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Editorial

Naufragés volontaires

Le phénomène est international. Tous les jours il y a des tentatives de migrations d’Afrique vers l’Europe, d’Afrique noire vers l’Afrique du Nord avec l’aide d’une embarcation de fortune. L’objectif est de fuir la pauvreté et chercher un Eldorado où on croit que l’herbe est plus verte. La plupart des tentatives se terminent par une tragédie avec le naufrage de la vedette ou du bateau avec au bilan des dizaines de victimes. Et si l’embarcation arrive à bon port, ses passagers se heurtent à des tracasseries administratives et finissent souvent par être reconduits là où ils étaient partis. Rares sont ceux qui réalisent leur rêve à l’image de l’Angolais Rio Mavuba, migrant arrivé en France dans un boat people devenu footballeur professionnel célèbre. Ceux qui n’ont pas de talent connaissent une existence difficile.
Pour beaucoup de Malgaches, Mayotte reflète le bonheur et la joie de vivre. Les tentatives de migration vers cette petite île existent depuis longtemps surtout lorsqu’elle n’était pas encore département français où les contrôles étaient encore dérisoires. Les expéditions par kwassa kwassa étaient ainsi monnaie courante en partant de Mahajanga ou de Nosy Be. Les tentatives sont devenues de plus en plus nombreuses quand Mayotte est devenue département français en 2011. C’est simplement une porte ouverte vers la France du moins c’est ce que l’on croit.
Mais les choses se sont compliquées. Les contrôles des côtes ont été renforcés et aucun migrant clandestin n’est toléré. Le naufrage d’Ambilobe n’est donc ni le premier ni le dernier. En novembre 2015 il y avait neuf morts dans le naufrage d’une vedette, cinq en 2016 et trois en 2021 pour ne citer que les plus importants.
Il y en aura d’autres. On ne pourra pas empêcher les candidats au naufrage de tenter de trouver mieux, d’espérer croiser le bonheur a l’issue d’une odyssée de tous les dangers, de fuir l’enfer et la pauvreté. De toutes les façons, ils n’ont pas le choix. Soit ils se résignent à leur sort et attendent que la condamnation à mort se fasse par la famine, l’insécurité ou la pandémie, soit ils tentent un pari fou tout en abrégeant leur existence. Ils ont fait un choix radical où la souffrance est de courte durée. En trois minutes c’est fini. Les survivants vont subir des arrestations et des enquêtes et risquent la prison. Leur seul tort est d’avoir cherché les moyens pour une vie meilleure. En prison la note sera au moins triplée. Triste destin.

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