Réception du 14 Juillet - Le dossier Ukraine remis sur le tapis


La qualité des relations séculaires entre Madagascar et la France a été louée par l’ambassadeur Bouchard, hier. Il a, toutefois, démarré son discours en mettant en avant un sujet délicat dans les relations internationales de Madagascar, celui de la guerre en Ukraine. Opiniâtre. La France ne compte pas lâcher l’affaire s’agissant de la position de Madagascar face à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qui ressort du discours de Christophe Bouchard, ambassadeur français, durant la réception du 14 juillet, à sa résidence, à Ivandry, hier. Le sujet a été soulevé d’entrée par le diplomate. Une manière, visiblement, de souligner l’importance de ce dossier “dans le partenariat politique”, entre l’Hexagone et Madagascar. Il l’a même élargi à la relation politique entre la Grande île et l’Union européenne (UE). L’ambassadeur a mis l’accent sur le caractère «universel et actuel», du message du 14 juillet 1789, qu’est «celui de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, celui des droits de l’homme, celui du combat permanent pour la dignité des femmes et des hommes». En soulignant ces valeurs mises en avant par la fête nationale française, Christophe Bouchard justifie pourquoi il attaque d’emblée son allocution par la guerre en Ukraine. Mais aussi, pourquoi la France, dont il porte la voix, insiste à amener Madagascar à changer sa posture face à ce dossier. «Nous n’avons cessé et nous ne cesserons de déployer tous les efforts pour soutenir l’Ukraine, pour parvenir à la fin des combats et à une paix juste et durable (...) nous souhaitons aussi poursuivre le dialogue partout dans le monde et ici à Madagascar», déclare-t-il alors. Le diplomate assure, toutefois, que cette démarche pour faire évoluer la position malgache au sujet de la guerre entre l’Ukraine et la Russie se fait «dans le respect de l’opinion et de la souveraineté de chacun, bien sûr, mais aussi avec conviction». Il soutient, en effet, que pour la France, «nous ne pouvons pas être neutre entre celui qui envahit et celui qui est envahi, entre celui qui bombarde et ceux qui meurent sous les bombes». Sur sa lancée, il ajoute, «notre ambition d’un vrai partenariat politique entre la France, l’Union européenne et Madagascar doit nous guider en ce sens». En début mars, Madagascar a affirmé sa neutralité sur le conflit dans l’Est de l’Europe. Une neutralité confirmée devant les Nations Unies. «Une démarche conjointe», formulée par ses principaux partenaires internationaux, fin février, soit quelques jours après ce qu’ils qualifient d’invasion russe en Ukraine, n’a pas fait changer d’avis la Grande île. Toujours d’actualité La délégation de l’Union européenne, la France, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la République de Corée, la Norvège et la Turquie sont les signataires de la démarche conjointe de février. Un acte remis à Patrick Rajoelina, ministre des Affaires étrangères de l’époque. Sans ambages, ils ont demandé à Madagascar de condamner publiquement l’incursion armée russe en Ukraine. Suite à la neutralité affirmée par la Grande île, la délégation de l’UE a fait part de sa «déception». Accusant le coup, Giovanni Di Girolamo, ambassadeur de l’UE, a déclaré durant une conférence de presse, le 9 mars, «nous sommes un peu déçus, mais nous continuons à travailler. (...) On travaille normalement». Une manière de dire que la décision de Madagascar de rester neutre face au conflit en Ukraine n’affecte pas la coopération avec l’Europe et ses membres. Effectivement, cet épisode n’a vraisemblablement pas eu d’effet sur les relations internationales de la Grande île, notamment, vis-à-vis des européens. Bien qu’il ait rassuré que l’Europe n’a pas changé sa façon de travailler à Madagascar, l’ambassadeur Di Girolamo a ajouté, «nous avons aussi le devoir de vous expliquer notre point de vue, qui est aussi celui de cent quarante pays et non pas juste celui de l’Union européenne». Une posture réitérée par Christophe Bouchard hier donc. Tenant un discours au nom du gouvernement, durant la réception à la résidence de France, à Ivandry, hier, Richard Randriamandrato, ministre des Affaires étrangères, n’a pas répliqué aux mots soulignés d’entrée de l’allocution de son hôte. Après les effervescences diplomatiques depuis la fin du mois de février, jusqu’au début du mois d’avril, la question de la guerre en Ukraine s’est tassée dans les débats publics à Madagascar. Comme affirmé, hier, les relations avec ses partenaires internationaux suit son cours normal, du moins, vu de l’extérieur. À s’en tenir au discours de l’ambassadeur de France, hier, le sujet est toujours d’actualité en coulisses. D’autant plus que, comme dans le reste du monde, le conflit impacte le quotidien des ménages malgaches avec ses conséquences désastreuses sur le coût de la vie.
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