Texto de Ravel - Avis aux amateurs


L’annonce est dite et elle fait le tour des médias : le président de la République jouerait la carte de l’ouverture. Elle est loin de faire l’unanimité autant dans la forme que dans le fond. C’est la première fois que l’on déclare de la sorte que tout le monde peut aspirer à occuper de hautes fonctions de l’État. La démarche est bien curieuse pour plus d’un. Elle intrigue, elle énerve, elle émerveille. En tout cas, elle ne laisse personne muette et chacun semble avoir son mot à dire et son analyse. Monsieur et madame lambda deviennent miraculeusement des politologues de haut niveau. Les uns disent que les carottes sont cuites et qu’en haut lieu, des divorces seraient inéluctables. Pour certains, ce serait une imposition des bailleurs de fonds qui ne sortiraient plus un sous sans de réels résultats. L’ouverture de portefeuilles (au sens propre qu’au figuré) aux autres partis politiques serait aussi parmi les conditions des financeurs. Certains croient en la réalité ainsi qu’en la volonté véridique de l’appel à candidatures pour les hauts postes de l’État. Le besoin de renouveau se fait sentir car le pays tourne en rond depuis soixante longues années. On devrait ainsi saluer cette étape et avoir confiance que népotisme, corruption, copinage soient de l’histoire ancienne. Un cabinet privé mènerait la sélection jusqu’à un certain niveau puis un comité décidera. L’espoir est permis ? On ne donnera pas tort à ceux qui ont été désenchantés plus d’une fois. Ils sont comme des enfants ayant découvert que le père Noël n’est en fait que leur propre parent. Ils ne croient plus en rien, tellement les coups bas et jeux de passe-passe sont devenus monnaie courante. Tout ce brouhaha serait un leurre pour déconcentrer la foule de la sorte que l’on oublie l’essentiel : le bulletin d’examen du gouvernement, de chaque ministre et plus largement, celui du président de la République qui les a désignés. Un « geste technique » afin de faire bonne figure et faire sensation le temps que l’amnésie cyclique et généralisée se passe. Quoi que puisse être la vraie raison de cette ouverture, elle a son lieu d’être. Depuis toujours, les Premiers ministres changent (ou pas) mais les ministres sont toujours les mêmes. Un tel ministre reste dans « les affaires » pour toujours. Si ce n’est pas lui directement, ce sera son frère, son père, son cousin, sa femme ou sa maitresse. Le pouvoir politique et décisionnel reste visiblement l’apanage d’un cercle restreint de personnages. Nous espérons donc vivre d’ici peu de temps une version de « Madagascar got a talent » dans les hautes sphères de la gestion du pays. Si les jeux sont ouverts et non truqués, la probabilité de découvrir des bonnes âmes compétentes et novatrices existe. Une fois recrutée, le dilemme pour cette future équipe sera de se plier aux plans d’action de leurs prédécesseurs. En effet, le budget étatique pour l’exercice à venir a été bouclé. Pour espérer apporter leurs touches et faire ce qui leur est demandé dans les Termes de références des postes convoités, ils devront attendre un budget rectificatif. Même si rectification il y aura, l’on ne peut espérer d’énormes glissements.
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