Soutien aux jeunes entrepreneurs - Fihariana mis sur orbite


Valérie Zafindravaka

Les traits essentiels de Fihariana ? Depuis qu’il a été lancé le 18 mai 2019, le programme national Fihariana se veut être une des réponses aux obstacles se dressant devant les jeunes et les moins jeunes qui veulent choisir la voie de l’entrepre­neuriat. Il a comme principaux objectifs de faciliter l’accès au financement des projets qui lui sont présentés et de fournir les formations qui visent la pérennité. Fihariana est d’abord une structure institutionnelle innovante et disruptive, née de l’initiative du président de la République, Andry Rajoelina. Cette structure intervient dans des secteurs variés avec des enjeux multiples et multi-dimensionnels. Fihariana se ramifie dans les vingt-deux régions de Madagascar. Comment les lignes de crédit fonctionnent-elles ? Fihariana dispose d’un fonds d’appui octroyé par la Société Nationale de Participations (Sonapar). Partant de cette base, le programme, avec ses banques partenaires- BNI et BOA-, accorde des prêts à taux bonifié allant de 5% à 9%, aux porteurs de projet. Le programme a également développé des produits suivant des filières définies comme porteuses, telles que la riziculture, la filière avicole, l’apiculture, la race bovine ou encore un appui particulier aux coopératives. Fihariana se différencie des autres structures par la proposition de formations à ses bénéficiaires, notamment en développement personnel, gestion entrepreneuriale incluant l’éducation financière, et des formations techniques spécifiques à une activité donnée. Offerte et un des prérequis pour le déblocage des financements, la série de formations est délivrée en collaboration avec des partenaires techniques locaux et internationaux. Être présent pour ses bénéficiaires figure également parmi les priorités du programme à travers un système de suivi et évaluation en accompagnement technique. Il s’agit, entre autres, d’un accompagnement dans la gestion comptable de l’entrepreneur ou encore d’une dimension plus technique telle que la mise à disposition d’un vétérinaire pour les entrepreneurs du secteur élevage. Qui peuvent en bénéficier ? Fihariana vise l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Nous sommes également convaincus que la résilience économique de Madagascar nécessite une consolidation à travers un maillage dense de petites ou moyennes structures productives. La diversité des profils que nous avons soutenus à ce jour, confirme bien que Fihariana octroie des prêts à un large panel d’entrepreneur(e)s, en âge d’exercer des activités génératrices de revenus et présentant des dossiers de projets cohérents, créateurs d’emplois. Chez Fihariana, nous sommes particulièrement sensibles à la participation des femmes et des jeunes dans l’entrepreneuriat. Dans quels domaines ? Instrument financier novateur, et allié désormais privilégié d’un écosystème entrepreneurial résiliant et performant, Fihariana met un point d’honneur à recevoir un large portefeuille de domaines : agriculture, agroalimentaire, artisanat, BTP, commerce, éducation, élevage, exploitation minière, industrie, médecine, service, tourisme et transport. Depuis son début, Fihariana a-t-il rencontré des problèmes de la part des bénéficiaires en termes de remboursement des créances? En 2020, les difficultés de remboursements ont touché quatre-vingt bénéficiaires et peuvent être facilement liées au contexte sanitaire. Le système de suivi-évaluation informatisé mis en place permet à Fihariana d’accompagner les bénéficiaires dans cette situation, pour faciliter les remboursements : accompagnement, recherche de débouchés ou encore solutions concertées. Cet appui a notamment permis d’activer le remboursement de plus de 30% de dossiers en impayés. Quels sont les rôles des banques et autres partenaires dans le système? À ce jour, Fihariana collabore avec deux banques, à savoir la BNI et la BOA Madagascar. Ces partenaires tiennent des rôles de taille en termes de suivi-évaluation des bénéficiaires, dont le financement a été débloqué. Notre convention assure également la tenue de formations en gestion financière à l’intention des bénéficiaires. Un autre point important qu’il est utile de préciser est que les banques réalisent le suivi des bénéficiaires dans l’exploitation des fonds, afin de s’assurer que les motifs d’emprunt soient respectés. Le Titre vert est l’un des volets de Fihariana. Pourriez-vous l’expliquer davantage? Le projet Titre vert retient trois composantes d’investissement, à savoir le foncier, le logement, et le financement de l’activité agricole. Initié par le président de la République, Andry Rajoelina, le suivi technique et administratif du programme sera assuré par le ministère de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP) à travers l'organisme rattaché Cabiz/Fifamanor. Les activités se répartiront entre l’élevage (vaches laitières, poulets de chair, porcs) et la culture du maïs et du soja. Le transfert administratif de ces terrains aux bénéficiaires se fera dans trois à quatre ans car ils seront financés à hauteur de 38 570 000 ariary chacun par Fihariana, en plus des dotations en intrants, infrastructures et énergie solaire. Conçu grâce à des accords mutuels multi-institutionnels, dont le vice-ministère chargé des Nouvelles villes, le financement du programme s’élève à 5 milliards 187 millions ariary, incluant ces dotations, mais aussi les formations qui seront dispensées aux bénéficiaires dans le cadre de leur professionnalisation. Fihariana est-il intervenu pour venir en aide aux entrepreneurs en difficulté à cause de la crise sanitaire? Fihariana a, effectivement, développé un produit spécifique pour soutenir les entreprises face aux impacts de la Covid-19. « Miarina by Fihariana » est le fruit de la concertation entre le président de la République et le secteur privé, et se positionne comme étant une réponse urgente et concrète aux appels des entreprises. À ce jour, le produit a engagé un montant total de 45 milliards ariary et a permis de sécuriser treize mille huit cent trente huit emplois.

