Infrastructures routières - Tolagnaro-Vangaindrano comme alternative à la RN13


En attendant l’aménagement encore non programmé de la Route nationale 13 reliant Ihosy à Ambovombe, prendre la Route nationale temporaire 12 A, de Tolagnaro à Vangaindrano, se présente comme une bonne option. La traversée des dix bacs est à prendre sous forme d’aventure et de découverte. Le paysage est tout simplement époustouflant. Des travaux d’aménagement sont prévus. FAISABLE. Choisir de rejoindre les Hauts-plateaux par la Route na­tionale temporaire (RNT)12A, au départ de Tolagnaro, dans la région Anosy, n’est pas utopique. En cette période mi-pluvieuse mi-sèche, les 232 km à parcourir pour atteindre Vaingandrano, dans la région Sud-Est, se réalisent par 4x4, en moyenne en une journée. Au départ de Tolagnaro (Fort-Dauphin), la piste axe Nord est quelque peu em­bourbée en raison du mauvais temps, bien qu’elle ait été viabilisée par l’Union Euro­péenne, il y a quatre ans. Le passage au niveau des communes de Mandro­mon­dromotra et de Mahatalaky, est boueux, mais très praticable. À partir de là, il faut au moins passer par six communes importantes, à savoir Ebakika, Manambato, Esama, Manan­tenina, Befasy, Masianaka pour arriver à Vangaindrano. Et les traversées en bac sont un passage obligé. Il y en a dix au total. [caption id="attachment_121279" align="alignleft" width="393"] Les bacs ou Ferry ne sont plus en bois mais modernisés et motorisés.[/caption] Impressionnant Monter sur les trois premiers bacs est d’abord une expérience intéressante. Les passagers qui ont emprunté cette route pour la première fois sont excités à l’idée de traverser les fleuves et les affluents dont regorgent cette partie de l’ile, à bord d’un ferry. Le premier bac se situe au niveau de la commune d’Ebakika, à 45 km de Tolagnaro. Les voitures montent sur le bac, un radeau métallique moderne motorisé, un ferry. Il est relié à l’autre rive par une corde pour empêcher le bac de dévier de sa trajectoire en cas de forts courants. La traversée prend à peine sept à dix minutes sur le premier ferry.   [caption id="attachment_121280" align="alignright" width="346"] La traversée en ferry est gratuite et est coordonnée.[/caption]

Monter sur les trois premiers bacs est d’abord une expérience intéressante. Les passagers qui ont emprunté cette route pour la première fois sont excités à l’idée de traverser les fleuves et les affluents dont regorgent cette partie de l’ile, à bord d’un ferry. Le premier bac se situe au niveau de la commune d’Ebakika, à 45 km de Tolagnaro. Les voitures montent sur le bac, un radeau métallique moderne motorisé, un ferry. Il est relié à l’autre rive par une corde pour empêcher le bac de dévier de sa trajectoire en cas de forts courants. La traversée prend à peine sept à dix minutes sur le premier ferry.

