Exit les politiciens


Andry Rajoelina osera-t-il y dérober ? On n’en sait pas trop. Le président de la République doit nommer les six sénateurs qui manquent à la nouvelle Chambre haute après l’élection des douze sénateurs par les grands électeurs des provinces dans les prochains jours. Mais sa marge de manœuvre est limitée. Il doit respecter scrupuleusement  les dispositions de l’ordonnance numéro 10 publiée le 25 mai 2019. Autrement dit il n’a pas le droit de nommer des politiciens parmi les six sénateurs. Cette ordonnance souligne bien « que les sénateurs nommés doivent être issus des forces économiques, sociales et culturelles ou choisis en raison de leurs compétences particulières, leur décret de nomination devra respecter à la lettre ces critères exigés par la Constitution: qu’en tout état de cause, ils ne doivent pas être choisis en raison de leur appartenance politique ». C’est clair comme l’eau de roche. Les politiciens doivent se mettre à l’écart. Ils n’ont aucune chance d’être nommés. À moins qu’être politicien puisse être qualifié de compétences particulières. Ils sont encore nombreux à espérer et à remuer ciel et terre pour figurer dans la liste. Ils doivent se faire une raison. Ils occupent déjà les deux tiers des sièges au Sénat à l’issue des élections, cela doit être suffisant. Le président de la République doit en tout cas montrer assez de fermeté et suivre la voie tracée par la Haute cour constitutionnelle. Dans tous les cas, l’ordonnance ne prête à aucune interprétation. Il faut être foncièrement machiavélique pour oser la contourner. Le président de la République passe un sérieux test pour prouver qu’il est un homme de loi. D’ailleurs, il a assez nommé de politiciens au gouvernement et dans les autres institutions sans que cela donne toujours satisfaction. Il doit s’en tenir à ce que la Constitution recommande et exclure toute autre considération. Il est évident que malgré cette disposition constitutionnelle, certains partis, certains politiciens tentent encore le tout pour le tout. Cette nomination lui donne une opportunité d’ouverture pour impliquer d’autres citoyens apolitiques dans l’appareil d’Etat. L’opinion attend ainsi sur qui porteront ses choix. Le président a une occasion de satisfaire un tant soit peu l’attente de l’opinion en général, qui est lassée par le comportement et l’image imprimée par les politiciens. Cette attente, le président n’a pas le droit de le décevoir. Mieux vaut être haï par les politiciens que par le peuple dit un dicton.
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