Bâtiment - L’immobilier prospère malgré la crise


chalet à la montagne Le secteur de l’immobilier demeure en verve malgré le brutal retournement de conjoncture économique provoqué par la crise pandémique. Les constructions abondent à Antananarivo et dans les autres villes du pays, notamment à Toamasina. Toujours considéré comme valeur refuge en temps d’incertitudes, la pierre continue d’attirer les capitaux. Voir annuaire des plombiers « Little Manhattan » d’Assist Immobilier, « Malaga » de SMPI, « Le Domaine d’Ivandry » d’Immo­bilier Conseil…, nombreux programmes immobiliers d’envergure ont été lancés ces dernières années. Ces projets, qui ciblent une clientèle aisée et les entreprises, devraient connaître une croissance soutenue. « Certes, 2021 ne sera pas aussi entreprenant que 2019 pour l’immobilier résidentiel mais nous misons sur un rebond vigoureux dès l’année prochaine », prédit un opérateur BTP. De son côté, l’État s’active pour multiplier les programmes de logements économiques et sociaux, à l’instar des 38 immeubles R+4 en construction à Ivato. Le paiement de ces appartements suivra un système de vente location où les acquéreurs pourront être propriétaires définitifs après une période de location de 15 ans. L’objectif est d’offrir 40 000 nouveaux logements à l’horizon 2023. patère industriel Essor de la gestion locative Chez « l’opérateur historique », la Société d’Equipe­ment de Madagascar (Seimad), on affiche aussi des ambitions nouvelles. De Betsizaraina à Andohata­penaka en passant par Ampefiloha, les projets avancent. Ces 20 dernières années, les projets de construction de la société ont bénéficié du partenariat financier avec plusieurs banques aussi bien locales qu’étrangères comme la Société Générale, BOA Madagascar ou encore Shelter Afrique. Malgré la baisse du pouvoir d’achat du fait des conséquences de la Covid-19, les particuliers sont aussi nombreux à lancer des chantiers d’habitation. Les structures en charge de délivrer les permis de construire ne chôment pas. Selon les prévisionnistes, les professionnels du secteur pourront investir jusqu’à 300 millions de dollars dans les 5 prochaines années. La commercialisation ou la gestion des nouvelles constructions sont souvent confiées à des agences immobilières expérimentées. Les grands noms internationaux du secteur, comme Century 21 qui a franchi le pas, ne sont pas rares à envisager de s’implanter dans la Grande Ile. On notera aussi que depuis quelques années, la « gestion locative » est devenue une option à la mode. Cette formule permet à une agence gestionnaire d’agir au nom du propriétaire pour rechercher un locataire, signer le bail, procéder à l’état des lieux, recevoir les loyers ou encore faire les travaux relevant de la responsabilité du propriétaire. Le syndic permet, une fois l’immeuble terminé, l’organisation des parties communes, leur entretien, leur sécurité ou leur amélioration. Il est également habilité à représenter la copropriété en justice. Le syndic est choisi par « le syndicat des copropriétaires » qui réunit en assemblée générale, vote le budget préparé qui répartira le coût des charges entre les différents propriétaires en fonction de la surface dont ils sont détenteurs. Les banques jouent le jeu À Madagascar, le prêt bancaire est souvent un complément du budget habitation, car il est rare que la banque accorde le financement nécessaire pour l’ensemble du projet. Le montant prélevé par mois est en effet limité selon le revenu de l’emprunteur. La vente-location est,pour sa part, considérée comme une réelle solution en tant que facilité de paiement. Les promoteurs proposent un loyer fixe sur 10 à 15 ans et au terme du contrat, le locataire devient propriétaire du bien. Le montant est logiquement plus cher par rapport aux loyers pratiqués sur le marché pour le même type de logement, de superficie égale. L’environne­ment du quartier et l’éloignement par rapport au centre ville sont des critères qui entrent en jeu pour apprécier la valeur. Et c’est justement sur le créneau de la vente location que les particuliers attendent beaucoup des banques qui multiplient ces derniers temps les offres mais restent, de l’avis de la majorité de l’opinion, trop prudentes. Force est cependant de reconnaître qu’à l’image de la difficulté socio-économique du pays, plus de 50% de la population de Madagascar vivent dans des maisons qui ne respectent pas les normes et sont pour la plupart localisées dans les bidonvilles. Les principaux centres urbains du pays, à commencer par Antanana­rivo, au gré de l’exode rural, sont ainsi progressivement défigurés. L’ordre des architectes et d’experts urbanistes affirme que le moment est venu de relancer le débat et de proposer des solutions concrètes et durables, pouvant être mises en œuvre à bref délai, dans ce domaine. « Il ne suffit pas toujours de se limiter à faciliter les constructions, y compris illicites. La nécessité de sauvegarder le patrimoine architectural des villes malgache est incontournable », soutiennent les urbanistes. Il est ainsi impérieux de voir au delà du simple droit reconnu à un toit. Lequel doit être à la fois agréable tout en s’inscrivant dans un ensemble cohérent.
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