Colloque de Tolagnaro - Andry Rajoelina fait un fati-drà avec le Sud


Après deux jours de brain storming à Tolagnaro, l’Etat a sorti un plan d’émergence du Sud avec treize velirano. Pour les réaliser, Andry Rajoelina s’est engagé dans un fati-dra avec le Sud. Un fati-dra. Une pratique culturelle du Sud pour sceller un engagement solennel entre deux individus. Un pacte de sang qui lie deux hommes à la vie, à la mort. C’est l’image choisie par le président de la République Andry Rajoelina pour montrer sa détermination d’en finir avec la pauvreté et la famine dans le Sud à l’issue de deux jours de colloque pour l’Emergence du Sud à Tolagnaro. Rajoelina a annoncé le plan de développement du Sud autour de treize velirano. « Le mot velirano ne suffit plus pour vous convaincre de mon engagement pour la concrétisation des défis pour un développement rapide et durable de l’Androy et de l’Anosy, aussi j’ai décidé de procéder à un fati-dra avec vous » a-t-il déclaré lors de la clôture du colloque. Une déclaration lourde de sens « Je retiens le mot clé Fati-dra. Cela veut dire qu’il ne trahira pas ses engagements » souligne le député Idealson, élu à Ampanihy. Désillusions, famine, cimetière de projets. Des termes péjoratifs qu’on a l’habitude d’utiliser lorsqu’on aborde la thématique du Grand Sud. Que de projets annoncés depuis 60 ans qui n’ont pas apporté une solution pérenne aux impacts de la sècheresse, la famine et la pauvreté qui sévissent depuis des décennies. Pipeline, camions citernes, forage, dessalement de l’eau de mer...et on en passe et des meilleurs. Les projets étaient trop beaux pour être vrais et n’ont jamais abouti. Des sommes colossales y ont été englouties mais la situation n’a cessé d’empirer au point qu’à l’ère du nouveau millénaire la population du Sud souffre encore d’une malnutrition chronique, d’une pauvreté inénarrable. Une situation inadmissible et intolérable aux yeux du président de la République. C’est ainsi qu’il a décidé d’organiser ce colloque régional pour l’émergence du Sud. Des séances de réflexion entre acteurs malgaches pour apporter des réponses et des solutions malgaches aux problèmes malgaches. «  Nous connaissons ce qui est le mieux pour nous. Il nous appartient de trouver les solutions aux problèmes de notre pays. Nous allons ensuite les présenter aux bailleurs pour qu’ils voient ce qu’ils peuvent faire. Mais nous allons tout de suite travailler avec nos propres moyens puisqu’il n’y a plus de temps à perdre »souligne le président. À en croire l’allocution présidentielle, les décisions prises à l’issue du colloque de Tolagnaro devront être suivies d’actions immédiates. Le colloque a d’ailleurs rassemblé toutes les forces vives des deux régions en l’occurrence les élus locaux, les autorités déconcentrées et décentralisées, des entrepreneurs, des opérateurs économiques. Autrement dit, les projets retenus ont reçu l’assentiment des représentants issus des deux régions. «  C’est la première fois que l’assistance a pu participer aux débats, faire des remarques et donner des contre-propositions » se félicite la députée Masy Goulamaly, élue à Tsihombe. Prenant la balle au bond, le président de la République s’est adressé aux parlementaires. « Je me tourne en particulier vers vous, les députés puis qu’aucun district ne sera oublié. Relevons ce défi ensemble » a-t-il lancé avant de conclure que si ce programme échoue, le Sud n’aura plus aucune chance de se développer. Les engagements présidentiels pour écrire une nouvelle page de l’histoire dans le Sud misent sur ces projets structurants et durables mais il est évident que ces derniers ne marcheront que si et seulement si la population est réellement impliquée, en tant qu’acteur principal. Les treize Velirano pour le Sud concernent des secteurs sociaux, le renforcement de la résilience de la population locale, et notamment les femmes et les jeunes, l’éducation, l’accès à l’eau, la sécurité, l’agriculture et l’élevage. Audace et volonté politique Qu’est ce qui différencie ce colloque des autres réunions sur le Sud ? Qu’est ce qui nous garantit que les choses vont changer ? Ce sont des questions résumant les doutes autour du colloque de Tolagnaro. Ceux qui y ont répondu ont apporté une réponse unanime, «l’audace et la volonté politique». La volonté politique de réécrire l’histoire du Deep South a été affirmée durant les deux jours à Tolagnaro. Pareillement pour l’audace d’avancer et agir sur fonds propres de l’État, sans attendre les financements internationaux. «Sans audace, nous n’arriverons à rien », martèle le président Andry Rajoelina. À s’en tenir au discours de clôture de l’événement, samedi, les projets annoncés à l’issue du colloque de Tolagnaro seront, immédiatement, suivis de passage à l’acte. Les parlementaires ayant pris part aux deux jours de réunions ont prévenu. Leurs phares seront, dorénavant, braqués sur la concrétisation des Velirano pour le Sud.
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