Ordurne


Ce n’est pas croyable. Un président sortant n’a que deux voix dans son propre bureau de vote. Un pasteur n’a que quatorze voix alors qu’il a voté dans sa propre paroisse. Un ancien président n’a eu aucune voix dans un bureau de vote en face de son QG. Un Pdg n’a eu aucune voix dans sa localité d’origine où la population réclame un changement de dirigeant. Avec toute la foule qu’on a réuni un peu partout à travers le pays, c’est impossible qu’on ne soit pas élu dès le premier tour. Avec tout le pognon qu’on a injecté dans cette élection, comment se fait-il qu’on se fasse talonner par un candidat dont la campagne s’est limitée à l’église et au marché, qui s’est endetté pour payer sa caution, qui a vendu ses t-shirts ? La voix des urnes est tout simplement impénétrable. Le bulletin unique a plus compliqué les choses qu’il ne les a simplifié. Que d’histoires autour de ce document électoral adopté pour équilibrer les chances des candidats, pour limiter les dépenses, pour faciliter les dépouillements. Mais visiblement il a été la source de beaucoup de problèmes. Les bruits sur les bulletins pré- côchés ont beaucoup circulé sans qu’on ait pu les vérifier mais les faits bizarres signalés confortent les appréhensions. Malgré l’avis des observateurs internationaux qui trouvent cette élection bien organisée, il fait dire que tout a été mal entamé depuis la confection de la liste électorale. On ne peut pas dépenser des millions de dollars pour se retrouver avec une liste électorale bâclée et objet de toutes les critiques. On ne peut pas admettre une augmentation de 25 % du nombre d’électeurs et se retrouver avec 55 % d’abstention à cause du nombre important d’électeurs omis. On a fait mieux dans les élections de l’ère Ratsiraka où tout se faisait pourtant de façon manuelle sans aucun recours à l’ordinateur aussi bien dans l’établissement de la liste électorale que dans la publication des résultats. On a donc reculé de plusieurs années malgré les avancées technologiques. On ne peut pas dépenser des millions de dollars et confectionner une carte électorale avec une feuille de papier. C’est une insulte envers les électeurs. Dans le passé la carte électorale peut servir à plusieurs reprises. La Ceni s’est compliqué la vie dans tout le processus en particulier dans le traitement des résultats qui expose le pays à un grave danger. Comment peut-on avoir confiance à la Ceni quand une semaine après le scrutin, on ne connaît pas encore les résultats dans la capitale. C’est tout simplement inadmissible. Si on est incapable de traiter convenablement les procès verbaux de la capitale et par extension de la région Analamanga, comment peut-on prétendre pouvoir publier les résultats au niveau national dans les délais impartis sans que cela ne fasse pas l’objet de contestation et sans commettre de bavure ? La confiance de l’opinion naît dans l’efficacité de la méthode employée et dans la rapidité des traitements. La préférence est toujours suspecte et l’attente crée la méfiance surtout quand elle est exagérément longue. Aucune explication ne peut raisonner les électeurs quand on est incapable de réalisme et de logique dans le traitement et la publication des résultats. Mais on peut comprendre que dans une ville plongée dans une extrême saleté, il est normal que les bulletins soient noyés dans une ordurne. Il faut des camions pour les ramasser.
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