Sénatoriales - Des couacs au sein de la machine IRD


Les listes des candidats IRD, aux sénatoriales, sont en tête dans les six provinces. La tendance des résultats impose, néanmoins, une remise en question de la part de la coalition présidentielle. Une issue prévisible. Tous s’y accordaient concernant les résultats des élections sénatoriales. Tous présageaient une victoire écrasante de la liste des candidats de la coalition « Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina » (IRD). Toutes les pièces ont, de prime abord, été agencées afin de permettre à la coalition présidentielle d’avoir une majorité, voire la totalité des sièges à la Chambre haute. D’abord, la vague orange dispose d’une large majorité dans les rangs des grands électeurs que sont les maires et les conseillers communaux et municipaux. Ensuite, la future configuration du Sénat devait faire en sorte que les voix ne soient pas dispersées. Avec dix-huit sénateurs, dont douze à élire, il n’y a, en effet, que deux sièges à pouvoir par province. La tendance des résultats affichés sur le site web de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), rapporte les chiffres issus de la totalité des bureaux de vote du pays. L’IRD a, vraisemblablement, gagné son pari. Il y a, néanmoins, quelques bémols à souligner. La première est la performance du parti « Malagasy miara-miainga » (MMM), qui prend un siège de sénateur à la vague orange dans la province de Toama­sina, et un autre dans celle d’Antananarivo. Après avoir fait cavalier seul lors des élections communales, voir le MMM jouer en solo aux sénatoriales n’était pas une surprise. Il est certain, par ailleurs, que sa décision d’aligner des listes de candidat dans la province de Toamasina et Antana­narivo ne s’est pas fait par aventurisme. Dans l’Est, le MMM avec 46,42% des voix, a joué des coudes avec l’IRD qui a obtenu 52,72%. Erreur de casting Dans la majorité des communes où les maires sont non teintés aux couleurs d’un parti politique, les indépendants siègent soit à la mairie, soit au sein du conseil. Le choix de ces indépendants a, pour beaucoup, pesé dans la tendance des résultats. Autant à Toamasina, qu’à Antananarivo, le MMM a, probablement, pu s’appuyer sur le choix d’une partie de ces maires et conseillers municipaux ou communaux non-affiliés. Outre dans la province de Mahajanga, où seule la liste IRD a été en lice, et dans la province de Fianarantsoa, le raz-de-marée Orange n’a pas eu lieu. La raclée reçue par la liste Orange dans le district de Toliara II est un exemple à souligner. La liste indépendante VMM a surclassé l’IRD sur un score de cent trois, contre soixante douze. Bien que les deux sièges au Sénat pour la province de Toliara devraient être conquis par la déferlante Orange, la liste VMM a tout de même pu obtenir près de 25% des voix. La défaite de l’IRD face à la liste indépendante Bematana Martin, dans le district d’Antalaha, fait tâche dans la bonne copie rendue par la vague Orange dans la province d’Antsiranana. Au total, cette liste indépendante a glané près de 26% des voix. Ces déconvenues auraient, notamment, pour cause des erreurs de casting de la part de la coalition présidentielle. Les candidats alignés n’ont, visiblement, pas fait l’unanimité. Les résultats des votes des grands électeurs de la Commune Urbaine d’Anta­nanarivo (CUA), sont criants sur ce sujet. Dans la capitale, les conseillers municipaux du « Tiako i Madagasikara » (TIM), se sont abstenus. Seuls les grands électeurs IRD, un indépendant et ceux de la coalition KOMBA ont voté. Sur les vingt-neuf votants, seize ont choisi la vague Orange et douze le MMM. Ce qui indique que la liste IRD ne fait pas l’unanimité au sein de la coalition présidentielle. Outre les choix des candidats, le sens de certains votes auraient également une portée politique. Ce serait le cas à Toliara II. La défaite de l’IRD serait une sanction politique pour affirmer le mécontentement des élus locaux quant à la suspension du projet BASE Toliara. Le fait qu’ils auraient mal pris le parachutage fait par la coalition présidentielle aurait facilité le choix de ces grands électeurs. Bien que la vague Orange soit bien partie pour dominer de la tête et des épaules le Sénat, les résultats du scrutin du 11 décembre, sonnent comme un avertissement. Des réglages sont à faire dans la conduite des affaires politiques au sein de la coalition présidentielle. Une mesure qui doit, aussi, s’accompagner d’une amélioration dans la conduite de la politique étatique et des prises de décision.
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