Débat à l’hôtel de ville - Les candidats oublient l’essentiel


Un second débat entre les candidats aux municipales à Antananarivo s’est déroulé, hier, à l’Hôtel de ville. Les accrochages verbaux ont, cependant, pris le dessus sur les programmes et la séduction des électeurs. Chamail­leries. À un moment donné, le débat entre les prétendants à la magistrature de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA), a tourné au cirque. Alors qu’il s’agissait, probablement, de la dernière occasion pour les candidats de démontrer qu’ils maîtrisent leur sujet et séduire les électeurs avec leurs idées. Des fondamentaux que les cinq partants dans la course à la mairie d’Antananarivo ont, toutefois, omis. Les cinq candidats à siéger à la mairie de la capitale et leurs partisans se sont donné rendez-vous à l’Hôtel de ville, Analakely, hier, pour un second débat. À l’ini­tiative de la Friedrich Ebert stiftung Madagascar (FES-Madagascar), il s’agissait, probablement, du dernier face-à-face entre les cinq partants dans la course à la magistrature de la ville des mille. La dernière occasion de s’illustrer, étant donné que le programme d’action de chaque candidat tourne autour des mêmes priorités. La première partie du débat a été relativement structurée. De fil en aiguille, cependant, la partie a viré en une chamaillerie. Déjà que les candidats, ayant eu des difficultés à gérer le timing imposé, n’ont fait qu’effleurer les sujets soulevés par les animateurs-modérateurs du débat, le peu qu’ils ont dit ont été occultés par les querelles interpersonnelles. C’est le candidat Faniry Alban Rakotoarisoa, qui a décoché la première salve d’attaque verbale. Hors sujet Ayant visiblement en tête que le face-à-face d’hier, sera diffusé sur une station privée de la capitale ce week-end, le candidat Rakotoarisoa s’est évertué à pilonner les deux candidats qu’il estime être ses principaux concurrents, à savoir les candidats Naina Andriantsitohaina et Ny Rina Randriamasinoro. Des attaques dont certains dépassent le cadre de la gouvernance municipale, voire hors sujet. Faniry Alban Rakotoa­risoa est allé jusqu’à mettre sur le tapis les îles éparses, afin d’essayer de déstabiliser l’ancien ministre des Affaires étrangères et soulever la filiation de l’ancien secrétaire général de la CUA. À vouloir être trop impertinent il a, au contraire, donné l’occasion à ses deux vis-à-vis de démontrer qu’ils ont l’étoffe d’un prétendant crédible à la magistrature de la capitale. Ne se dérobant d’avoir été au sein du gouvernement et d’être un proche du pouvoir central, Naina Andrian­tsitohaina, autant dans ses interventions que ses répliques, s’est évertué à démontrer son pragmatisme, sa droiture et sa fermeté dans la conduite des affaires publiques. Pareillement, les attaques qu’il a essuyées ont donné l’occasion à Ny Rina Randriamasinoro d’étaler sa maîtrise des finances publiques. Le porte-étendard du parti au pouvoir et celui de la principale formation d’opposition n’ont pas, pour autant, pu s’empêcher de verser dans les provocations verbales. Une brèche dans laquelle s’est engouffré le candidat Feno Harison. Tablant sur sa technicité, le fait qu’il n’a aucune attache politique et que la gestion de la ville ne devrait plus être l’otage des hostilités politiques il a lancé, « voyez vous-même, la querelle politique entre l’IRD [Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina] et le TIM [Tiako i Madagasikara] continue même sur le plateau ». L’un des deux candidats peu connus dans cette course à la magistrature de la capitale, posé et dégageant une certaine assurance, la prestation du candidat Feno Harison a agréablement surpris une partie de l’assistance. Autre candidat relativement méconnu, Eliace Ralaiarimanana, a également, voulu surfer sur les accrochages verbaux pour tirer son épingle du jeu et envoyer dans les cordes les candidats de l’IRD et du TIM. « Antananarivo ne doit pas devenir un champ de bataille entre deux personnes, entre deux camps », a-t-il décoché. Appliquer la loi Cinq questions principales ont été posées aux cinq candidats à la mairie d’Antananarivo, lors du débat d’hier. Des interventions de chacun, il est ressorti que tous s’accordent sur la nécessité de mettre fin à l’anarchie dans la capitale, en appliquant les lois et règlements. Seulement, outre l’exemplarité des dirigeants de la commune, aucune réponse concrète sur la manière dont ils comptent faire respecter la loi par les Tananariviens n’a été donnée. Le chantier est, pourtant, colossal. Entre marchands de rue, transporteurs, piétons, chauffards, les constructions illicites, les vespasiennes à ciel ouvert et les décharges un peu partout, le futur maire aura fort à faire pour faire rentrer dans les rangs les habitants de la capitale. À tout cela s’ajoute l’incivisme fiscal, la corruption et d’autres malversations plombant les finances de la commune, qu’il faudra remédier.  
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