Maiprise


Le collectif des candidats va tenter d’occuper la place du 13 mai cette semaine. Une étape logique pour le mouvement de revendications des onze candidats par rapport à l’élection présidentielle du 16 novembre.  Après avoir parcouru les périphéries de la ville depuis un mois sans que l’État lui cède un pouce de terrain, il fallait trouver de quoi maintenir la pression et durcir le mouvement. C’est d’autant plus manifeste que la date du scrutin approche et que trois candidats font campagne. De deux choses l’une, soit le gouvernement accepte de négocier autour d’une table comme le réclament plusieurs voix pour éviter le pire, soit il choisit de faire la sourde oreille et va à l’élection coûte que coûte. Pour le moment, c’est plutôt la deuxième option qui est plausible. La campagne du candidat Andry Rajoelina le conforte à ne pas faire des concessions. Avec l’affluence à chaque meeting, ses partisans sont de plus en plus convaincus d’une victoire au quart de tour. Le collectif des candidats joue ainsi banco. Admettons qu’on le laisse et qu’il réussit à squatter la place du 13 mai, qu’est-ce que cela pourrait bien changer ? Est-ce un atout déterminant dans le rapport de force? On ne voit pas comment un accès à la place du 13 mai pourrait changer la donne. Certes, toutes les crises politiques ont démarré sur cette place devenue symbolique depuis le soulèvement populaire de 1972, mais cela ne suffit pas pour faire fléchir un pouvoir. Justement en 1972, le mouvement s’est durci après le massacre des manifestants par les FRS. En 1991, la concession était inéluctable après la boucherie d’Iavoloha. En 2002, le pouvoir a cédé après la capitulation des milices de Ratsiraka. En 2009, le pouvoir s’est rendu après avoir été lâché par l’armée. En 2018, le pouvoir a été contraint par l’armée aux négociations. Qu’est-ce qu’on peut bien chercher cette fois dans la conquête de la place du 13 mai? L’accès à cet endroit mythique risque d’abord d’être davantage compliqué avec la nomination du général Richard Ravalomanana à la tête de l’État pour assurer l’intérim du pouvoir. Chargé justement de la défense et de la sécurité, il a annoncé la couleur lors de sa nomination à la tête du Sénat. L’ancien patron des gendarmes n’a pas l’habitude de faire dans la demi-mesure. La riposte des Forces de sécurité risque ainsi d’être davantage musclée. Des affrontements sont ainsi à craindre entre des manifestants qui jouent leur dernière carte et des Forces de sécurité déterminées à mâter toute forme de provocation. Ceci dit, il faut reconnaître qu’il y a deux tendances antagonistes actuellement. Il ne faut pas miser sur l’affluence dans les meetings pour ignorer une voix contestataire et se dire que tout va dans le meilleur des mondes. C’est normal s’il y a une opposition sociale et politique dans la conjoncture actuelle. Comment peut-il en être autrement quand l’eau et l’électricité sont coupées en pleine campagne électorale. Si ce n’est du…sabotage, cela y ressemble. La meilleure campagne c’est d’y apporter des solutions.
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