Rapport de force, exit la loi


Encore une fois, à partir d’une décision inconstitutionnelle d’une HCC, cette fois-ci : i) une condamnation sans frais d’un président de la République (qui obéit davantage à la stabilité politique qu’à la Constitution) ; ii) un renversement d’un gouvernement qui s’apparente à un coup d’État (mais qui satisfait tout le monde) ; iii) une prescription à un retour à un Avis qu’elle a elle-même contredit à propos de la source d’un gouvernement ou un Accord politique ; iv) une paralysie d’une Assemblée nationale qui ne peut plus adresser une motion de censure et à un président qui ne peut plus la dissoudre ; v) une HCC qui peut, seule, apprécier le travail d’un Premier ministre, etc., il ne reste plus au pays que le rapport de force, la loi ayant été ignorée. Et les citoyens qui font les forces vives de la nation se plient tous comme en 2002, en 2009, en 2011 et en 2014 car les décisions de la HCC ne sont pas susceptibles de recours… Oui, car le Mapar s’est d’abord senti victorieux en croyant pouvoir nommer le Premier ministre à sa guise, pour ensuite être estomaqué de l’identité du PM et pour enfin l’endosser (quoique le débat au sein de ce parti ne soit pas fini). L’hypocrisie règne : - les députés Mapar rassurent leurs partisans en prenant Christian Ntsay comme étant des leurs, c'est-à-dire, essaient d’expliquer qu’il n’a pas été nommé grâce à un Accord politique mais bien en vertu de ce que les députés ont promis à savoir que « tout émanerait des députés et non d’autres politi­ciens » et de l’art 54 de la Constitution. Remarquons que Marc Ravalomanana avait déclaré à Mahajanga n’être pour rien dans les manifestations du 13 mai en expliquant que c’est l’affaire des députés… ; - le Premier ministre Christian Ntsay remercie Andry Rajoelina de l’avoir proposé pour rassurer qu’il vient bel et bien du Mapar et non du Président ou de la Communauté internationale, mais du coup, selon lui, il ne vient pas des députés… - le président coupable mais maintenu parle d’un accord politique pour bien dire à ses partisans que le Premier ministre n’a pas été imposé par le Mapar et qu’il a toujours son mot à dire… - et les ministres ne sortent pas de la prescription de la HCC sur la clé de répartition donc il y a bien eu accord politique et non article 54. En tous les cas, la clé de répartition et les députés du changement n’auraient jamais amené à autant de redoublants. Mais on s’y fait tous, ayant accepté la décision de la HCC, ils sont réduits maintenant à se battre contre la tête de tel ou tel ministre ou le premier d’entre eux sans l’aide des ministres Mapar et Tim. Il s’agit des syndicats, des 13 mai-iste enfin conscients des choses. Qui va gagner ? Le président de la République (ou le futur chef d’État par intérim) ou la rue qui veut faire tomber quelques têtes ? Les cinq autres provinces ont-elles des solutions ? Christian Ntsay sera-t-il le Razanamasy ou Beriziky de 2018 ? C'est-à-dire celui qui tiendra des élections de sortie superficielle de crise, certes obligatoire. Mais on le paiera une fois qu’une des parties aura perdu (sauf si elle comprend qu’elle doit se conformer au statut de l’opposition et non descendre à tous les coups dans la rue pour intégrer aussitôt le gouvernement et cesser d’être opposant. D’ailleurs, il n’y a donc plus d’opposant puisqu’ils sont tous au gouvernement de consen­sus. Sans oublier les plaies malheureuses de la République qui ne sont toujours pas cicatrisées. Et ainsi de suite ? Aujourd’hui, il n’y a aucune visibilité, c’est la force, encore une fois, qui parle. Et, il n’y a pas d’autres solutions ni recours… Dommage. par Toavina Ralambomahay, auteur de « La loi sur l’opposition : un mal nécessaire ». L’harmattan.
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