  Relâchement Au niveau du bac à Iaboakoho, une commune rurale du district de Tolagnaro, la bonne impression du début commence à se relâcher. La traversée en bac devient quelque peu lassante. «  C’est l’attente de la traversée d’une ou des voitures depuis l’autre rive qui fatigue. Il y a des bacs où une seule voiture peut monter à bord. Alors que le fleuve commence à prendre de l’ampleur et donc la traversée prend un peu plus de temps», raconte Angelico Gonzague, chauffeur-guide. Et l’attente dure un peu plus longtemps quand le ferry est de l’autre côté et que les hommes chargés de sa manipulation veulent attendre une voiture à transporter avant de rejoindre la ou les voitures qui patientent sur l’autre rive. Les ferries travaillent de 6 heures à 18 heures.. Mais parfois, les agents passeurs ne sont pas toujours présents sur les lieux et il faut les appeler au village. Aléas En période hors-covid, vingt véhicules par jour en moyenne font la traversée. Les bacs sont gérés par l’Autorité routière de Madagascar (ARM). Le passage par les bacs n’est pas payant. «  Le gasoil pour les faire fonctionner est approvisionné normalement tous les mois par l’ARM. Mais l’approvisionnement est aléatoire et de nombreuses fois, les ferries restent sans énergie », raconte un pilote, payé par l’ARM également. Un autre pilote raconte qu’il n’a pas été payé depuis le mois de décembre 2020. Ils demandent alors un peu de gasoil de la part des véhicules qui traversent. À Maroroy, faute de gasoil, il a fallu tirer le huitième bac. Les passagers et les chauffeurs contribuent à l’œuvre afin de faire avancer le bac au plus vite. La traversée a duré une trentaine de minutes. Grande terre Les traversées fluviales sont espacées par des pistes sauf pour les cinquante premiers kilomètres entre le bac d’Ebakika, le premier, et le cinquième, celui d’Esama. La route est parfaitement revêtue par l’Union Européenne. Une dernière portion est actuellement en terrassement. Les travaux de revêtement ont commencé fin 2014 et ont été réalisés sous forme HIMO. Pour le reste, les traversées sont longues, quelquefois jusqu’à 37 km, et encore sur piste. Le bac de Masianaka est le dernier bac à traverser avant d’atteindre Vangaindrano. C’est la plus longue traversée, elle mesure 550 m. Il faut ensuite parcourir 30 km pour atteindre ce district de la région Sud-est. Un pont est prévu être construit sur le fleuve de Masianaka. Il sera long de 580m et sera financé par l’Union Européenne et la Banque africaine de développement (BAD). [caption id="attachment_121281" align="aligncenter" width="1024"] Un pont long de 580m sera construit sur le fleuve de Masianaka, le 10ème bac.[/caption] Paysage sans égal La RNT12A offre un paysage époustouflant. C’est la verdure partout. Traverser les montagnes de verdure avec la mer en paysage de fond est sans doute une découverte, sûrement à jamais graver dans les mémoires. Le nord-est de Tolagnaro et la région Sud-est allant jusqu’à la limite de la région Vatovavy-Fitovinany, sont des zones productrices de cultures de rente. On aperçoit des pieds de caféiers, de poivriers et des plantations de cannelle et de girofle. Les champs sont par semé s de vanillier. Projets d’aménagement Financer les travaux d’aménagement de la RNT12A, dont les prochains verront le concours financier de la BAD et de la Banque Mondiale, est intéressant pour les bailleurs. Les enjeux économiques sur cet axe sont importants. «  Les principaux résultats escomptés du projet seront des économies de temps et sur les coûts d’exploitation des véhicules, ainsi qu’un accès élargi des usagers aux infrastructures. L’ouverture des zones de production agricole, l’accès à des aménagements touristiques durables et l’amélioration des conditions de vie de la population constituent d’autres impacts positifs du projet », explique un représentant de l’Union Européenne. Entre Tolagnaro et Ebakika, les 42km seront aménagés dans le cadre du projet qui est actuellement au stade de recrutement d’entreprises. Un pont sera érigé à la place du premier ferry d’Ebakika, enjambant le fleuve de Nahimbavy. L’autre tronçon à réhabiliter s’étend sur 30km, de Masianaka à Vangaindrano. Un pont est également prévu sur ce fleuve de Masianaka. Au total, 72km de route seront goudronnées et deux principaux ponts d’une longueur totale de 650m sur la RNT12A, seront mis en place. La Banque Mondiale prévoit de financer la construction d’un pont au neuvième bac, celui de Manambondro. La moitié de la RNT12A sera donc goudronnée à l’horizon 2025. Le reste est « viabilisé », accessible mais en pistes aménagées. [caption id="attachment_121282" align="aligncenter" width="1024"] Le paysage est époustouflant sur cette partie Sud-est de l'île.[/caption] Alternative La route en piste cahoteuse et les aventures fluviales sont vite oubliées une fois arrivé à Vangaindrano. Les 136km reliant ce district à Vohipeno, la prochaine étape vers le nord, sont des revêtements restés intacts, en parfait état, depuis la première République. Le voyage jusqu’à Fianarantsoa, depuis Vangaindrano, dure entre cinq et six heures de temps. Une journée et demie suffit donc pour rejoindre Fianarantsoa depuis Tolagnaro. «  Le voyage est plus intéressant par rapport à la RN13. Il nous faut seize heurs de temps en 4x4 pour rejoindre Ambovombe depuis Ihosy et quatre heures, de la capitale d’Androy à Toliara. C’est à peu près la même durée de trajet, mais l’axe Vangaindrano a un point positif. Il y a quelque chose à voir ! », commente un missionnaire qui a fait la boucle. La RN13 n’a pas encore obtenu de financement. Les enjeux économiques et sécuritaires ne sont pas intéressants pour les bailleurs. Du moins, jusqu’ici.
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