Bemiray - La patrie reconnaissante - Sur la route du Mausolée


Bemiray de ce jour parle de Mausolée et de Panthéon, c’est-à-dire de reconnaissance à l’endroit des Grands hommes par la nation, honneur dont s’en passeraient ces derniers de leur vivant. Tom Andriamanoro évoque également le pillage de nos océans. [caption id="attachment_66003" align="alignleft" width="266"] Madagascar possède son monument dédié à ses héros nationaux, le Mausolée, à la fois le Panthéon et l’Arc de Triomph, tombe du soldat inconnu, malgaches.[/caption] S’il avait pu émettre un avis post mortem, Jean Ralaimongo aurait-il réellement préféré le marbre du Mausolée à la terre et aux pierres entassées de son Betsileo natal ? Pas si sûr. Seulement les grands hommes, une fois passés de vie à trépas, se doivent d’être au service de la Nation pour une seconde carrière : celle de servir d’exemple et de symbole fort pour les générations à venir. Un pays comme la France ne peut se suffire d’un Mausolée, elle a le Panthéon pour les plus méritantes de ses figures historiques. La dernière à y avoir été transférée fut Simone Veil qui, sans jeu de mots inopportun, était un « Grand Homme » admiré et aimé des Français. Emmanuel Macron a, d’ailleurs, tenu à le rappeler dans son hommage. Elle y repose désormais aux côtés de ceux qui ont fait la grandeur de la France. Un autre grand homme a, certes, réussi à avoir ce qu’il voulait pour son éternité : une tombe anonyme sans aucun signe distinctif au cimetière du Père Lachaise. Il s’agit de l’abbé Pierre qui est déjà venu à Madagascar pour nos pauvres, et au sujet duquel le père Pedro a eu cette envolée qui n’en finira pas d’interpeler : « l’abbé Pierre voulait faire comprendre aux politiciens de tous bords qu’un combat contre la pauvreté ne se mène pas à coups de décrets et de lois, ou encore de discours, mais avec une présence permanente et un travail concret au milieu des pauvres ». N’empêche, ses obsèques à la Cathédrale Notre-Dame de Paris n’ont pas pu échapper au faste, osons ce mot, des cérémonies officielles. Le Président de la République était à quelques mètres du cercueil, étrangement seul sur son fauteuil de velours rouge. Le gouvernement français était au complet, et les personnalités de tous les milieux ne se comptaient plus. En un mot, c’était exactement ce que l’abbé détestait le plus de son vivant, mais la patrie reconnaissante se doit parfois d’être envahissante. [caption id="attachment_66004" align="alignright" width="404"] Simone Veil et son mari Antoine Veil ont été inhumés au Panthéon le 1er juillet 2018.[/caption] « Portos » Un autre grand fils de la douce France a été « déménagé » avec les honneurs au Panthéon en 2002 alors qu’il reposait depuis cent trente-deux ans chez lui à Nevers. Il s’agit de l’écrivain Alexandre Dumas. Beaucoup l’ignorent, mais cet homme de lettres était un métis descendant d’esclave. On peut être un grand Français tout en étant un homme de couleur, n’est-ce pas Mbappé, n’est-ce pas Pogba ? Mais que vaut à cet autre « Alexandre le Grand » l’honneur d’être en bonne place dans notre sujet du jour ? Tout simplement le fait qu’il est l’auteur des « Trois mousquetaires », et que cela nous permet, comme d’habitude, de passer du coq à l’âne. Il y a longtemps de cela, trois Mozambicains portés par le courant des migrations échouèrent à Nosy Be. Recueillis par la Mission catholique, ils se vivent affublés du nom des trois mousquetaires, dont celui de Portos. C’est pourquoi, trois générations plus tard, le descendant de ce Portos malgré lui continua à s’appeler lui aussi… Portos. Celui-ci n’a hérité ni d’un Panthéon ni d’un Mausolée, mais il fit honneur à son patronyme de mousquetaire en s’échappant vers Mayotte pendant les évènements de 2002, après avoir piraté une embarcation de plaisance. Les autorités françaises le condamnèrent symboliquement à quatre mois d’incarcération avant de l’expédier, libre, vers son véritable pays d’origine qu’est le Mozambique. [caption id="attachment_66005" align="aligncenter" width="504"] L’abbé Pierre n’a pas voulu être enterré au Panthéon mais plutôt au cimetière d’Esterville.[/caption] Rétro pêle-mêle L’année 2003 a été fertile en initiatives audiovisuelles destinées à mieux faire connaitre Madagascar à travers le monde. Dans le cadre de l’émission « L’autre voyage au bout du monde » par exemple, la chaîne de télévision « Voyage » a programmé trois documentaires –fiction de 52 minutes chacun réalisés par Didier Mauro, un grand connaisseur de Madagascar. Il s’agissait de demander à des nationaux de présenter eux-mêmes leur pays en suivant la trame d’une histoire imaginaire. Cette même année, Madagascar a été au centre de la manifestation « Regards comparés » organisée au Musée de l’Homme dans le cadre des rencontres internationales de l’audiovisuel scientifique.Il était demandé aux participants de confronter leurs connaissances sur l’identité d’un peuple à partir de la projection de plusieurs réalisations. Madagascar a ainsi été visionné à travers une cinquantaine de films sur une période commençant en 1910. Les sujets traités étaient aussi divers que les contes, la faune et la flore, les cérémonies traditionnelles, ou le retour des cendres de Ranavalona III. Une équipe de la BBCX a séjourné dans la Grande île en partenariat avec le Tour opérateur britannique Reef and Rain Forest. À la clé, un film d’appel destiné à l’émission « Vacances 2004 »qui cible neuf millions de téléspectateurs en Grande Bretagne et quarante millions dans le monde entier.

