Jean Eric Rakotoarisoa - « La HCC, jalouse de son indépendance »


L’expiration du mandat des neuf membres actuels de la Haute cour constitutionnelle (HCC) approche. Son président, Jean Eric Rakotoarisoa, règle ses comptes avec ses détracteurs. D’ENTRÉE de jeu Jean Eric Rako­toarisoa tranche sur le vif du sujet. « Si nous, les juges constitutionnels n’étions pas indépendants dans la prise de nos décisions, nous aurions dû déposer notre démission ». Voilà qui est clair et net. Mais n’efface pas pour autant les vicissitudes ayant émaillé le « règne » de Jean Eric Rakotoarioa à Ambo­hidahy. Connu pour sa formule fétiche « recevable mais sans fondement », « azo raisina fa tsy mitombina » comme réponse aux différentes requêtes des uns et des autres examinées par les soins de la HCC. Qui, en juin 2015, avait sauvé une première fois la tête du président de la République en exercice, Hery Rajaonarimampianina. Sous le coup d’une requête de motion en déchéance, dûment adoptée par la majorité absolue des députés. Ils reprochaient à Hery Rajaonarimampianina d’avoir transgressé à plusieurs reprises des dispositions constitutionnelles, et de ne pas être capable d’insuffler le développement économique qu’il avait laissé miroiter durant sa propagande. Mais au lieu de répondre à cette revendication, la HCC avait renvoyé les protagonistes au respect d’un « Pacte de responsabilité ». Devoir accompli Un arbitrage des plus arbitraires. Même les députés qui ont affirmé avoir lu cet armistice factice, n’ont pas pu détailler son contenu, tout aussi imaginaire. Bis repetita en mai 2018. La même HCC était venue au secours du même Hery Rajaonarimampianina. Quand « les soixante-treize députés pour le changement », la coalition du MAPARTIM, avait remis le couvert de la motion de déchéance. Contre toute attente, la HCC avait imposé la démission du Premier ministre Olivier Mahafaly. Et la formation d’un gouvernement de consensus, avec un Premier ministre issu des rangs de la majorité aux législatives de 2013. Soit un protégé du Mapar. Tout en exigeant, en sus, le départ du fautif de la présidence de la République, trois mois avant le premier tour de la présidentielle, soit le 7 septembre 2018. Alors que le candidat numéro 12 ne pouvait plus faire valoir les prérogatives des puissances publiques pour sa campagne. Le Premier ministre Christian Ntsay, accepté par tous, avait vite rétabli les plaques rouges des véhicules administratifs. Pour ce qui sont des sénatoriales du 11 décembre, la dernière élection à juger par la HCC dans sa composante du moment, Jean Eric Rakotoarisoa souligne « que la durée du mandat des deux Chambres du Parlement est définie par la Constitution. Il nous appartient de faire le nécessaire pour éviter le vide institutionnel. Comme l’a fait le président de la République en légiférant par ordonnances la vacance constatée de l’Assemblée nationale ». Sur la tenue des élections durant la saison de pluie, il souligne qu’aucun article de la Constitution ne stipule cette spécificité. « Pourquoi les autres pays y arrivent et pas nous? ». Il enfonce le clou par une interrogation ironique. « Sa vendrana isika ? ». Une boutade lancée à qui veut l’entendre. Pour lui, l’équité électorale incombe aux participants eux-mêmes. « Les candidats aux élections doivent couvrir les bureaux de votes de leurs délégués. Certains portent plainte sans être en mesure de prouver ce qu’ils avancent comme arguments pour annuler les résultats du scrutin. Soyons sérieux », suggère-t-il aux dirigeants des partis politiques. En passant, il admet que les déductions des juges la HCC ne s'expliquent que sur la base des seules dispositions constitutionnelles. D’autres considérations ont été mises sur la balance des décisions. Comme la vie de la nation. Voilà pourquoi Hery Rajaonarimampianina n’a pas été démis de ses fonctions prématurément. « Le pays venait de sortir d’une longue crise politique. La population ne pouvait plus en supporter une autre » philosophe Jean Eric Rakotoarisoa. Convaincu d’avoir accompli son devoir en son âme et conscience.
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