Conjoncture - L’étau d’inflation à desserrer


Faut-il craindre une poussée inflationniste pour le dernier trimestre ? Au début du mois d’août, la Banque centrale de Madagascar, BFM, a pris des mesures coercitives pour juguler un éventuel taux d’inflation au- dessus de ce qu’il devrait être. Cela à cause de l’incertitude sur la propagation du coronavirus qui a ralenti l’amorce de la relance des activités économiques au début de l’année. Pour la seconde fois en l’espace de quelques mois, la BFM a décidé de réajuster ses taux de facilités permanentes ou les corridors des taux d’intérêts. Ainsi le taux de facilité de dépôt passe de 1,76%, auparavant 0,90%, à 2,80%. Celui de la facilité marginale a été fixé à 7,20% contre 6,16 lors de la dernière retouche du mois de mai, contre 5,30 antérieurement. Le coefficient de la réserve obligatoire a été maintenu à 11% et celui du dépôt en devises inchangé à 24%. « La BFM reste vigilante par rapport à l’évolution des variables déterminant le niveau des prix sur le marché domestique. Ces dispositifs visent aussi à assurer la stabilité monétaire et offrir un environnement favorable à la croissance économique dans le court terme » explique son comité monétaire. L’Instat, pour sa part, après des constatations minutieuses des variations et fluctuations des Indices des prix à la consommation, IPC, de janvier à juillet, est arrivé à des conclusions plus ou moins inquiétantes. Si l’inflation mensuelle présente une tendance à la hausse jusqu’à la fin de l’année 2021, prévue atteindre les 7,5% en décembre, la moyenne de l’ensemble de l’année devrait se situer à 6,2%. Pour 2022, un taux moyen dépassant la barre des 7% serait à prévoir mais reviendrait à 6% les années suivantes. Ces évolutions sont sous-tendues par une légère augmentation de cours du prix du pétrole sur le marché mondial, autour de 70 dollars le baril, tirée par la reprise effective des activités économiques à l’échelle planétaire». Sur un autre plan, l’Instat prévoit « la poursuite de la croissance économique qui s’amorce en 2022 et 2023. Ce qui induira une augmentation significative des prix sur le marché. L’effet de cette progression de l’économie globale sur ces mêmes prix serait circonscrit en 2023, pour ramener le taux d’inflation moyen à 6% ». Fosstirbation des prix Ces différentes mesures et projections sur ce précieux indicateur macro-économique qu’est le taux d’inflation, en glissement mensuel ou annuel, conduisent à quelque s réflexions objectives. Sans vouloir les remettre en cause. Alors, il est attendu les effets « induits » sur les étals des épiceries de ces « outils » monétaires, souvent réactivés pour endiguer la vague de l’inflation. L’objectif avoué de la loi de finances rectificative est de comprimer en dessous des 6% le taux d’inflation au bout de l’exercice en cours. Mais il apparaît comme une évidence l’existence d’un circuit financier parallèle, prospère, qui échappe à tout contrôle. Insensible de surcroît à toute forme de régulation imposée par la BFM. Aussi, l’efficacité d’un tel recadrage à répétition du secteur financier au profit des ménages reste à prouver. Pour ce qui est du prix du carburant, Jean Baptiste Olivier, directeur général de l’Office malgache des hydrocarbures, OMH, lors d’une conférence de presse, a donné l’impression de vouloir préparer psychologiquement l’opinion publique à une « possible hausse des prix à la pompe ». Il a fait une déclaration tout en subtilité, mais sans équivoque, sur sa finalité. « La mission principale du secteur est d’assurer la continuité de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. Ce qui est généralement le cas depuis 20 ans malgré quelques perturbations ponctuelles. Pour cela, les prix de vente à la pompe devraient couvrir les coûts de revient des produits sur l’ensemble de la chaîne de distribution .Tout en assurant la rentabilité des investissements des pétroliers. En cas de fluctuations des éléments des coûts de revient, les prix à la pompe devraient suivre la même tendance ». La « fossilisation » des prix actuels date de juin 2019. Le Fonds monétaire international, FMI, dans son communiqué du 12 février, avant le feu vert de son Conseil d’administration pour l’octroi des 312 millions de dollars au titre de la Facilité élargie de crédit, FEC, a abondé dans le même sens. L’application de la vérité des prix du carburant, formulée d’une manière détournée. « Les autorités maintiendront également les prix du carburant à un niveau conforme avec les coûts du marché, afin d'éviter l'accumulation de nouveaux passifs envers les distributeurs » souligne la lettre signée par Charalambos Tsangarides, chef de mission du FMI pour Madagascar. Les dettes en question, déjà apurées, se chiffraient au bas mot à 172 milliards d’ariary. Un taux d’inflation élevé, enrobé par quelques notes de satisfaction, serait le pire des cadeaux de fêtes de fin d’année à offrir aux Malgaches. Une période propice à tous les excès.
Plus récente Plus ancienne