Société - Le Fokonolona rediscuté à l’Académie malgache


Deux membres de la section Sciences morales et politiques de l’Académie malgache sont revenus sur la thématique du Fokonolona, hier après-midi. Concept sans définition. Le Fokonolona est le concept resté d’actualité sur la scène politique malgache depuis que l’héritage Ratsimandrava fait croire à une solution miracle pour développer le pays. Lors de son intervention devant ses pairs et face au public à l’Académie malgache, Michel Raphael Robivelo a évoqué « l’institution inclusive de développement » qu’est le Fokonolona. Pour l’officier de l’Armée retraité et non moins enseignant à l’univeristé , « Parler de Fokonolona, c’est rappeler le lien existant entre des gens ayant des intérêts communs et pouvant travailler pour se développer ensemble en faisant en sorte qu’il est important de favoriser l’idée de citoyenneté d’appartenance et de résidence au lieu de se focaliser sur la simple citoyenneté de naissance ». Le Fokonolona est alors considéré comme le vivre-ensemble pouvant consolider l’effort collectif nécessaire à l’amélioration continue des conditions de vie. Mais toujours faut-il que l’idée de collectivité rejoint celle du consensus lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Pour Michel Raphael Robivelo, professeur de droit et de sociologie et membre de la section des sciences morales et politiques de l’Académie, « À la base du concept de Fokonolona se trouve le Tenierana, ou consensus en matière de décisions ». Le Fokonolona est l’épicentre de la solidarité dans la vie quotidienne normale des Malgaches, et récupérer le sens de la solidarité est indispensable pour assurer une stabilité politique et un développement socio-économique durable. Dans sa réaction à l’intervention, le Pr Raymond Ranjeva, président de l’Académie, rappelle que l’idée même de développement pour lequel le Fokonolona est un moteur est, en effet, « un postulat inventé au détriment des pays pauvres ». Le Fokonolona est jusque-là perçu comme étant une organisation sociale et traditionnelle dans la conscience commune. Dérives politiques Le fait de négliger le concept de Fokonolona réduit à néant la culture même de consensus. Dès lors qu’il ne s’agit plus de requérir les avis des autres, on assiste à des dérives autoritaires de la part des dirigeants politiques. Or « le pouvoir intellectuel est un pouvoir politique », précise le Pr Raymond Ranjeva. Pour Laza Eric Andrianirina, vice-président de la section des sciences morales et politiques de l’Académie malgache, la politique tient une place importante dans toute collectivité ou communauté. Spécialiste des relations internationales et enseignant de science politique, il souligne le rôle d’institution qu’incarne l’Académie malgache dans la promotion des valeurs spécifiques et cruciales liées à la « malgachéité». Pour lui, « si la démocratie, un concept occidental, est imposé dans tous les pays du monde par toutes les manœuvres, rien ne doit faire obstacle à ce que l’on révèle une originalité malgache qu’est le Fokonolona ». Laza Eric Andrianirina a insisté sur « l’implication de tous et la prise de conscience dans les responsabilités et le devoir de se rappeler d’appartenir à une entité précise ».  
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