« Incredible »


Organiser des élections avant 2018 ne figure pas dans le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Celle-ci, si l’on en croit son président, a d’autres priorités pour 2017. Celles de préparer les élections de 2018 de la meilleure des façons.  Et pour cela, indique-t-il, rien de tel que de suivre à la lettre les recommandations des bailleurs de fonds. Comme ces derniers recommandent une amélioration du cadre juridique du processus électoral, la CENI entend s’y mettre. Comme si cela pouvait empêcher son président d’inviter les électeurs à venir voter avec leur carnet de « fokontany » … Les lois et les règlements auront beau être changés, tant que la CENI n’a d’indépendant que le nom, les scrutins ne seront jamais libres ni démocratiques. Si la CENI d’aujourd’hui a pourtant des qualités, l’indépendance n’en fait certainement pas partie. La neutralité et l’impartialité ne figurent certainement pas dans son lexique du parfait organisateur de scrutins destinés à faire gagner le parti au pouvoir. Si l’organisation respectait un tant soit peu ceux qui paient les salaires de ses membres, elle ne serait pas allée prendre partie dans le débat sur l’opportunité d’organiser ou pas des élections avant l’heure. Mais il a fallu que Maître Hery Rakotomanana s’invite dans la polémique et dise que sa CENI ne pouvait pas cautionner ni la transpa­rence ni le caractère libre et démocratique de tout scrutin avant l’échéance initialement prévue. Car il semblerait que la CENI a calqué toutes ses actions sur le calendrier auquel tient Hery Rajaonarimam­pianina. Se croyant fort de l’appui de la communauté internationale qui a toujours exprimé sa réticence par rapport à des scrutins anticipés, le président de la CENI semble avoir clairement dérapé. Ces hommes qui composent la CENI devraient savoir qu’aucune disposition constitutionnelle n’interdit les élections anticipées. La Constitution prévoit, au contraire des cas où le scrutin présidentiel doit absolument être organisé avant l’échéance initiale. En cas « de démission, d’abandon du pouvoir sous quelque forme que ce soit », mais aussi, en cas « de décès, d’empêchement définitif ou de déchéance prononcée, il faut bien que des élections soient organisées dans un délai de 30 à 60 jours suivant la constatation de la vacance ». Si l’un  au moins de ces motifs survenait, quelle crédibilité la CENI de Maître Hery Rakotomanana aura-t-elle alors lorsque viendra le moment d’organiser l’élection dont son président anticipe qu’elle sera imparfaite   Certainement celle qu’il faut accorder à celui qui avait autorisé que les électeurs puissent voter avec leur carnet de fokontany, alors même que la loi avait commencé à interdire le recours à des ordonnances délivrées par le juge … On peut comprendre qu’en tant qu’avocat, Maître Hery Rakoto­manana adore plaider et soutenir des idées. Mais il devrait apprendre que sur certains sujets le silence vaut mille fois plus que l’or. Il exprime même bien plus de choses. S’il lui coûtait, ou s’il craignait qu’il paierait cher, de donner la seule réponse correcte, il aurait mieux fait de se taire. S’il se sentait « incapable » de rassurer les citoyens en disant que « la CENI se tient toujours prête quelle que soit la date du scrutin », il aurait au moins pu préserver son institution en ne disant rien. Le pays s’en serait surtout mieux porté. Lova Rabary Rakotondravony
Plus récente Plus ancienne