Îles éparses - Les négociations se corsent


Le dossier Îles éparses connait un nouveau rebondissement depuis lundi. À un peu plus d’un mois du 26 juin, date annoncée pour boucler les négociations, rien n’est joué. L’affaire se corse. En 24 heures, la joute diplomatique entre Madagascar et la France sur les îles éparses connaît un nouveau tournant. Qu’elle soit fortuite ou délibérée, la passe d’armes entre les deux camps lundi, indique que les négociations sont loin de se décanter. Andry Rajoelina, président de la République, a affirmé les revendications malgaches sur France 24 et Radio France internationale (RFI), lundi. « Nous réclamons la souveraineté de ces îles et on parle de restitution », affirme le chef de l’État. Quelques heures après cependant, le ministère français de la Transition écologique a publié une consultation nationale portant sur un projet de décret relatif à la création d’une réserve naturelle nationale sur l’archipel des Glorieuses. La consultation nationale lancée lundi, fait suite certainement à l’annonce d’Emmanuel Macron, président français, durant sa visite de la Grande Glorieuse en octobre. Outre faire part de son projet d’en faire une réserve naturelle nationale, il y a lancé « je suis aujourd’hui sur les Glorieuses, un territoire français ». Six mois après la première réunion de la commission mixte chargée des négociations, le dossier en est toujours au stade d’un désaccord sur la souveraineté. L’existence d’un désaccord au sujet de la souveraineté sur les îles éparses est la conclusion de la première réunion de la commission mixte, en novembre au palais d’Andafiavaratra. À cause de la crise sanitaire mondiale, les discussions sont restées en stand-by depuis. La publication de lundi indique pourtant, que la France maintient ses projets sur les îles éparses. Qu’en parallèle à la guerre épidémiologique, il avance ses pions sur d’autres dossiers. Deadline Dans un tweet publié en décembre, le président Macron a même fait part de la construction d’une station de recherche sur les îles éparses, cette année. Du côté malgache, le dossier semble avoir été mis en frigo en attendant un nouveau face-à-face au sein de la commission mixte. Après la réunion d’Andafiavaratra, suivie d’une concertation nationale au Centre de conférence internationale (CCI), Ivato, en décembre, la question n’a plus été soulevée. Sans les questions de la presse, le dossier îles éparses n’aurait probablement pas été abordé ouvertement durant la visite à Madagascar de Jean-Yves le Drian, ministre des Affaires étrangères françaises, en février. Il a donc fallu une mise au point du président Rajoelina en réponse à France 24 et RFI pour que le sujet revienne au-devant de la scène. La réplique française ne s’est pourtant, pas fait attendre. La coïncidence entre le tweet d’Emmanuel Macron et le début de la concertation nationale du CCI en décembre, avait déjà fortement intrigué. À chaque manœuvre malgache, la France semble répondre du tac-au-tac. Hier, l’opinion publique s’attendait à une réaction des autorités de la Grande île, suite à la consultation nationale lancée par le ministère français de la Transition écologique. Il n’en est rien pourtant, jusqu’ici. Lors de leur rencontre à Paris, en mai 2019, Andry Rajoelina et son homologue français se sont convenus de boucler les négociations sur les îles avant le 26 juin. Le locataire d’Iavoloha veut faire de la restitution de ces « îles malgaches », comme le soulignent les Nations Unies, un monument marquant le 60e anniversaire du retour à l’indépendance. « J’ai la foi et j’ai confiance en notre capacité de trouver une solution rapide qui satisfera notre demande de restitution », a-t-il déclaré lundi. Il faudra toutefois, que la partie malgache mette les bouchées doubles dans les tractations si elle veut toujours s’en tenir au deadline du 26 juin. Au regard de la situation, le temps ne joue pas en sa faveur. Il faudra aussi, affûter les armes diplomatiques puisqu’en face, la France n’est visiblement, pas disposée à lâcher le morceau. D’autant plus qu’Emmanuel Macron semble vouloir faire des îles éparses l’image de ses engagements écologiques.
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