Gouverner c'est pleuvoir


Jamais dans l'histoire un pouvoir n'a jamais été aussi maudit par le sort qui en rajoute à son incompétence avérée et sa piètre gouvernance. Le tout se solde par une note plus que salée. Depuis son arrivée au pouvoir, Rajaonarimampianina n'est pas vraiment gâté par la nature. Pire, malgré les prières à n'en plus finir et son assiduité dans les événements religieux, toutes confessions confondues, se couvrant parfois de ridicule quand il fait commandeur un pasteur dont la popularité n'a d'égale que le charlatanisme, le climat lui joue des sales tours. Son avenir à la tête de l'État s'en trouve ainsi hypothéqué. Un an après son investiture, la désapprobation divine de ses actions et de sa gestion s'est manifestée par une grande inondation faisant plusieurs victimes d'éboulements ou de glissements de terrain. Du jamais vu dans les annales. Un premier avertissement dont il n'en a pas tenu compte. Il continue son petit bonhomme de chemin au sommet de l'État, zig zaguant entre les manifestations politiques contestataires et les revendications sociales, non sans désinvolture. Sa deuxième année de pouvoir a été marquée par un bilan très lourd au niveau des accidents de la circulation et surtout des incendies, par un nombre record d'attaques armées, de vols de bœufs, de meurtres jamais élucidés, des épidémies datant du Moyen Âge, prouvant son incapacité à gouverner. S'il a réussi à instaurer un semblant de stabilité en adoptant une répression à la Pinochet de tous les frondeurs, en usant de tous les moyens, tels le harcèlement fiscal, la perquisition, le mandat d'arrêt, les phénomènes naturels semblent le rattraper et lui rappellent qu'il existe une justice immanente implacable et incorruptible contre laquelle les milliards de ses sbires ne servent à rien. Il a beau manipuler toutes les institutions, tous les juges, tous les généraux, certains journalistes, son plan risque d'être déjoué le plus naturellement du monde. C'est d'autant plus vrai qu'à chaque fois que la population et l'opinion attendent de lui, décence et modestie, il répond par provocation et indifférence. À preuve , alors que l'Etat affirme avoir manqué de sous pour acheter du fuel et alléger le délestage, il affirme par dessus le marché que cela ne concerne que 15 % de la population et qu'il n'en fait ni sa préoccupation ni sa priorité et se permet l'insolence de nommer cinquante deux nouveaux généraux pour mieux bétonner sa forteresse et dont l'entretien va coûter la peau des fesses aux misérables contribuables. À se demander comment ces derniers vont pouvoir se débrouiller pour s'acquitter de leurs impôts ainsi que ceux de leurs toutous alors que leurs activités ont complètement cessé à cause du délestage. Un mépris de plus qui n'est certainement pas le dernier. La bêtise étant la logique de l'erreur. Rien ne semble l'effrayer même si l'avertissement s'est intensifié avec une puissante secousse tellurique dont on se demande ce qui se serait passé si elle avait atteint une unité de plus sur l'échelle de Richter. Maintenant, outre le délestage dont la solution finale reste la pluviométrie selon le numéro deux de la Jirama qui, à l'image du Premier ministre, se complait dans la promesse d'ivrogne, il doit faire face à une éventuelle perte énorme au niveau de la production à cause de la sécheresse. Il doit faire sienne la théorie du général Lyautey, premier résident général français au Maroc (1912-1925) qui aurait déclaré que gouverner c'est pleuvoir pour exprimer une relation directe entre les équilibres économiques et la clémence du ciel. En serait-il capable ?  Vu ce qu'il a montré jusqu'ici, on voit mal comment il peut inverser une sentence providentielle alors qu'il a montré ses limites pour prévoir et gouverner sans passer par la corruption. Par Sylvain Ranjalahy
Plus récente Plus ancienne