Aides au développement - La Banque mondiale revoit sa copie


Avant de proposer un modèle de développement pour les cinq années à venir, la Banque mondiale sollicite l’avis de tous par un sondage d’opinion en ligne. Un aveu d’échec? Plutôt une nouvelle méthode de travail pour plus d’efficacité. Car, beaucoup ont toujours reproché aux différents bailleurs de fonds d’avoir parachuté des plans standards de développement, depuis leur siège de Washington aux pays associés. Au final, inadaptés au contexte si particulier à Madagascar. Pour ne citer que les mesures contraignantes au commencement du Programme d’ajustement structurel, PAS, au début des années 90. Les Malgaches ont découvert, par exemple, la notion de dévaluation monétaire. Un jour, Marc Ravalomanana, emporté par sa colère, lors de l’inauguration du nouveau bâtiment de l’École nationale de magistrature et des greffes à Tsaralalàna, a interpellé en public le représentant résident de la Banque mondiale de l’époque, le bien nommé James Bond, ahuri. « Dites-lui que désormais, c’est nous qui dictons le choix des projets de développement à financer. Ne déformez pas mes propos madame la traductrice » a assené Marc Ravalomanana, hors de lui. Aujourd’hui, la Banque mondiale se remet en question. En accueillant les idées des Malgaches sur ce qu’ils pensent être les bonnes options en la matière. Ils peuvent donner leur avis en ligne en répondant à des questions précises ou en proposant des pistes de réflexion. En guise d’entrée en matière, « Classez de 1 à 8, commencez à 1 la plus importante, les contraintes et les problématiques au développement inclusif. Dans le désordre : la concentration du pouvoir économique et politique, l’instabilité politique et économique, la qualité de l’éducation et les services de santé, le niveau et la qualité des infrastructures, y compris le transport, l’énergie et la connectivité numérique, les barrières à l’investissement privé, l’épuisement rapide des ressources naturelles, dont les forêts, le manque de protections contre les catastrophes naturelles, et la faible productivité du secteur agricole ». Cercle vicieux Cet inventaire non-exhaustif des thèmes à problèmes, « au choix multiple », résume quelques-uns des maux qui ruinent la société malgache depuis l’indépendance. Ne serait-ce que la décentralisation, tant souhaitée, restée au stade des bonnes intentions, enrobées de polémiques à forte connotation ethnique, sinon tribale. Ayant fait l’objet de nombreux séminaires, colloques, débats et tables-rondes entre initiés, pour s’enfermer dans un cercle vicieux. Il reste aussi un autre écueil difficile à franchir. La réticence chronique des Malgaches à être des contribuables modèles. Dans une économie dominée par le secteur informel, la contribution des recettes fiscales au PIB demeure insignifiante. Le ministère de l’Économie et des finances, à travers les nouveaux dispositifs en ligne de la Direction générale des impôts, DGI, consent des efforts pour ramener tout le monde à la raison. Car cette faiblesse des ressources financières internes oblige l’État à contracter des emprunts à taux concessionnels auprès des partenaires techniques et financiers, dont le déblocage est souvent soumis à certaines conditionnalités. Ou solliciter le soutien des entreprises privées pour réhabiliter ou construire une École primaire publique, EPP, par exemple.
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