CHRONIQUE - 

[caption id="attachment_66007" align="alignleft" width="439"] L’activiste fidjien de Greenpeace, Sevuloni Nasalasala (à dr.), dénonce la pêche illégale dans le Pacifique.[/caption]

La mer - La pêche traditionnelle : dépasser le minimum vital

Un milliard de dollars par an. C’est l’estimation faite par les pays d’Afrique de l’Ouest des pertes causées par le pillage de leurs eaux. La situation est suffisamment grave pour que Green Peace ait, à plusieurs reprises, décidé de s’en mêler, filmant des bateaux en infraction flagrante, et battant pavillon de pays européens ou asiatiques. Il s’agit en général de navires en fin de potentiel, mais qui ne sont que les exécuteurs de la basse besogne. Des bateaux réfrigérés croisent au large et, après transbordements, plus rien n’empêche les poissons et crevettes d’entrer le plus légalement du monde dans les circuits commerciaux. Ce braconnage se répercute à la fois sur les économies nationales et sur le quotidien des pêcheurs traditionnels victimes d’une concurrence à la fois illégale et inégale. À Madagascar, les moyens de surveillance des eaux territoriales sont insuffisants. Dans le passé, quelques arraisonnements, surtout de bateaux asiatiques, ont été rapportés. Le combat permanent des pêcheurs traditionnels est en fait celui les opposant aux moyens dont dispose la pêche industrielle. À Betania au sud de Morondava, 98% de la population vivent de la pêche. À cause des bateaux qui dérangent les pélagiques, les pêcheurs doivent aller de plus en plus loin, parfois à plus de 10 km de la côte pour espérer de bonnes prises. Sans chambre froide à terre, ils sont condamnés à vendre tout de suite, au bon cœur des collecteurs, et à s’installer durablement dans la précarité d’une économie de subsistance. [caption id="attachment_66008" align="alignright" width="344"] Le pêcheur vezo se contente, en général, de prises
pour sa subsistance, alors que l’on pille sa zone de pêche.[/caption] Écosystème À Mahanoro, les centaines d’hommes dans le métier déversent en moyenne et journalièrement une tonne de poissons sur le marché. 35% sont régulièrement destinés à la consommation locale, le reste prend la route des hôtels de la région et des localités plus importantes. Pour ces travailleurs de la mer dont beaucoup ne souhaitent pas à leurs enfants de faire le même métier, la journée commence immuablement à 3 heures du matin. Jusqu’à Ambila Lemaitso où la mer a déjà la réputation d’être mauvaise, les pêcheurs sont impuissants face à la technique des bateaux qui utilisent la farine de poisson pour appâter, et ramasser tout dans leurs immenses filets au risque de perturber parfois l’écosystème marin. La pêche artisanale est répertoriée à Madagascar dans quelque 1.250 villages. Avec leurs embarcations creusées dans un bois léger et leur matériel rudimentaire, les traditionnels arrivent quand même à assurer 70% de la consommation nationale annuelle. Le calendrier Quand il parlait de l’ONU, le général de Gaulle utilisait avec condescendance l’expression « Ce machin ». Nul ne sait d’où lui est venue une plaisanterie d’aussi mauvais goût, mais force est de reconnaitre que certaines recommandations de l’auguste Institution frisent l’inconséquence. C’est le cas de celle appelant les pays membres à consacrer une journée par cause censée être commune. On a ainsi abouti à quelque 145 « Journées», certaines étant fort heureusement soit couplées à d’autres, soit oubliées ou ignorées. Avec un minimum en janvier (4) et un pic en octobre (28) on a le choix entre ce qui est sérieux et ce qui l’est moins, entre la Journée mondiale sans téléphone mobile (6 février), celle des adjointes administratives et des secrétaires (27 avril), celle de l’hypertension (14 mai), celle de la maladie d’Alzheimer (24 septembre), ou encore celle de la langue et de la culture créoles (28 octobre). Journées de tout, journées de rien ? [caption id="attachment_66009" align="aligncenter" width="476"] L’ONU a instauré une Journée mondiale du Yoga ![/caption]

- Journées de tout et de rien

 
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