Législatives - Un fort taux d’abstention à l’horizon


Les élections législatives font, visiblement, face à un désintérêt des électeurs. Un constat frappant, particulièrement, en zone urbaine. Tiède. Dans la plupart des circonscriptions électorales, particu­liè­rement celles en zone urbaine, la campagne électorale pour les élections législatives ne semble pas connaître un engouement populaire. Au regard de la conjoncture, le taux d’abstention pourrait atteindre un chiffre record. La campagne électorale pour le scrutin du 27 mai, a démarré depuis plus d’une semaine. Les exercices de micro trottoir réalisés par des radios et télévisions tendent à montrer un désintérêt des électeurs. La majorité des personnes interrogées ne savent même pas la date du scrutin. D’autres reconnaissent sans ambages ne pas connaitre les candidats en lice dans leur circonscription. Il s’agit, pourtant, d’habitants de la capitale, censés avoir un large accès aux informations. Les carnavals, les marches et les meetings de quartier organisés par les candidats et leur comité de soutien, depuis le début de la propagande, n’amassent pas foule, même le week-end. « Je pars le matin pour aller travailler et ne rentre que le soir, c’est la raison pour laquelle je ne connais rien de la campagne électorale dans mon district, ni même l’identité des candidats », déclare un résident de Soavima­soandro, sis dans le district d’Antananarivo V. Le fait qu’Antananarivo, soit divisée en six circonscriptions électorales pourrait rendre l’échiquier illisible pour le citoyen lambda. À entendre certaines discussions de rue, pourtant, il pourrait s’agir d’un réel désintérêt. « J’estime avoir fait mon devoir en élisant le président de la République. Pour les législatives, ce ne sont plus mes affaires, je n’y vois aucun intérêt », une phrase d’une vendeuse ambulante d’Ana­lakely, en plein débat avec ses collègues, le week-end dernier. Mauvaise réputation La députation étant une élection de proximité, il pourrait être logique que les électeurs démontrent plus d’enthousiasme dans les districts ruraux, où il y a moins d’écart entre la classe politique et la population. La ville de Toliara fait, toutefois, officie d’exception. La bataille électorale bat son plein dans la capitale de la région Sud-Ouest. « Il est aisée de rassembler une foule durant un meeting, à Toliara, particulièrement, lorsqu’on est un candidat jouissant d’une relative popularité. Cela ne garantit cependant pas un même engouement le jour du vote. Il faudra, toujours, tenir compte du taux d’abstention », explique, toutefois, un habitant de Toliara. Les localités urbaines concentrent le plus grand nombre d’habitant et d’électeurs. Un faible taux de participation dans ces districts plombera la moyenne nationale. Plusieurs députés risquent, surtout, d’être mal élus. Ils seront, pourtant, amenés à être les porte-voix d’une grande partie de la population. Outre la forme de la campagne, ce désintérêt pourrait découler des dérives et frasques ayant entaché l’image des députés durant la dernière législature, notamment. « Ils ne font que profiter des avantages et indemnités et en plus ils ne font que défendre leur propres intérêts », peut-on lire sur les réseaux sociaux. À force de marchandage, de flagornerie et de quémandage, les députés ont donné l’image d’une Assemblée nationale corrompue, ne décidant et n’agissant qu’au gré des intérêts, surtout, financiers. Des élus ont, également, abusé de leur statut dans leur districts, tandis que d’autres les ont délaissé. « Elle a été absente durant cinq ans et maintenant qu’elle est en campagne, elle réaparait dans notre quartier comme si de rien n’était », une phrase entendue durant une descente d’un candidat du côté d’Andavamanba. « Incompétente, corrompue et vénale », sont des qualificatifs imputés à la Chambre basse durant la dernière législature. Les discours servis par la majorité des candidats, durant cette campagne douchent, pourtant, le peu d’optimisme de l’opinion publique. Certains insistent sur des domaines qui relèvent de la compétence de l’Exécutif et font miroiter monts et merveilles. D’autres semblent indiquer qu’une fois à l’Assemblée nationale, ils seront surtout les défenseurs du pouvoir ou l’artillerie politique d’un candidat malheureux à la présidentielle, au lieu de défendre l’intérêt général.
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