Loi des hors-la-loi


Devra-t-on ôter le mot liberté de la devise de la République ?  Si Rajoelina a introduit le mot «amour», Rajaonarimampianina peut très bien enlever le mot «liberté» rien que pour le narguer . Il y a lieu d'y penser sérieusement après ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale. Dix-huit députés sur vingt et un présents et sur les cent cinquante et un que compte le Parlement ont eu l'insolence de voter le code de communication à la Staline et objet de  toutes les récriminations . La minorité a donc fait sa loi, au propre comme au figuré, pour satisfaire les caprices du Président. En principe, une loi votée dans ces conditions devrait être rejetée. Comment peut-on l'imposer à 22 millions de personnes alors que 88 % des députés ne l'ont pas admise   Elle ne devrait avoir aucune légitimité. On ne vote pas une loi pour assouvir la mégalomanie d'une seule personne. Hélas, l'Assemblée nationale a toujours servi de caution à une démocratie de façade depuis au moins quarante ans. Elle n'a jamais su se décrotter de l'étiquette de chambre croupion que Ratsiraka lui a collée aux fesses durant la période noire socialiste. À se demander si elle est d'une quelconque utilité pour un réel développement d'autant que sa composition laisse à désirer d'un mandat à l'autre. Quand des trafiquants notoires , des délinquants fiscaux, des voleurs de bœufs arrivent à y siéger sans être inquiétés, on ne peut que confectionner des lois des hors-la-loi . Quand les lois sont votées sans la moindre réflexion, à la va vite, au mieux avec de simulacres de débats pour faire monter les enchères, il n'y a pas de doute qu'elles créent plus de problèmes qu'elles n'en résolvent. Ce code est un véritable fossoyeur des libertés. On a certes supprimé la peine de prison pour les délits de presse mais cela ne sert à rien quand on n'a aucune possibilité de commettre des délits. Eh oui, ce code boucle le caquet de ceux qui ont le verbe haut, de ceux qui ont la plume acérée, de ceux qui ont les yeux revolver avec rétroviseur, de ceux qui ont l'oreille d'une oie, de ceux qui ont le flair d'un chien berger , de ceux qui ont l'intelligence d'un dauphin . Le Sénat et l'Assemblée nationale n'ont pas reculé et ont persisté dans la mauvaise voie malgré les condamnations de toutes parts entre les sessions ordinaire et extraordinaire. Ils ont eu le temps de réfléchir et de revoir leur copie même si on sait que la volonté présidentielle est un ordre. Ils auraient pu montrer leur personnalité en empêchant l'erreur de se transformer en bêtise. Le Président semble avoir réalisé sa méprise et a mis de l'eau dans son vin en affirmant que si les concertations n'avaient pas suffi, on pourrait y revenir. Mais entre cette déclaration et le vote irréfléchi à Tsimbazaza, c'est le jour et la nuit . L'histoire retiendra les noms de ces dix-huit députés fossoyeurs de liberté. Lorsque la manivelle se retournera, on leur rappellera leur «exploit». La Haute Cour Constitutionnelle sera le dernier rempart pour que la Président ne se proclame empe ...Hery. Jusqu'ici, la HCC est la seule institution à avoir osé contrecarrer les projets du HVM en déclarant anti-constitutionnelle la réforme de la mairie de Tana. Comme le président de la HCC est une ancienne grande plume, on ne lui apprend pas ce qu'il a à faire dans cette histoire. Au contraire des députés et des sénateurs, il sait lire et écrire.
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