Andry Rajoelina

Pour une deuxième année consécutive, le Programme Fihariana nous présente son rapport d’activités. Une fois encore, c’est avec une grande fierté que je constate la capacité des Malagasy à inventer et se réinventer, afin de se faire une place dans l’écosystème entrepreneurial national, voire régional et même mondial. C’est justement pour cette raison que depuis toujours, je suis convaincu par le rôle fondamental des entrepreneurs, dans l’envol économique d’une nation. La situation sanitaire récente à laquelle Madagascar, à l’instar de nombreux pays du monde, a fait face à un fort dérèglement de ses activités économiques qui sont désormais qualifiées de « traditionnelles ». Cette pandémie aura pourtant permis à de nombreux entrepreneurs Malagasy de dévoiler le meilleur d’eux-mêmes, les statistiques et témoignages tout au long de ce rapport nous le confirment. Ils ont su s’adapter afin d’assurer la survie de leurs entreprises, tout en répondant aux besoins socio-sanitaires dictés par la pandémie de Covid-19 pour certains. Ce rapport nous démontre qu’avec un pragmatisme sans pareil, des jeunes femmes et hommes Malagasy ont su identifier, voire même créer, des opportunités en capitalisant sur la situation et les enseignements de la réalité actuelle. Ils ont su tirer profit de cette crise en créant des emplois, des richesses, des services, des produits, mais surtout des valeurs. Leurs créativités et innovation en sont le moteur, si l’État, à travers Fihariana, en est l’accélérateur. Je suis intimement convaincu que pour un réel développement de notre pays, il nous faut être capable d’innover et de produire. Ce rapport nous montre que nous sommes sur la bonne voie, sur celle d’un avenir synonyme de progrès et de vitalité économique ; car créer des emplois et de la richesse permet d’intégrer les citoyens dans une véritable dynamique de développement. C’est dans cette optique que l’accompagnement et la transparence des procédures sont, à mon avis, les conditions essentielles pour inciter les jeunes à oser entreprendre. Certes, l’audace seule ne pourrait suffire, mais la création d’entreprise est avant tout une aventure humaine à dimension collective. Fihariana contribue largement à promouvoir les échanges entre acteurs économiques, pour permettre l’émergence de la créativité et de l’innovation ; et accompagner en même temps les futur(e)s entrepreneur(e)s tout au long de leur parcours. Je suis sûr, que cette approche perdurera et sera appelée à évoluer au fil du temps, car c’est le rôle de l’État de soutenir tout citoyen pour transformer ses rêves en actions ; et ainsi convertir leurs idées en valeurs. Je salue ici la résilience et l’ingéniosité des entrepreneurs Malagasy et je formule le vœu que la prochaine année soit tout aussi riche que les deux précédentes. Que 2021 soit une année d’émulation et d’épanouissement pour tous !

