ASSAINISSEMENT - La gestion de déchets se heurte au coût élevé de la transformation


Très peu de municipalités disposent d’une gestion complète des déchets. Dans la plupart des cas, elle reste au niveau de la collecte et de la mise en décharge, la pré-collecte étant souvent assurée par le secteur informel. En l’absence de traitement, les décharges sont en état de saturation ou non contrôlées, alors que 70 à 80% des ordures qui y arrivent sont composés surtout de matières biodégradables. Ce manque fait naître des initiatives privées ou associatives, créant des solutions de gestion, de vente et de recyclage, ce qui génère une économie circulaire plus ou moins organisée. Ces projets ont un démarrage facile dans la mesure où les matières premières, les déchets, sont abondamment disponibles. Mais ils se heurtent, chacun à son niveau, à un blocage essentiel, les coûts, ce qui rend la vulgarisation souvent difficile. « La technique la plus simple, efficace et à moindre coût, adaptée au contexte, est le compostage car il réduit jusqu’à 70% le volume des déchets mis en décharge » argumente Tsiry respon­sable auprès de GRET. Le dispositif, qui consiste à créer des unités de traitement, chacune de 500 m2, peut traiter jusqu’à 2 à 3 mètres cubes de déchets organiques par jour, soit l’équivalent de 1500 tonnes de déchets par an, ce qui produit 200 à 300 tonnes de compost annuellement. « En aval, le compost répond bien aux carences des sols malgaches, en bon fertilisant il améliore la qualité du sol et contribue à la croissance des plantes de manière écologique » ajoute-t-il. La mise en place d’une unité de traitement exige un certain nombre de critères basiques, tel que le respect des normes environnementales. Côté financement, le coût d’une unité est élevé. « Il faut un partenariat entre les opérateurs privés ayant bénéficié des financements carbones et des responsables des entreprises d’un côté, et un financement de la commune de l’autre ». En l’absence de ce mécanisme financier, le compost n’est pas acces­sible aux agriculteurs en raison de son prix élevé. Aujourd’hui, le mètre cube s’achète à plus de 700.000 ariary. « Les déchets organiques représentent une manne pour les agriculteurs, mais le coût de production de compost n’est pas accessible », renchérit Tsiry. Besoin de subventions Un autre produit, le « biochar », obtenu par la décomposition thermique de biomasse des matières organiques utilisées comme fertilisant, peut séquestrer du carbone dans les plantes et dans le sol. « Son utilisation est très avantageuse pour la préservation de l’environnement. Mais son coût de production est élevé», explique Geraldo, technicien du Welt Hunger Hilfe. Une autre initiative consiste à créer un biodigesteur, qui peut absorber jusqu’à 100 kg de déchets par jour, en fonction de sa taille. Il permet de produire du gaz propre, à usage domestique. Près de 10 kilos de débris organiques produisent entre 20 à 30 KwH de gaz, suffisant pour un usage domestique, après une durée de transformation de 3 jours. Là encore, le coût fixe de mise en place du biodigesteur fait défaut car il s’élève à 2 millions d’ariary. Les solutions de valorisation de déchets ne manquent pas, avec les projets catalytiques des associations et des ONG, mais des subventions de la part du pouvoir public sont plébiscitées par les acteurs pour les accompagner vers l’efficacité en termes de résultats et de coûts.
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