Son Excellence l’ambassadeur ou l’ambassadeur excellence ?


L’Allemagne avait pu faire de son «Made in Germany» un générique mondialement reconnu de qualité et de robustesse et de son «Deutsche Mark», une arme presque aussi puissante qu’avait pu l’être sa Wehrmacht. Quant au Japon, son image à l’international passe désormais par l’esthétique de la rondeur bonhomme «Kawaï», l’attitude «Kai-Zen» devenue concept de management ou l’engouement planétaire pour les «Mangas» et «Anime». La diplomatie culturelle du «PNB du Cool» est devenue à son tour un concept des relations internationales : le 29 novembre 2017, très officiellement, le ministre japonais des Affaires Étrangères nommait les personnages imaginaires de Pikachu et Hello Kitty comme ambassadeurs de la ville d’Osaka, candidate à l’organisation de l’Exposition universelle 2025. J’ai retrouvé cette Chronique du 27 mai 2017 que je dédie aux deux dames, Mireille Mialy Rakotomalala et Arisoa Lala Razafitrimo, nommées ambassadeur de Madagascar, respectivement au Japon et aux Nations Unies. (Début de Citation). Le Président américain a reçu le Président français à l’ambassade des États-Unis à Bruxelles (Belgique). Sur une image, on pouvait voir Donald Trump attendre Émmanuel Macron sur le perron de l’ambassade américaine. Ça avait de la gueule. Aurait-on pu faire pareil à notre immeuble anonyme boulevard Suchet à Paris, ou à la modeste ambassade, où j’avais pu participer au 26 juin 1996, sur Massachusetts Avenue à Washington D.C. ? Hier, à 7 heures 30, j’ai pu assister à cet étrange spectacle : devant l’ambassade des États-Unis, à Andranomena (Andranoro-Antehiroka, sur le portail officiel, fait plus «historique»), un policier malgache est en faction pour régler la circulation d’une manière assez particulière. Les habitués de cet axe Ambohibao savent combien y sont pénibles les embouteillages vers Ivato. Le policier en question repère donc les voitures arrivant d’Antananarivo, arrête la file venant d’Ivato, et invite lesdites voitures (ou VTT des expatriés) à déboîter pour accéder plus rapidement à l’ambassade US. J’imagine que dans cette immense ambassade, autrement plus majestueuse que l’ancienne sise à Antsahavola (au passage, il faut signaler la détérioration de la chaussée à Antsahavola, là où pour la sécurité de l’ancienne ambassade, avait été enterré un dispositif de pont-levis : celui-ci retiré, le trou n’a pas été correctement comblé ni la voie publique remise en état), pourrait permettre à Donald Trump de recevoir très correctement en terre malgache son homologue russe Vladimir Poutine, à moins que ce ne soit ce dernier qui l’invite à l’ambassade russe d’Ivandry : un autre immense complexe, comme celui de la Résidence de France, celle-ci bien connue des habitués pour son garden-party du 14 juillet, sinon comme celle de la Chine à Nanisana. États-Unis, Russie, France, Chine : ces quatre membres du Conseil de sécurité des Nations unies (la résidence britannique du lotissement Bonnet, que j’avais pu fréquenter en mes années de boursier du British Council, ne déméritait pas sans atteindre au grandiose) entretiennent à Madagascar (comme je suppose dans d’autres pays) une ambassade digne de leur rang. La diplomatie est d’abord aussi question d’image renvoyée : on peut se gausser des dépenses ostentatoires, mais on regardera toujours avec une certaine commisération une ambassade réfugiée dans un immeuble collectif d’un quartier périphérique. Et quoiqu’on puisse arguer de l’extraterritorialité, je suppose qu’un transfuge se sentirait beaucoup mieux en sécurité dans un bunker (surtout sous la protection de la bannière étoilée : quoique, les ambassades américaines de Téhéran ou de Tripoli n’avaient pas pu résister à la détermination fanatique et sans scrupule juridique d’un commando islamiste) que dans un container aménagé. La robustesse du «Made in Germany» ou le «PNB du cool» ont fait davantage, pour l’Allemagne ou pour le Japon, que cent ambassades. Et pourtant. Ces deux pays partaient de loin : encore désignés «ennemis» dans la Charte de San Francisco en 1945, l’un confondu avec les atrocités nazies, l’autre associé aux exactions de ses troupes envers les populations d’Asie. Heureusement, le monde entier finira par comprendre qu’une tondeuse Braun ne peut être un instrument SS ni le Walkman de Sony un katana de samouraï. Ce «miracle» ne prit que 30 ans. Mais, ce furent trente années de labeur, de persévérance, d’excellence : faire bien les choses simples qu’on sait faire. Qui précède quoi : le travail de l’image ou l’image par le travail ? Son Excellence l’ambassadeur ou l’ambassadeur excellence ? Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
Plus récente Plus ancienne