En...iem dérapage


Qui trop embrasse mal étreint. À force de vouloir aller plus vite que la musique, à force de vouloir aller au-delà de la vitesse d’un TGV, le pouvoir va de bide en bourde, de dérapage en tête à queue. Après les arrestations arbitraires et les condamnations avant procès, les abrogations avant décret, les abrogations systématiques sans nominations, les nominations abrogées, les nominations de complaisance, on a eu droit à une histoire de clip et de slip. D’abord un communiqué condamnant les clips à caractère jugé obscène diffusés sur certaines stations de télévision mais qui font partie intégrante de la culture de certaines régions. Le communiqué a causé une levée de bouclier étant donné qu’il semble n’avoir considéré qu’une partie des mœurs d’un pays composé d’autant d’ethnies que de cultures. Mais le ministère dont émanait le communiqué n’a pas jugé bon de publier un contre communiqué démentant le premier. Ensuite, il y a eu le communiqué du ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement technique et professionnel recommandant aux parents de ne pas stimuler les viols à travers la tenue de leurs enfants. La, c’est une véritable révolte qui a sonné sur les réseaux sociaux et dans la presse. Une maladresse de plus qui voulait dire que les viols sont causés par l’extravagance des tenues des jeunes filles. Un communiqué hâtif et intempestif qui ignore que les rubriques faits divers dans les médias sont infestées de viols de bébés, d’enfants, de mineurs, d’élèves, d’enfants de chœur, de sœurs plus que correctement habillées. Il y en a tellement qu’on a du mal à trier les plus « croustillants ». Et contrairement à ce que le communiqué laisse entendre, la plage est l’endroit où il y a le moins de viol et que les viols existent même dans les pays où les femmes sont engoncées de pied en cap. Au lieu de faire la morale sur la tenue, l’État aurait mieux fait de revoir les peines contre les violeurs, surtout de bébés et d’enfants qui méritent la peine capitale, si tant est qu’il se souciait bien de ce fléau. Quand un violeur écope de la même peine que quelqu’un qui a volé ses propres meubles, on mettra du temps à éradiquer ce crime dont l’ampleur est une grandeur directement proportionnelle à la pauvreté. Comme le niveau de l’éducation n’a cessé de dégringoler de même que le taux de scolarisation, il est difficile de faire comprendre à certaines personnes que le viol est un crime. Mais le pire est que le ministère incriminé est tombé dans le panneau en publiant, samedi, un contre-communiqué condamnant « la publication d’un message controversé sur sa page Facebook » et prenant « une sanction contre l’auteur de ce message ». On ne peut que sauter au plafond devant une telle incongruité. Le mieux aurait été de se taire et de laisser passer l’orage au lieu d’en rajouter et de vouloir se disculper en rejetant tout sur un parfait bouc émissaire. Cet incident montre à quel point la gestion du pays est dangereux si tout le monde peut faire ce qui lui plaît. Si on peut accéder à la page Facebook du ministère comme on entre dans un moulin, si tout le monde peut faire un communiqué au nom du ministre qui ne l’aura pas lu préalablement, alors le pire reste à venir. Les trois premiers mois du pouvoir montrent que gagner une élection est une chose, l’exercice du pouvoir en est une autre. Avant d’accéder à la magistrature suprême, il faut avoir fait le tour de tous les secteurs et indiqué les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Il faut avoir bien maîtrisé les règles de l’administration publique pour ne pas procéder à des tâtonnements et des prises de décision à tort et à travers, des nominations contestées et contestables. Ce n’est pas parce qu’on a été élu qu’on peut se permettre de créer ses propres lois et règles. Eh oui, le plus difficile n’est pas d’arriver au pouvoir mais de l’utiliser à bon escient pour espérer y rester à vie sans changer la Constitution à chaque mandat.
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