Général Fidy - « Le Président a besoin de sages à ses côtés »


Au détour d’une rencontre des anciens de la marine nationale, samedi, l’Express de Madagascar a rencontré le Général Andrianafidisoa, alias Fidy, retraité de l’Armée malgache. L’ancien partisan de Marc Ravalomanana, qui a, désormais, intégré les rangs des alliés de la couleur orange, est sorti de son silence. Il a livré au journal une interview sans langue de bois où transparaît une rancune tenace et sans fard envers l’ancien président. [caption id="attachment_78952" align="alignleft" width="300"] Si « Marc Ravalomanana
ne m’a pas trahi, il n’aurait pas été renversé »[/caption] Vous vous êtes fait discret ces derniers temps, vous êtes vous retiré de la politique ? Je prépare ma licence en pilotage de drone, comme celle présentée au Centre de Conférence Internationale Ivato pendant la propagande. J’ai la passion de la chose politique. Mais celle-ci m’oblige à mentir alors que ce n’est pas ma philosophie. Je ne m’interdis pas d’observer les réalités politiques mais je m’exprime quand il le faut. Avez-vous un avis sur le nouveau régime ? J’ai soutenu indéfectiblement le candidat Andry Rajoelina à la présidentielle. À Ambatondrazaka, ma ville d’origine, j’ai tout fait pour le faire élire. À l’Est de la région Antsihanaka, nous avons largement battu le candidat Marc Ravalomanana, de quinze à trente voix de différence. C’est ma fierté. À Vohidiala, le candidat du parti Tiako i Madagasikara a été vaincu. J’ai fait beaucoup de choses à Antsihanaka. Parce que la majorité de la population dépend du secteur agricole dans cette région, les électeurs s’attendaient à ce que le candidat du TIM apporte un changement après l’élection. Nous connaissons les résultats : Ravalomanana a été écrasé au second tour à la présidentielle. Andry Rajoelina tient-il les promesses qu’il a faites durant la campagne présidentielle ? Franchement, je pense que notre Président a besoin d’hommes sages à ses côtés pour lui prêter main forte dans ses prises de décision. Parfois, je constate une certaine incohérence dans la mise en œuvre de son programme. Mais, tout n’est pas facile. Et qu’avez-vous à dire sur le fonctionnement du gouvernement ? À mon avis, le budget alloué à chaque ministère est insuffisant. Il faut attendre l’adoption de la loi des finances rectificative. La conséquence de ce manque se répercute sur la grille indiciaire des fonctionnaires. Tout le monde se plaint, y compris moi. Le gouvernement priorise le redressement de la sécurité. Mais, on a assisté dernièrement, dans plusieurs, régions à des actes répréhensibles perpétrés par des bandits ou par la foule comme à Tsaratanàna, Marontsetra ou encore Antalaha. Qu’en pense le général en retraite de l’Armée malgache ? La sécurité devrait toujours être à l’image du chef. Si on place un chef rigoureux à la tête d’un commandement, les fauteurs de trouble se rangeront dans son camp. Les gens comme nous, les militaires, n’avons pas d’état d’âme face à ces genres de situation. Le Chef de l’Etat Major Général de l’Armée Malagasy (CEMGAM) vient d’être nommé, pensez-vous que cette décision apportera une amélioration sur le plan sécuritaire ? Je suis optimiste. Après avoir attendu cette décision, les critiques se sont fait entendre dans les rangs des observateurs. Mais, j’ai du respect pour le nouveau CEMGAM. Laissons-lui le temps de passer à l’action. Je ne le connais pas personnellement mais je trouve qu’il est jeune et je pense qu’il peut posséder les atouts nécessaires qui lui permettront d’exécuter sa mission. Que conseilleriez-vous au nouveau CEMGAM pour améliorer la coordination des activités militaires ? Deux choses sont importantes. D’abord, un bon chef devrait toujours avoir une capacité d’écoute. Quand on est chef, on se doit d’écouter tous les éléments placés sous sa subordination. Ensuite, la question de confiance mutuelle est primordiale. L’écart entre le chef et les subordonnés est à éviter car certains éléments auraient sûrement des suggestions à faire pour améliorer les relations, surtout si le commandement ne leur convient pas. Le fait de négliger les remarques peut occasionner des problèmes pour le chef. Maintenant, pouvez-vous nous donner votre brève évaluation sur les cent jours du président Andry Rajoelina ? Le délai est très court pour apporter une appréciation sur les réalisations du Président en place. Je ne crois pas qu’il se souvienne de moi. Mais moi, je garde toujours mon attention sur lui. Ma femme a été évacuée trois fois à l’étranger pour un problème de santé. C’est le président Andry Rajoelina qui nous a soutenus dans toutes ces difficultés. Le moment est venu pour moi de m’acquitter de ma dette envers lui. Voilà pourquoi j’ai affiché ma volonté de le soutenir. Cela s’est traduit par ma participation à la campagne présidentielle où j’ai fait la propagande pour lui et où j’ai mobilisé les simples moyens à ma disposition. Vous attendez-vous à une nomination ? Je ne suis pas à la recherche d’un fauteuil, c’est le fauteuil qui court derrière moi. J’ai plusieurs cordes à mon arc. Je suis polyvalent, c’est-à-dire que je suis spécialiste dans plusieurs domaines. J’étais le premier officier ayant achevé la formation en sécurité militaire à l'université de Harvard. J’ai également occupé un poste à la Banque Centrale. Je peux vous dire que je peux accomplir tout ce que l’on me confie. Vous affichez donc publiquement votre soutien à Andry Rajoelina, avez-vous rompu définitivement vos relations avec Marc Ravalomanana ? Malheureusement oui. Un jour, nous nous sommes croisés à Ampandrana, dans un embouteillage. J’ai pris l’issue en sens unique alors qu’il était à bord d’une voiture pour prendre la route de Bel’air. À cet instant, j’ai vu Marc Ravalomanana rougir alors que nos yeux se sont croisés. Je le dis aux « Zanak’i Dada » : si Marc Ravalomanana ne m’avait pas trahi, il n’aurait pas été renversé. Et Pety Rakotoniaina ? C’est un homme difficile que je n’ai jamais connu. J’avoue que je n’arrive pas à m’entendre avec lui jusqu’à présent. Plusieurs compagnons m’ont appelé après le verdict du tribunal prononcé à son encontre. Je n’ai pas vraiment de mot à dire sur son cas. Que chacun porte sa croix.  
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