports pour suivre dans les meilleures conditions du direct les principaux évènements internationaux. On sait que BeIN diffuse l’intégralité des matches de l’Euro, sauf à Madagascar. Ce problème était déjà récurrent pendant la dernière Coupe du Monde 2014, et depuis aucun mot d’excuse ni d’explication. Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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