Justice est faite


La démission de Herilaza Imbiki, ancien ministre de la Justice, imbriqué dans des affaires de corruption enregistrées dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux occupe une bonne place dans les conversations. On peut saluer l’attitude de l’ancien ministre, qui reste innocent jusqu’à preuve du contraire, pour permettre l’ouverture d’une enquête propre et fiable. Reste à savoir si c’est la voie choisie par les autorités où le classement de l’affaire comme c’est souvent le cas quand le fautif fait partie du clan. Herilaza Imbiki a toujours été un soutien précieux du régime depuis la transition qu’il est délicat de l’enfoncer. De l’autre côté le pouvoir a une occasion providentielle de prouver que la lutte contre la corruption n’est pas un mirage et que la tolérance zéro rabâchée à toutes les occasions n’est pas qu’une intention. Le fait est que depuis l’affaire Imbiki, d’autres scandales impliquant d’autres ministres ou autorités sont également balancés sur les réseaux sociaux. L’escalade est entamée et on ignore où va-t-elle s’arrêter. Pour le moment il est impossible de juguler l’hémorragie étant donné la liberté totale des soi-disant lanceurs d’alerte. Leur tâche est facilitée par l’imprudence ou la naïveté des personnes incriminées qui se laissent prendre en vidéo ou dont les propos ont été enregistrés à leur insu. Il faut être extrêmement négligeant pour discuter d’affaires dont l’enjeu équivaut à des milliards d’ariary au téléphone. L’opposition aujourd’hui ne se trouve pas ni dans la rue ni à l’Assemblée nationale mais bel et bien sur les réseaux sociaux. Elle risque d’ébranler le pouvoir plus tôt que prévu à l’allure où vont les choses. Mais la parade n’est pas non plus facile à trouver. Pour garder le cap il va falloir opérer une véritable purge pour se donner un second souffle avant d’aborder la dernière ligne droite menant vers l’élection présidentielle. C’est la meilleure façon pour sauver ce qui peut encore l’être. L’erreur serait de croire que tout a été acquis de façon définitive et immuable. Le futur ministre de la Justice devrait par exemple quelqu’un reconnu et accepté par la corporation des magistrats et qui dégage les vertus de la rectitude et de l’honnêteté vers l’opinion. On connaît ceux qui traînent des casseroles, ceux qui on fait fortune sur les mises en détention provisoire. Un ministre qui réclame un pourvoi en cassation illico presto après un jugement rendu sur une affaire privée, ne peut pas être un synonyme de justice équitable. Un autre qui relâche un prévenu sans jugement, ou qui ordonne le transfert d’un criminel vers une prison sans mur salit la justice. Outre les coups portés par les réseaux sociaux, le cuirassé se désagrège également de l’intérieur avec des voix dissonantes qui semblent indiquer que l’union sacrée s’est disloquée. Le ver est dans l’orange. Il ne faut pas laisser pourrir la situation sinon la dégringolade risque d’aller très vite.
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