Kraoma - Un trésor resté sous exploité


Prospère jusqu’au début des années 2000, la société Kraoma se trouve dans l’impasse aujourd’hui. Un trésor qui ne demande qu’à être exploité et bien géré. PREMIÈRE industrie minière du pays, Kraoma, une société d’Etat qui exploite et exporte le chrome touche le fond aujourd’hui à cause d’une mauvaise gestion, d’un mauvais choix sur la stratégie à adopter , d’un accord douteux avec un partenaire véreux. Kraoma est aujourd’hui enlisée dans d’énormes difficultés financières. Le dernier bilan fait état de 39 milliards de pertes et 1,450 millions de dollars d’impayés salariaux. Des sommes astronomiques à première vue mais qui sont loin d’être insurmontables par rapport aux potentialités des gisements exploités par Kraoma. Pour le moment, c’est le statu quo après le fiasco du partenariat avec la société russe Ferrum Mining qui a pris la clé des champs en juin 2019. Un partenaire venu pour dépouiller Kraoma plutôt que de la tirer vers le haut. Sa carte de visite le prouve. L’actuel directeur général Nirina Rakoto­manantsoa a ainsi hérité d’une patate chaude laissée par les barons du HVM. L’un des architectes de l’Initiative pour l’émergence de Madagascar est empêtré dans une situation compliquée à tel point que les employés de Kraoma demandent son départ. Il semble laissé à son sort à en juger le peu d’empressement qui entoure le cas Kraoma. Pourtant, il suffit d’une bonne dose de volonté pour relancer cette entreprise selon les techniciens. Avec quatre sites à son actif dont entre autres Bemanevika , Anempitra et Befandriana dont les réserves sont estimées à des dizaines de millions de tonnes, Kraoma à elle seule peut être un levier de l’économie et du développement. On n’exploite pour le moment que le tiers des réserves existantes alors que le marché mondial est toujours demandeur même si le cours du chrome fluctue selon les tendances du marché. La Chine, le Japon et la Suède sont les principaux clients. Kraoma SA exporte en moyenne 0,113 million de tonnes sur les 1,628 millions de tonnes exportées à l’échelle mondiale soit 6,9 % des quantités totales exportées par le reste du monde. Ces chiffres datent de 2017. Depuis la situation s’est détériorée. Impact Kraoma SA a été pour beaucoup dans l’amélioration des conditions de vie de la population où elle est installée en l’occurrence à Andriamena et Brieville. Le déclin de Kraoma SA impacte directement sur la vie des habitants qui vivent pour la plupart de l’extraction du chrome. Il est bien évident que les recettes d’exportation du pays en souffrent également. La chute actuelle de l’ariary s’explique en particulier par l’arrêt des industries extractives comme Kraoma SA et Ambatovy qui a eux deux fournissent 35 % des recettes d’exportation. C’est dire leur importance dans la vie économie. Une bonne raison de ne pas laisser tomber Kraoma SA qui a fait des preuves depuis plus d’un demi-siècle. La capacité d’exportation de la société pourrait atteindre 250 000 tonnes par an ce qui au cours actuel de 2000 dollars la tonne serait valorisé à 500 Millions de dollar, un cours au plus bas niveau, en 2016 le cours du chrome était à plus de 7000 dollars la tonne sur le marché mondial. Kraoma est une des sociétés d’Etat qui marchaient sous l’ère socialiste et qui ont échappé à la vague de privatisation en 1996. L’Etat a ainsi intérêt à la remettre à flot pour redémarrer l’économie après la pandémie Covid-19 et surtout pour atteindre une croissance de 4% en 2021, objectif fixé par le gouvernement en conseil des ministres jeudi. Sans l’apport des industries extractives ce serait difficile. L’Etat a bien remis sur les rails la Sirama, a crée une usine pharmaceutique ainsi qu’une usine de montage de véhicules, cherche des moyens pour remettre sur pied Air Madagascar, se démène pour sauver la Jirama, il n’y a pas de raison de ne pas tirer Kraoma SA de l’impasse. L’opération semble même moins compliquée que celle de la compagnie aérienne nationale ou de celle e de la compagnie de l’eau et de l’électricité pour lesquelles l’Etat a consacré des sommes faramineuses pour peu de résultats. [caption id="attachment_111534" align="aligncenter" width="695"] Nirina Rakotomanantsoa, l'actuel directeur général.[/caption]
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