Ces Palais de bois qui n'existent plus


«À Ambohi­manga, je règne; à Anta­nanarivo, je conquiers; à Ambohipo, je réside. » C'est ainsi qu'Andrianam­poinimerina définit la place qu'occupent ses palais dans son cœur. Quand l'œuvre de réunification de l'Imerina est accomplie, le grand conquérant pense à asseoir sa souveraineté sur les terres des roitelets qu'il vient de vaincre, tout en protégeant Antananarivo contre d'éventuelles attaques venant des terres lointaines de la Côte. Il fait alors construire Rova et Lapa sur les Douze collines, symboles de l'Imerina, par les populations de ces anciens fiefs. Quant à la construction des palais d'Ambohimanga et d'Antananarivo, elle nécessite la participation de tout l'Imerina. Du reste, seules les familles royales résidant dans ces deux Rova reçoivent le tribut sacré du « volavita », bœuf marqué de taches blanches au front, au dos, à la queue et aux jambes, qu'offrent au souverain ses sujets. En outre, la plupart de ces Douze collines ne sont pas établies en seigneurie même si Andria­nampoinimerina y installe femmes et enfants, mais le gouvernement vient directement de lui, car le pouvoir n'est pas affaire d'enfant, « tsy an-jaza ny fanjakana». Dans les provinces périphériques de l'Imerina déjà pacifiées, seuls Andriantsoba, seigneur du Vonizongo, Andriantsileondrafy du Vakinankaratra, Ralai­nanahary de Kaloy et Andria­mary du Vakinambifotsy ont  droit à la « Tranomanara », petite case en bois élevée sur le tombeau de certaines castes nobles. On l'appelle « maison froide » parce qu'on n'y allume jamais le feu. Toutefois, après concertation avec son peuple, Andrianam­poinimerina en installe une sur la tombe de Rangorivahiny, épouse hova de son grand-père Andriam­belomasina. Tombe qu'il fait ériger au sud d'Ambohimanga. Après les Douze collines, le roi fait bâtir d'autres palais pour lui, évidemment, et pour son fils préféré Laidama. Pour sa propre personne, il ordonne la construction de deux palais appelés Soavimasoandro  entre le pays des Antehiroka et celui des Tsimiamboholahy, et Ambohipo­(nimerina). Ce sont des palais de villégiature élevés dans des cadres apaisants. Soavimasoandro, le palais béni par le soleil est érigé sur un ilot entouré de marais. Sont nommés à sa garde, Belahasa et Rabehoraisina. À Ambohipo, il fait construire au milieu de bosquets, un autre palais de détente, sorte de pavillon de chasse qu'il nomme Miandrivola. En tant que souverain, c'est là qu'il attend l'arrivée de tous les impôts, taxes... provenant des quatre coins de son royaume. Trois hommes sont préposés à sa garde et à son entretien: Rahaingo, Ralaifidy et Randriankoto. À Laidama, il offre deux palais. Après avoir déplacé les habitants des lieux, les Tsimilefa, il ordonne qu'on élève près du lac de Mandroseza une construction qu'il dénomme lui-même  Mahazoarivo. Car, précise-t-il, « à Laidama les mille, à lui le trône ». Et, dit-on, chaque fois qu'il y vient, le jeune prince amène toujours deux fanions, Mahazotany puisqu'à lui est la terre et Mahazo­vola car à lui est l'argent. Quand le barbu (son frère Ramavolahy) voit ce palais, il demande à son père la permission de bâtir lui aussi une maison non loin de Mahazoarivo, à Ankadiaivo. Il la baptise Ivanja (poudre). C'est là qu'il réunit ses partisans, les mécontents du régime. Tout à côté de Mahazoarivo, sur un terrain offert par les Mainty et les gardes du Palais royal situé à Ambatomena, un autre pavillon est bâti toujours pour Laidama: Tsiazompaniry qu'aucune personne qui le convoite, ne peut obtenir. Plus tard, quand il accède au trône, Radama agrandit les deux pavillons pour qu'ils n'en fassent plus qu'un. Une nuit malheureusement, alors qu'il s'y trouve endormi, l'ensemble prend feu. Affolement général: le roi est introuvable. Mort  Vivant  On l'appelle. Il faut un certain temps pour qu'on l'entende héler de loin, sur l'autre rive du lac qu'il a traversé à la nage pour plus de précaution. Car l'étage lui a servi d'armurerie où il a gardé armes, munitions, barils de poudre... Dans tous les cas, de tous ces Palais de bois, rares sont ceux qui sont restés debout et qui ont résisté aux vicissitudes des années, du temps, aux actes des criminels, grâce à des entretiens, des réparations, des restaurations. Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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