Bilan succinct

Le nombre de bénéficiaires, qui sont répartis dans les vingt-deux régions de l’île, s’élève à sept mille cinq cent cinquante entrepreneurs qui œuvrent dans différents secteurs d’activité, dont l’agriculture avec un taux de 57,93%; l’élevage avec un taux de 24,79%; l’agro­-alimentaire avec un taux de 4,23%. Ce qui a permis de créer en tout soixante dix-huit mille cinq cent soixante dix huit emplois dont sept mille soixante cinq emplois directs. Pour plus de 85 milliards ariary décaissés. Le sous-programme « Miarina » vise à soutenir les entreprises formelles à faire face aux impacts de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Ainsi,  une enveloppe de plus de 45 milliards ariary a été débloquée au profit de 714 petites et moyennes entreprises formelles qui sont membres des groupements professionnels tels que le GEM et le SIM. Ces bénéficiaires sont implantés dans vingt régions. Plus de 53% d’entre eux se concentrent dans la région Analamanga. Ce financement, moyennant un taux d’intérêt de l’ordre de 8% proposé par les banques partenaires, a permis à ces entreprises bénéficiaires de maintenir plus de treize mille emplois dans le cadre de cette crise sanitaire. Quant au sous-programme « Voka-bary » réalisé en partenariat avec le ministère en charge de l’Agriculture, plus de trois mille deux cents exploitants rizicoles opérant dans six régions, ont pu contracter un prêt total de plus de 7,7 milliards ariary. Ce qui a permis de créer plus de quarante neuf mille emplois et d’enregistrer une production additionnelle de plus de quinze mille tonnes via l’exploitation de plus de 6 000 ha de terrain. Ces entrepreneurs ne commencent à rembourser qu’après avoir vendu leurs récoltes, soit neuf mois après le déblocage du crédit. [caption id="attachment_121299" align="aligncenter" width="634"] Des aides pour bien démarrer.[/caption]

Aspect global

[caption id="attachment_121300" align="alignleft" width="366"] Des bénéficiaires du Titre vert dans le Vakinankaratra.[/caption] Le programme Fihariana s’adresse aux personnes de 18 à 58 ans sur tout le territoire malgache, pour faciliter leur insertion dans le monde du travail afin de transformer leurs idées d’entreprise en opportunité. Et ce, dans le but d’impulser un réel développement économi­que à travers tout Madagascar. Le programme garantit le financement de tout projet dans tous les secteurs aussi bien dans la création comme dans l'extension. Le dépôt des dossiers est désormais ouvert auprès des Chambres de commerce à travers Madagascar. Le programme Fihariana dispose actuellement d’un fonds d’appui à hauteur de 200 milliards ariary octroyé par des partenaires financiers telle que la Société Nationale de Participations (Sonapar). L'État sera le garant, mais les organismes prêteurs seront les établissements bancaires, BNI et BOA, qui consentiront aux jeunes promoteurs de projets, des prêts remboursables à des taux bonifiés. Les projets sélectionnés bénéficieront d’un financement entre 1 million et 2 000 000 000 ariary qui seront alloués dans un délai de quinze jours après leur validation. Le programme « Fihariana » s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique générale de l’État par la création d’emplois décents, la promotion des femmes et des jeunes et l’émergence de petites industries. Le président Andry Rajoelina a fortement incité les jeunes à être créateurs d'entreprises et à persévérer dans la création, l'innovation afin de prendre en main leurs destins et de devenir le moteur de développement du pays vers l'émergence de Madagascar.  
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