Pêche - Les Chinois, premiers acheteurs de crabes


Les piroguiers sillonnent la côte Sud-Ouest afin d'approvisionner des opérateurs économiques chinois. Ces derniers achètent le kilo de crabes à 6 000 ariary. Commerce de crabes. C’est dans la partie méridionale de la Grande île que se développe la filière crabe. À bord de pirogues, des pères de famille, qui font de la pêche leur gagne-pain, s'arment de courage et de véhémence pour pêcher au filet de grandes quantités de crabes. Ces crustacés sont ensuite entassés dans des sacs contenant de la boue. Les pêcheurs se réjouissent d'être Vezo autrement dit des pêcheurs pur-sang, groupe ethnique du Sud-ouest. Des Chinois attendent le long des côtes des livraisons quotidiennes à partir d'un quart de tonne, d'une localité à une autre. De Belo-sur-Tsiribihina jusqu'à Toliara, en passant par Morondava des transactions marchandes avec, pour principal objet, des quantités énormes de crabes, ont lieu. Les crabes pêchés sont exclusivement vendus aux Chinois et ne sont pas écoulés sur le marché local. « Nous livrions environ huit cuvettes de crabes par pêcheur au début. Ce sont les Chinois qui rejoignent la côte pour les acheter. Un kilo coûte 6 000 ariary et un client habituel s'approvisionne à hauteur de 250 kg par jour. Mais les intempéries ont réduit cette quantité à 100 kg. Le nombre de clients varie et la quantité livrée dépend de leur affluence. Avec un seul demandeur, on se contente de livrer 250 kg, puis on continue notre chemin. Mais lorsqu'il y a plusieurs clients, et nous repêchons pour satisfaire les demandes », témoigne un jeune pêcheur de 18 ans, originaire de Belo-sur-Tsiribihina. Autorégulation La pêche est une activité génératrice de revenus accessible à tous, affirment les pêcheurs Vezo. « Nous pêchons afin de gagner de l'argent pour scolariser nos enfants, pour équiper les adolescents et pour nous acquitter des charges du ménage », indique un père de famille, qui fait ce métier depuis vingt ans. La pêche étant une activité millénaire pratiquée par leurs aïeux, les Vezo perpétuent leur tradition économique, mais cette fois-ci avec des Chinois. « La chair du crabe devient une denrée onéreuse en raison des restrictions saisonnières dans plusieurs pays. À Madagascar, il est plus aisé d'entrer en contact ne serait-ce qu'avec des pêcheurs occasionnels. Les pêcheurs malgaches sont performants et le crabe de Madagascar est différent », glisse un client Chinois prêt à quitter la région une fois que sa livraison complète est obtenue. « Nous nous abstenons de pêcher durant trois mois dans l'année. Nous nous mettons d'accord pour nous abstenir de pêcher pendant trois mois dans l’année, par tradition. Nous demandons cependant aux autorités de ne pas recourir aux sanctions car il est ici question de survie et nous pêchons pour ne pas voler. Nous avons foi en la grâce divine pour obtenir des quantités considérables de crabes, c'est pourquoi nous nous interdisons de pêcher pendant une certaine période pour favoriser le renouvellement de ces crustacés », explique un quadragénaire, pêcheur du temps de sa jeunesse. Pour les autorités, toute activité est permise tant qu'elle est conforme aux dispositions réglementaires. Une concertation officielle est d’ailleurs en gestation pour aligner la filière crabe sur les exigences formelles et légales en matière de pêche. Tsiory Fenosoa Ranjanirina
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