Violences basées sur le genre – Mialy Rajoelina en croisade


La première dame devient ambassadrice du FNUAP pour la lutte contre les violences basées sur le genre. Le phénomène déclenche des débats houleux. Une obligation. Des mots qui ont été dits par Constat-Serge Bounda, représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Dans son allocution durant la réception marquant le cinquantenaire du FNUAP, vendredi, au Carlton, Anosy, il a souligné le fait que près de la moitié des femmes sont toujours victimes des violences basées sur le genre. « Lutter pour la promotion de la femme et contre la violence faite aux femmes ne saurait être qu’une option. Il s’agit d’une obligation, un devoir, une priorité dans un contexte ou plus de 41% de femmes sont victimes de violences basées sur le genre », a déclaré le représentant du FNUAP. Un fait vécu par une grande partie des femmes malgaches, souligne Mialy Rajoelina, première dame. « Concrètement à Mada­gascar, presqu’un tiers des femmes sont victimes d’agression sexuelle dès l’âge de 13 ans. Plus de la moitié des femmes subissent des violences physiques dès l’âge de 15 ans. De même, plus de la moitié des femmes au-delà de 18 ans, sont victimes de violences physiques sexuelles et émotionnelles. Il s’avère malheu­reusement, que la plupart du temps, les agresseurs ne sont autres que leurs proches », est le constat dressé par la première dame. Il y a, également, le mariage précoce. Accompagnée de son époux, Andry Rajoelina, président de la République, Mialy Rajoelina a été désignée ambassadrice du FNUAP pour la lutte contre les violences basées sur le genre. Un choix motivé par les « actions concrètes dans le domaine du développement durable, la santé, l’éducation et l’insertion des filles et des femmes », menées par la première dame, dans le cadre de son association « FITIA », affirme Constat-Serge Bounda. Fait de société « Je suis prêt à combattre les violences perpétrées envers les femmes (…) Je me tiens face à vous aujourd’hui, pour formuler mon engagement solennel, à défendre les femmes et les enfants, leurs droits, leur liberté, leur bonheur », soutient Mialy Rajoelina. La nouvelle ambassadrice du FNUAP aura, toutefois, fort à faire. Elle concède dans son allocution que « la violence est répandue, vulgarisée, parfois même excusée (...) Il est inquiétant de constater que les agressions physiques que l’homme fait subir à la femme soient devenues un fait de société pratique normal ». Une publication récente du ministère de l’Education nationale, sur sa page Facebook, la semaine dernière, démontre que le combat contre les violences basées sur le genre est encore, loin d’être gagné. La publication, supprimée plus tard, demande aux parents, aux jeunes filles et aux femmes d’avoir « des tenues vestimentaires decentes », pour ne pas inciter les envies malsaines des hommes. Ce qui a déchaîné les passions et même créé un mouvement « ma jupe, mon droit », sur les réseaux sociaux. Des responsables étatiques s’en tiennent à la forme du mouvement de dénonciation pour émettre leur avis. Sous couvert « des valeurs traditionnelles », des responsables et juristes, tiennent des propos tendant à atténuer un délit pénal qu’est la violence, notamment, sexuelle. Ceci sans tenir compte des libertés individuelles et du fait que « le code vestimentaire relève de la sphère privée ». Les différents arguments soulevés lors du débat autour de la publication faite par le ministère de l’Education nationale, indiquent que la tâche ne sera pas facile pour la nouvelle ambassadrice du FNUAP. Elle-même indique, qu’aujourd’hui encore, « les femmes violentées n’ont jamais tenté de dénoncer leurs agresseurs ni de chercher de l’assistance, tellement elles sont terrorisées par les éventuelles représailles ».
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