« Énergie pour tous » Mais qu’est-ce qu’on attend alors?


Parmi les objectifs devant contribuer à l’Émergence de Mada­gascar figure, au titre d’une vision de l’accès à l’énergie pour tous en lien avec les efforts planétaires de l’ODD 7, « atteindre un taux d’accès à l’électricité de minimum 50% de la population d’ici 2023». Le dernier recensement statistique confirme une population majoritairement rurale à Madagascar, à raison de 80%. Sans que l’on ait besoin de faire un effort intellectuel intense, on pourrait ainsi s’attendre à ce que des efforts conséquents soient mis en œuvre pour faire remonter signifi­cativement le taux d’électrification rurale dans le pays, qui tournerait depuis plusieurs années autour de 5%. Pourtant, rien n’indique que c’est le cas. Les grands projets en énergies renouvelables visant principalement l’alimentation du réseau électrique et par conséquent les zones urbaines sont régulièrement mis en lumière, de même que les efforts pour mettre fin aux déboires de la Jirama qui alimente essentiellement les zones urbaines. Sans remettre en cause la pertinence de ces efforts louables qu’il faut poursuivre et sur lesquels il faut persister vu le temps que cela prend, la question reste et demeure: quand-est ce que la majorité de la population, vivant en milieu rural, bénéficiera des bienfaits de l’électricité, et tant qu’à faire vu les retards pris, d’électricité provenant d’une production par énergie renouvelable? Qu’est-ce qu’on attend au juste? Est-ce qu’on table sur l’hypothèse théorique d’un urbain satisfait entraînant de soi le développement de l’électricité en milieu rural? Les explications qui sont données sont « business », « retour financier sur investissement», « intérêts priori­taires », « enjeux politiques des villes »… Bref, « ce n’est pas important »! Si ça l’était, on n’en serait pas encore là, après plusieurs années, à attendre l’adoption du décret permettant d’opérationnaliser le Fonds National Énergie Durable destiné à soutenir l’électrification rurale. Si ça l’était, on verrait se concrétiser des appuis financiers significatifs de l’État et de ses partenaires pour des programmes de type Barefoot College, avec un fort relent social et aux « retours en termes d’impacts sur investissement » plus qu’intéressants. Si ça l’était, on n’en serait pas encore à des saupoudrages de distributions gratuites de kits solaires sans savoir si ça va encore fonctionner demain et si le bénéficiaire, en difficulté économique, n’a pas préféré le revendre. Certes, œuvrer pour l’électrification rurale présente des défis multiples ne serait-ce que liés à la dispersion géographique, au pouvoir d’achat faible comparative­ment aux villes, … est-ce une raison suffisante pour considérer les 80% comme « peu importants » alors que de nombreuses solutions hors réseaux existent et ne demandent qu’à être renforcées, appuyées et mises à l’échelle? Citoyens du monde urbain, on vous entend: « Ny eo aza tsy ampy …». Auquel un ferveur promo­teur de l’efficacité énergétique répon­drait: « Mila miharitra kely, sady mila mahay mitsitsy izay misy». Ce qui est bien gentil, mais là également, il serait opportun de faciliter et promouvoir effectivement les écono­mies dans la consommation d’électricité au niveau de tout un chacun, que l’on soit un ménage, une entre­prise ou une administration publique. Qu’est-ce qu’on attend également à ce sujet, sachant que c’est du gagnant-gagnant compte tenu des économies financières pour le consommateur notamment ? Les mesures à mettre en œuvre sont connues, ne serait-ce que par rapport à l’éclairage. Pourquoi est-ce qu’on ne les adopte pas? De quoi a-t-on peur, de perdre son business de lampes énergétivores? Pourquoi est-ce que se reconvertir vers quelque chose de mieux pour tout le monde et surtout pour les générations futures ne serait pas intéressant? « Et la lumière fut », pour tout le monde et pour longtemps…
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