Christian Ntsay - « Laissons une chance au gouvernement »


Le Premier ministre défend son équipe. Il demande qu’on laisse au gouvernement le temps de travailler et de faire ses preuves. Apaise­ment. C’est l’appel lancé par Chris­tian Ntsay, Premier ministre, hier en réponse aux virulentes contestations qui ont suivi la présentation de son équipe gouvernementale. Il demande ainsi à la population de laisser une chance à la nouvelle composition du pouvoir exécutif, afin qu’elle fasse ses preuves. « Laissons d’abord le gouvernement travailler, et nous verrons ce qu’il en sera. Les ministres et le Premier ministre n’ont même pas encore commencé à travailler, et les criti­ques viennent de toutes parts », a répliqué le locataire de Mahazoarivo hier, en marge d’une visite de courtoisie d’Antonio Sanchez Benedito, ambassadeur de l’Union européenne. Contrairement à la nomination du Premier ministre, accueillie favorablement par une bonne partie de l’opinion publique, celle des membres du gouvernement a immédiatement fait face à des railleries et de fortes contestations. Contrairement au profil de Christian Ntsay, considéré par l’opinion publique comme technique, celui de son team est résolument politique. « Il ne faut pas oublier que dans sa décision, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a voulu que les extrêmes se rapprochent, s’écoutent et se rapprochent. Ce gouvernement a été mis en place dans cette optique pour avoir des élections transparentes, inclusives et acceptées par tous », se défend le Premier ministre Ntsay. Efficacité Le chef du gouvernement soutient que son équipe est à l’image du consensus voulu par la Cour d’Ambo­hidahy. Pour bon nombre d’observateurs, pourtant, la quête d’un consensus politique dans la répartition des sièges semble avoir été faite au détriment des critères de compétence ou d’expérience, voire de probité qui pourrait être requise afin d’être à même de diriger un ministère donné, ou juste siéger au sein du gouvernement. En réponse, le Premier ministre déclare que beaucoup sont peut-être mécontents, mais il faut avoir en tête que le plus important est l’intérêt de la Nation. Cela nécessite de l’apaisement. Christian Ntsay insiste sur le fait que son équipe sera celle à même de mener à bien le processus vers les échéances électorales à venir, notamment la présidentielle. Contrairement à l’apaisement politique souhaité pourtant, la configuration du gouvernement a amené les militants du parvis de l’hôtel de ville d’Analakely à radicaliser, à nouveau, leurs revendications. S’étant rebaptisée en mouvement populaire pour le changement, la manifestation conduite par les députés pour le changement reprend son leitmotiv de départ qui est l’exigence du départ du président de la République. En face des querelles politiques, il y a les urgences socio-économiques à gérer et à solutionner. L’hétéro­généité politique et d’intérêts des membres de l’équipe Ntsay, amènent à s’interroger sur son efficacité. « Pourquoi dites-vous que le gouvernement ne sera pas efficace. Il a été proposé par le Premier ministre et nommé par le président de la République », rétorque Christian Ntsay. À l’entendre, le locataire de Mahazoarivo défend son gouvernement. Il laisse entendre, du reste, qu’il a fait la sélection et la composition de l’équipe qui, ensuite, a été adoubée par le président de la République. Ceci étant dit, charge à la nouvelle formation au sein du pouvoir exécutif de contredire les détracteurs et de démontrer par des résultats probants que le gouvernement de consensus n’est pas juste un partage de sièges. Elle pourrait ne pas bénéficier d’une période de grâce. L’Union européenne réitère son appui Réaffirmation. Antonio Sanchez Benedito, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne (UE), a effectué une visite de courtoisie chez le Premier ministre Christian Ntsay, hier au palais d’État de Mahazoarivo. Selon les explications du diplomate, il s’agit de réitérer au chef du gouvernement de consensus les félicitations de l’organisation continentale pour sa nomination, et le saluer pour la mise en place du gouvernement. Il s’agit aussi, selon l’ambassadeur de l’UE, de réaffirmer l’appui au Premier ministre dans ces temps difficiles. « Je suis venu réitérer notre appui, l’importance que l’on donne à notre partenaire et notre disposition à l’aider et l’accompagner dans ce mandat délicat et important qu’on est sûr qu’il va réussir, que Madagascar, tout le pays va réussir. (…) Il y a eu une étape importante qui a été franchie avec la nomination et la formation d’un gouvernement plus inclusif, plus représentatif. (…) », affirme-t-il. Se disant optimiste, Antonio Sanchez Benedito soutient, par ailleurs, « je crois qu’on avance bien, étape par étape, cela ne veut pas dire que le processus ne sera pas difficile. Il y aura toujours des difficultés, mais je crois que les conditions sont réunies et qu’il y a une volonté d’avancer ensemble vers des élections crédibles et participatives (…) ».
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