67 Ha - « Perquisition » musclée chez une députée


Une escouade d'individus ont opéré une fouille dans le domicile de la députée Rahantanirina, sans mandat et à 2 heures 30 du matin. L'élue pointe du doigt la police et compte porter plainte. Coïncidence, incident, ou bavure. Quelque soit le qualificatif opportun, le fâcheux événement qui s'est déroulé au domicile de la députée Lalao Rahantanirina, dit Nina, élue à Mahajanga, intrigue. Des zones d'ombre rendent l'affaire opaque et risque de lui donner une dimension politique. Il s'agit, de prime abord, d'une « perquisition» sans mandat et à une heure tardive, chez une des élus fidèles à Andry Rajoelina, ancien président de la Transition. Contactée sur le sujet dans la soirée d'hier, la députée Rahantanirina raconte ce que lui ont rapporté ses proches et employés présents, au moment des faits. « Vers 2 heures 30 du matin, deux individus en tenue civile se sont présentés à la porte de mon domicile, avec motif de procéder à une perquisition. Pensant à des gens malveillants, mes employés se sont opposés et ont réussi à les repousser. Quelques instant plus tard, les deux larrons sont revenus à la charge avec comme renfort des personnes cagoulées, armées et en tenue de forces de l'ordre », relate-t-elle. Lors de ce retour en force « les assaillants ont demandé à tous ceux qui étaient présents dans la maison de se mettre à genoux. Même les enfants, dont un qui a 3 ans. Ils ont, ensuite intimé à certains d'avouer la détention d'armes à feu. N'ayant pu les faire avouer une chose qui n'existe pas, ces éléments cagoulés ont mis à sac la maison et sont repartis avec un ordinateur portable, une tablette électronique et des téléphones mobiles », ajoute la députée de Mahajanga. Quatre des employés de la députée auraient été embarqués « pour cause de coups et blessures contre agents de police ont-ils dit ». A l'écoute des faits rapportés par l'élue de Tsimbazaza, le raccourci sur un nouvel acte criminel perpétré par des usurpateurs des forces l'ordre est vite fait. L'heure de « l'intervention », renforce son caractère douteux. L'événement a débuté vers 2 heures 30 du matin. Sauf dans le cas de trafic de stupéfiants, pourtant, la loi interdit toute « perquisition », entre 19 heures et 5 heures du matin. Acte policier    La députée du groupe MAPAR affirme, pourtant, qu'« il s'agissait bien d'éléments de la police nationale. La preuve, mes quatre employés ont été traînés au commissariat central et n'en sont ressortis qu'en cette fin d'après-midi [hier], à 17 heures ». Outre les matériels informatiques et les quelques paperasses emportés durant la fouille, l'élue de la capitale de la région Boeny n'a fait mention d'aucun autre bien ayant disparu. Elle souligne, par ailleurs, le fait que « ces agents ont insisté sur la présence d'armes dans mon domicile ». En réaction, Lalao Rahantanirina déplore, « comment mes employés auraient-ils pu savoir que les deux individus en tenue civile étaient des policiers alors qu'ils n'avaient présenté ni mandat de perquisition, ni carte professionnelle   ». Sous couvert d'anonymat, une source auprès du commissariat central soutient, pourtant : « J'ai eu vent de cette affaire, mais aucun ordre de mission de la sorte n'a émané du commissariat central ». La source policière affirme que ce service n'a rien à voir dans cette affaire. La députée de Mahajanga a, cependant, indiqué qu'elle est sollicitée pour y retourner, ce jour. Vue sous cet angle, l'hypothèse d'une « perquisition », semble s'imposer et ramène ce qui devrait être un fait-divers sur le terrain politique. Bien qu'en dehors de la session parlementaire, l'immunité dont jouit la députée Rahantanirina, sauf en cas de flagrant délit, ne permet aucune perquisition « sans autorisation préalable», du bureau permanent de la Chambre basse. La source policière déclare que l'immunité dont bénéficie la députée Rahantanirina « aurait dû imposer une procédure particulière mais, je pense que la scène se soit déroulée au domicile d'une députée n'est qu'une simple coïncidence ». Qu'importe, l'élue de Mahajanga indique qu'elle compte porter plainte contre ses « assaillants ». Une démarche qui pourrait aider à trancher entre un coup politique, une bavure policière, ou un acte criminel. Fabrice Ranaivoson
Plus récente Plus ancienne