Trafic de bois de rose - L’affaire Singapour rebondit


Le dossier des bois de rose saisis à Singapour en 2014, a refait surface lors du dernier conseil des ministres. L’État affirme qu’il ne compte pas lâcher l’affaire. Rebondissement. Le conseil des ministres sort du congélateur l’affaire des trente mille rondins de bois de rose saisis à Singapour, le 14 mars 2014. Le communiqué du conseil des ministres rapporte que l’État reprend en main la procédure en cours devant les autorités judiciaires de la ville-État d’Asie. Une décision prise suite à une communication verbale faite par Baomiavotse Vahinala Rahanirina, ministre de l’Environnement et du développement durable. Selon les informations, la probabilité que les bois précieux saisis en 2014 fassent l’objet «d’une confiscation par l’État de Singapour», a été soulevée. Suite à un arrêt de la Cour suprême de la ville-État, en avril 2019, la procédure pénale engagée par les autorités singapouriennes sur cette affaire d'exportation illicite de bois de rose est dans l’impasse. Entre-temps, en 2018, Mada­gascar a engagé une action civile pour revendiquer la propriété de ces bois précieux. À s’en tenir aux indiscrétions, la procédure fait du sur place faute de suivi de la part de la partie malgache. Une prescription est à craindre. L’initiative prise par le conseil des ministres, mercredi, vise donc à faire reconnaître à la justice singapourienne que les bois de rose sont malgaches. D'éviter que les autorités de la ville Etat ne les confisquent. Une épine dans le pied Lorsque l’affaire des bois de rose saisis à Singapour a éclaté au grand jour, la cargaison illicite a été évaluée à cinquante millions de dollars. Ce dossier a été une épine dans le pied de l’administration Rajaonarimam­pianina. Les trente mille rondins ont quitté le port de Toamasina, le 15 février 2014. Ceux qui ont été à la manœuvre de cette exportation de bois de rose ont profité d’une brèche dans l’embargo imposé par la Convention internationale des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES). L’interdiction imposée à Madagascar d'exporter des bois précieux a expiré le 13 février 2014, et n’a été renouvelée que le 26 février de la même année. Quelques semaines plus tard donc, soit le 14 mars 2014, la cargaison est saisie par les autorités de Singapour. La prise au port de la ville-Etat a déclenché une poursuite judiciaire contre la société Kong Hoo et son directeur général Woong Wee Keong, qui s’est dit propriétaire de la cargaison. Tablant sur la légalité des bois de rose saisis et des documents d’exportation, l'opérateur asiatique et son entreprise ont été acquittés à deux reprises, en 2015 et 2016. Les tergiversations de l’État malgache ont été la principale cause. L’administration Rajao­narimampianina a mis plusieurs mois avant de se décider à se constituer partie civile devant la justice de la ville-État. Il a fallu une forte pression de la CITES. À un moment donné, la position de Madagascar a même été ambiguë. Le 20 janvier 2015, en effet, Anthelme Ramparany, ministre de l’Environnement de l'époque, a confirmé l'authenticité des documents d’exportation, aux autorités de Singapour. Un an plus tard, en janvier 2016, Jean Revelonarivo, alors Premier ministre, a désavoué la lettre de l’ancien ministre de l’Environnement. L’ancien chef du gouvernement a soutenu que les documents d’exportation des trente mille rondins de bois de rose étaient illégaux. Dans la confusion, la Cour suprême de Singapour a, néanmoins, déclaré coupable l'opérateur asiatique et sa société. Depuis, cependant, l’affaire est sortie des radars de la presse et des observateurs. L’affaire des bois de rose saisis à Singapour a torpillé la réputation de Madagascar, notamment, aux yeux de la CITES. L’embargo imposé à la Grande île n’est pas encore levé. Gagner la bataille judiciaire sur le plan civil pourrait être une première dans l’optique d’une possibilité de mettre en vente, en bonne et due forme, ces bois précieux. À Madagascar, par ailleurs,aucune procédure judiciaire franche et ferme n’a été engagée pour identifier et demander des comptes aux éventuels complices de cette exportation dite illicite de bois de rose d’une valeur initiale de cinquante millions de dollars. Des noms d’anciens hauts responsables étatiques figurent dans des dossiers remis à la Haute cour de justice (HCJ).
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