Îles éparses - Discours incisif de Tehindrazanarivelo


Le dossier îles éparses est devenu un incontournable dans les relations franco-malgaches. À l’occasion du 14 juillet, hier, le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé la revendication de « ses » terres. Cash. Le docteur Djacoba Tehindraza­narivelo, ministre des Affaires étrangères, n’y est pas allé avec le dos de cuiller. À l’occasion de la célébration de la fête nationale française, à la résidence de France, à Ivandry, le chef de la diplomatie a soulevé, sans détour, la question de la rétrocession des îles éparses. « C’est en vue de notre liberté totale, du parachèvement du processus de notre indépendance, que nous sommes entrées en concertation avec la France depuis 2019 sur la question des îles Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India », déclare le ministre Tehindrazanarivelo. Il ajoute que « cette question a été pendant longtemps, et reste à l'heure actuelle, l’un des obstacles majeurs à des relations complètement apaisées entre nos deux pays ». Dans une allocution de près de cinq minutes, le membre du gouvernement est allé droit au but. Sans fioriture, il a concentré son discours sur le dossier îles éparses tout en glissant des punchlines diplomatiques. Le docteur Tehindrazana­rivelo n’a pas omis d'évoquer les relations historiques d'amitié et de coopération, entre Madagascar et la France. Il met, toutefois, un bémol, « ces relations ne seront préservées et ne pourront se développer qu’au prix d’efforts mutuellement fournis, fondés sur une relation d'égalité et de respect mutuel. » Sur sa lancée, le chef de la diplomatie malgache souligne que « Madagascar­ attache la plus grande importance », aux principes d'égalité et de respect mutuel. Il assène, au passage, « nous sommes convaincus que la France, pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, partage pleinement avec nous ». À entendre la conclusion de l’allocution du ministre des Affaires étrangères, les relations entre Madagascar et la France ne seront pas « définitivement apaisées », tant que le dossier îles éparses ne sera pas résolu. Avant lui, Christophe Bouchard, ambassadeur de France, dans un discours de près de quinze minutes, n’a accordé que trois couplets cette question épineuse dans les relations bilatérales des deux pays. Réponse cinglante L’ambassadeur Bouchard s’est appliqué à mettre l’accent sur les points forts de la coopération entre Mada­gascar et la France. Dans une volonté d'atténuer le poids du sujet, il a préféré le terme « îles du Canal du Mozambique », à celui d’îles éparses. Le diplomate ne pouvait, toutefois, pas faire l’impasse sur la question. D’autant plus qu’il affirme que le président Emmanuel Macron souhaite « consolider les relations politiques », entre les deux pays. Christophe Bouchard ajoute alors que son pays partage la volonté de reprendre au plus vite les discussions engagées depuis mai 2019. « Nous souhaitons que la Commission mixte nous permette dans un esprit constructif, dans l'intérêt de nos deux pays, de lancer des coopérations mutuellement bénéfiques dans des domaines comme la biodiversité, la pêche durable et la sécurité maritime », soutient le diplomate. La reprise des discussions sur les îles éparses a été décidée durant une rencontre entre Andry Rajoelina, président de la République, et son homologue français, à Paris, en mai 2019. Ils se sont convenus que les négociations se feront au sein d’une Commission mixte. Après une première réunion de cette entité, à Andafia­varatra, le 18 novembre de la même, il n’y a plus eu de suite concrète aux échanges. La pandémie de la Covid-19, qui a paralysé le monde en 2020, y est, probablement, pour quelque chose. Alors que les deux pays sont en pleine phase de négociation sur la rétrocession des îles éparses, la France a, cependant, entamé un processus parallèle. Celui d'ériger l'archipel des Glorieuses en réserve naturelle nationale. Une intention affirmée par Emmanuel Macron durant son escapade sur la grande Glorieuse, en octobre 2019, tout en soutenant qu’il s’agit « d’un territoire français ». Le décret y afférent a été pris, en juin. Les épisodes allant d’octobre 2019, jusqu'à l'adoption du décret de juin, ne passent pas du côté de l’Etat malgache. Il l’a fait savoir dans un communiqué cinglant publié par le ministère des Affaires étrangères, le 2 juillet. La missive qualifie l’initiative française « de démarche arbitraire (...) en désaccord au communiqué conjoint issu de la première session de la Commission mixte, le 18 novembre 2019 ». Le discours du ministre Tehindrazanarivelo, a la résidence de France, hier, est dans le ton du communiqué publié le 2 juillet. En réponse à l'ambassadeur Bouchard, il déclare, « Madagascar réitère sa disposition à poursuivre les discussions avec la partie française sur cette question et à contribuer à développer notre coopération bilatérale dans tous les domaines qui servent nos intérêts communs ».
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