Vieux jeux


A chaque remaniement du gouvernement on retrouve toujours les mêmes paramètres à considérer. Équilibre ethnique, équilibre régional, équilibre politique… Si la mise en place du gouvernement prend du temps, c’est parce que l’équation a tout simplement un ensemble vide comme solution. On a beau dire que le Malgache est unique, mais dès qu’il est question de répartition de sièges les démons de la division ressurgissent. Le traitement infligé à un ministre du Sud a fait lever tous les natifs de sa région, toutes tendances confondues, pour contester une éventuelle éviction du gouvernement. La pression prend même une consonance tribale assortie de menaces contre les natifs des Hauts Plateaux. Nous sommes donc restés à cet esprit sectaire inculqué par la colonisation. Ratsiraka avait beau défendre l’unité nationale mais a fait venir les Antandroy pour lapider les manifestants de l’opposition lors de la grande marche vers Iavoloha le 10 août 1991. Les menées tribalistes revenaient lors de la crise de 2002 avec le Hazalambo. Tout cela n’a absolument rien rapporté. L’ennemi commun d’où qu’on vienne est la pauvreté, l’insécurité, le chômage, la famine… Si on peut mobiliser les gens à travers un tract pour combattre ces fléaux, on aura fait un grand pas vers le développement. Si on continue à se voir en chien de faïence, à cause des différences, on pourra mettre un siècle ou plus pour voir le bout du tunnel. Personne n’a choisi d’être Merina ou Côtier, la faute en est à Dieu. On aurait aimé être Américain ou Russe mais c’est ainsi. L’objectif reste le développement égalitaire de toutes les régions pour anéantir ces frustrations primaires à chaque changement. C’est ce qu’aucun régime n’a fait jusqu’ici. On parle beaucoup de décentralisation effective, de fédéralisme, de retour aux sources mais il manque une volonté réelle de franchir le cap. On fait du saupoudrage à tous les coups. On n’en veut pour preuve que l’état de dénuement total dans lequel se trouvent des villes côtières que les cyclones ont complètement déshabillées. Revenir au tract pour faire pression, c’est revenir cinquante ans en arrière à une période où la liberté d’expression constitue une arme fatale pour atteindre ses objectifs.
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