Vain île


L’État a perdu la bataille de la vanille. La pression et le lobbying international étaient trop forts. Le secteur sera finalement libéralisé selon le vote effectué à Sambava le 4 avril par les acteurs de la filière vanille. Après plusieurs mois de bras de fer l’État a fini par céder face à l’assaut conjugué des politiciens locaux, opportunistes et opérateurs par nécessité. L’État n’a pas été soutenu de l’intérieur dans son initiative et a dû ranger son amour propre au moment où il a toutes les raisons de prévaloir sa souveraineté. Une position incomprise des politiciens locaux, de la société civile et de l’Église qui ont tous poussé le bouchon sous prétexte de plaider la cause des planteurs. Il est prouvé que l’indépendance n’est qu’illusoire étant donné que c’est un cartel d’acheteurs internationaux soutenu par certaines chancelleries, les bailleurs de fonds qui pèsent de tout leur dollar pour faire fléchir l’État et imposer indirectement le prix de la vanille en particulier et des matières premières en général. La pression du cartel est logique étant donné que son objectif est d’amasser le maximum de profit même si au détriment du pays le plus pauvre au monde où le PIB par habitant est de 1,75 dollars par jour selon la Banque Mondiale. Celle du FMI est pour le moins cynique puisque l’institution de Bretton Woods connaît parfaitement la situation de Madagascar. Autant il impose des mesures pour augmenter les recettes fiscales et les recettes d’exportation autant il fait pression pour qu’on brade la vanille. De qui se moque-t-on ? Si le kilo de vanille descend à 50 dollars le kilo, ce que recherche le cartel, combien l’État va gagner. Les planteurs n’auront que des miettes. Il faut savoir que l’exportation de vanille rapporte à la caisse de l’État 600 millions de dollars par an, doit beaucoup plus que le total des subventions de tous les bailleurs de fonds confondus. De quoi refaire toutes routes au lieu de quémander auprès des institutions financières internationales qui se permettent par la suite de dicter ses quatre volontés. On verra bien s’ils voudront bien combler le déficit causé par cette braderie de la vanille. Ils peuvent crier victoire d’avoir pu mettre à genoux un pays déjà exsangue et qui n’avait plus que la vanille pour parfumer son économie.
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