Centre immatriculateur - Un réseau de faussaires démantelé


Dix-huit personnes sont impliquées dans une affaire de corruption, de faux et usage de faux auprès du centre immatriculateur de Madagascar. Le chef CIM, un officier de l’armée et son épouse figurent sur la liste. Sous contrôle judiciaire. Il s’agit de l’un des verdicts du Pôle anti-corruption (PAC), d’Antananarivo, à l’issue de la comparution des personnes accusées dans le cadre d’une affaire de malversation auprès du Centre immatriculateur de Mada­gascar (CIM), sis à Ambo­hidahy, samedi. Un place­ment sous contrôle judiciaire dont a écopé le premier responsable du CIM. Selon les informations obtenues, le chef CIM ferait partie d’un réseau de faussaires qui agirait auprès de son service « en matière de mutation de véhicules et d'octroi de permis de conduire ». Un réseau récemment démantelé suite à l’ouverture d’une enquête par le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO). Une investigation déclenchée par une dénonciation anonyme. Cette dernière relate « des confections de faux permis militaires en vue de les transformer en permis biométrique auprès du CIM », indique une source proche du Bureau d’Ambohibao. Dix-huit personnes seraient impliquées dans ce réseau de faussaires, notamment, « un officier de l’armée en poste au CAPSAT Antananarivo et son épouse ». L’officier et sa femme seraient ceux qui confectionnent les fausses cartes militaires « à leur domicile à Itaosy ». Ayant été parmi les personnes présentées au Pôle anti-corruption, samedi, l’épou­se de l’officier du CAPSAT aurait écopé d’un place­ment en détention préventive. « Elle est l’une des principaux faussaires mis en cause », affirme la source proche de l’affaire. S’agissant du dossier déféré auprès du PAC d’Anta­nanarivo, samedi, outre l’épouse du militaire, deux autres personnes ont été placées en détention préventive. « Il s’agit de rabatteurs », informe le Bureau anti-corruption. À part le premier responsable du Centre immatriculateur de Madagascar, trois autres personnes ont été placées sous contrôle judiciaire, à savoir, une caissière du CIM et deux titulaires de deux faux permis de conduire biométrique. Documents invalides Les charges retenues contre les accusés sont : « corruption passive, abus de fonction, faux et usage de faux ». Bien que son épouse et deux de ses co-accusés ont été gardés à vue par le Bureau d’Ambohibao, avant leur présentation au PAC, « l’officier de l’armée ne s’est pas présenté au BIANCO, ni au PAC pour le déferrement, malgré les convocations », confie la source avisée. Il ne s’agit pas de la première affaire de corruption qui éclabousse le Centre immatriculateur de Mada­gascar. Un premier scandale sur des malversations autour de la confection et de l’octroi de permis de conduire a déjà éclaboussé le CIM, en mars 2017. Sur onze accusés présentés devant l’ancienne Chaîne pénale anti-corruption (CPAC), deux d’entre eux ont écopé d’un mandat de dépôt. Selon toujours des informations venant du BIANCO, d’autres enquêtes concernant les actes de corruption au CIM d’Ambo­hidahy sont toujours en cours. « D'autres dossiers sont encore en cours au niveau d'Ambohibao sur les employés du CIM et les rabatteurs qui y travaillent », indique notre source auprès de l’institution sise à Ambohibao. L’affaire déférée devant le PAC, samedi, par ailleurs, n’est pas la première concernant la validité des documents biométriques fournis par le Centre immatriculateur de Madagascar. Après les plaintes de plusieurs détenteurs de permis biométrique, les autorités ont finalement reconnu, en octobre 2018, que les cartes imprimées « sont invalides ». Une situation qui lèse plusieurs milliers de titulaires de documents biométriques - permis et cartes grise - qui, au final, se sont avérés être « invalides ». Les responsables auprès du ministère de l’Intérieur, en octobre, ont juste indiqué qu’il fallait « changer les documents invalides », et qu’« on attend juste la passation de service entre les deux sociétés et la délivrance des papiers reprendra ». L’opinion publique s’attendait, pourtant, à ce qu’une enquête administrative ou judiciaire soit ouverte sur la responsabilité de l’entreprise ayant fourni les documents « invalides », et ceux qui ont accordé le marché. Que ce soit pour la première ou la seconde démarche, aucune ne semble activée, jusqu’ici, pour mettre en lumière cette affaire.
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