Commission mixte sur les îles éparses : Madagascar présente une équipe de choc


La première réunion de la commission mixte sur les îles éparses se tiendra, lundi. Madagascar présente une sélection d’élites pour mener les négociations. Le palais d’Andafiava­ratra. C’est à la résidence de l’ancien Pre­mier ministre Rainilaiarivony donc, que se tiendra la première réunion de commission mixte sur les îles éparses. Un lieu haut en symbole étant donné que c’est au palais d’Andafiavaratra qu’a été signée la déclaration du retour à l’indépendance de Madagascar. Une fois de plus, le palais de l’homme fort du royaume de Madagascar, jusqu’en 1896, sera le théâtre d’un événement historique où il sera question de souveraineté nationale. Comme Andry Rajoelina, président de la République, l’a annoncé, le 24 octobre, les négociations sur l’avenir des « îles malgaches », comme le reconnaissent les Nations Unies (ONU), démarreront ce 18 novembre. L’effectif de ceux qui y prendront part au nom de l’État malgache a été annoncé durant le conseil des ministres d’hier. Christian Ntsay, Premier ministre, et ministre des Affaires étrangères, conduira la team Madagascar, composée de quatre personnalités de très haut niveau. En frontline, il y aura, notamment, le professeur Raymond Ranjeva, juriste, ancien vice-président de la Cour internationale de justice, aujourd’hui, président de l’Académie Malgache. Il a été à la tête de l’équipe ayant plaidé pour la rétrocession des îles éparses, devant les instances onusiennes, en 1979, et réussi le tour de force d’obtenir gain de cause. Un autre expert en droit international, en la personne du docteur Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, sera de la partie. Pour bétonner sa position, Madagascar a sélectionné deux élites de la marine nationale. Il s’agit du vice-amiral Louis Antoine de Pädoue Ranaivoseheno, secrétaire général du ministère de la Défense nationale, et du capitaine de vaisseau Jean Edmond Radrianantenaina, directeur général de l’Agence portuaire maritime et fluvial. Rétrocession vs cogestion Ce dernier a été l’ancien directeur du Centre régional de fusion d’informations maritimes (CRFIM), un organe plurinational chargé de la surveillance de la circulation maritime dans la zone Sud de l’océan Indien, entre au­tres. Ces cinq personnalités seront donc, chargées de défendre la position malgache au sein de la commission mixte. À s’en tenir aux termes du rapport du conseil des ministres d’hier, il s’agi­ra de revendiquer « la rétrocession », des îles éparses. « Le temps est venu de démontrer une unité nationale, car la rétrocession des îles malgaches de l’océan Indien est un devoir commun », souligne le communiqué de presse du conseil des ministres. Pour la première fois depuis la rencontre entre Andry Rajoelina et son homologue français, Emmanuel Macron, à Paris, en mai, le mot « rétrocession », est dit sans ambages. Comme l’a indiqué le professeur Ranjeva dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, en juin, le débat juridique sur les « îles malgaches », est clos. Dans sa résolution, l’ONU a demandé à la France d’entamer « sans tarder », les négociations avec les autorités malgaches, « en vue de la réintégration des îles, qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar ». La résolution onusienne est restée lettre morte, jusqu’alors. De l’eau a coulé sous les ponts depuis la première bataille remportée devant les instances onusiennes. Il faudra redoubler d’effort pour faire appliquer la résolution de 1979. La France, pour sa part, table sur la cogestion, « pour la protection de la biodiversité ». Une position qu’Emmanuel Macron a réitérée durant sa visite sur la Grande glorieuse, le 23 octobre, en décrétant qu’il faisait de l’île « une réserve naturelle nationale ». Une décision qu’il compte élargir à l’ensemble des îles éparses. Le président Français veut faire de ces terres la matérialisation de ses engagements écologiques, sans oublier les enjeux géostratégiques de la présence française sur ces îles. Pour plaider sa cause, la France dépêchera une équipe interministérielle. Il y aura, entre autres, un représentant du ministère des Affaires étrangères, de la Défense et du ministère d’Outre-mer. Les deux parties se sont convenues de trancher sur le sujet avant le 26 juin prochain, jour du 60e anniversaire du retour à l’indépen­dance de Madagascar.  
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