Vive tension à Tsimbazaza - Les députés bloquent le projet de loi sur les violences basées sur le genre


Clash entre des députés et des membres du gouvernement, hier. Les élus, notamment ceux de la majorité, ont refusé l’adoption du projet de loi sur la lutte contre les violences basées sur le genre. De l’insubordination. C’est ainsi que certains ténors du parti au pouvoir considèrent l’attitude des députés du groupe parlementaire « Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina » (IRD), hier. Une bonne partie des élus orange se sont ligués contre l’adoption du projet de loi sur la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Les députés ont été relativement calmes durant la séance de questions et réponses avec le gouvernement, hier. La raison pourrait être probablement, le fait que la grande partie d’entre eux se sont défoulés dans les prises de parole durant « les observations », faites sur le projet de loi sur la lutte contre les VBG. Durant près de deux heures, ils se sont évertués à torpiller l’opportunité d’adopter le texte durant la séance d’hier. Trois membres du gouvernement se sont présentés devant la Chambre basse pour défendre le projet de loi. Rien n’y a fait, pourtant. La majorité des députés présents, essentiellement ceux de l’IRD et les indépendants pro-pouvoir, ont campé sur leur position. Au bout du compte, la séance s’est conclue par un clash entre Irmah Naharimamy, ministre de la Population, et quelques élus. Il a fallu que les membres du groupe IRD se réunissent durant plus d’une heure, afin de calmer les humeurs et s’accorder sur l’ajournement des débats et du report du débat et de l’adoption du texte pour la séance de cette matinée. L’ajournement de l’étude et l’adoption du projet de loi requis en conclusion du rapport des travaux de commission a mis le feu aux poudres. Le motif principal invoqué pour suggérer l’ajournement est que le texte n’a pas pu être bien étudié durant les travaux de commission. Il n’aurait été reçu par les députés que mercredi, mais le projet de loi ne compte, pourtant, que vingt-trois articles. Gratifications « Le texte a été allégé au maximum et rédigé de la manière la plus claire possible afin de faciliter son étude par le Parlement », explique un technicien. Les scènes qui ont précédé le débat et l’adoption du projet de loi concernant la lutte contre les VBG, laissait penser que la partie sera agitée. La séance a accusé quelques heures de retard, les députés ayant privilégié l’adoption d’un texte ratifiant un accord de prêt. Durant « les observations », ayant suivi la présentation du rapport des travaux de commission, des arguments allant jusqu’au fait que le projet de loi contre la violence basée sur le genre, pourrait être une brèche à l’acceptation du droit des homosexuels. Le droit des homosexuels semble encore tabou, à entendre les interventions de la plupart des députés. Comme il est expliqué par ailleurs, le projet de loi n’aborde cependant, pas ce sujet. Lorsque le débuté Brunel Razafitsiandraofa, vice-président de l’Assemblée nationale, qui a présidé la séance, a demandé « levez la main ceux qui ont lu le texte », la salle de séance s’est tue. Parmi les partisans de l’ajournement, ce dernier est allé jusqu’à indiquer qu’il quitterait le pupitre si la séance plénière passait au vote du texte. L’élaboration de ce projet de loi a été déclenchée suite à une recommandation de la Commission des droits de l’homme (CDH), lors de l’évaluation de Madagascar, en novembre, à Genève. Aussi, sera-t-elle également, attendue dans les escarcelles de la délégation malgache qui sera appelée à défendre à nouveau le dossier de la Grande île devant la CDH, durant le premier trimestre de l’année prochaine. Le texte, du reste, cadre avec l’un des combats de Mialy Rajoelina, première dame, et aussi, ambassadrice du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Selon les indiscrétions, ce serait justement, une des raisons du scénario d’hier. Des grognes émanaient de la Chambre basse ces derniers jours, notamment, des rangs de la majorité. Des députés exigeraient des « gratifications », de l’Exécutif. Remettre en cause un texte se rapportant aux batailles de la première dame serait une manière, pour ces élus, de rappeler leurs desiderata aux chefs de l’Exécutif, quitte à passer outre la discipline de parti. Christine Razanama­hasoa, présidente de l’Assem­blée nationale, conduira la séance de cette matinée. Reste à voir si elle réussira à reca­drer ses troupes.
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