Un récit écrit de Fressanges sur la Grande ile


Jean-Baptiste Fressanges, , après un Voyage à Madagascar en 1802-1803, publie une première édition de son récit en 1808, dans les Annales des Voyages de la Géographie et de l’Histoire. Il est repris en 1888 avec une courte biographie de l’auteur, dans les Archives coloniales Maurice-Réunion-Madagascar. M. Peron, correspondant de l’Institut de France, en fait l’objet d’un communiqué à l’Académie malgache, publié en 1963 dans la Revue de Mada­gascar. Dans l’introduction de son ouvrage, JeanBaptiste Fressanges situe géographiquement et historiquement la Grande ile. Les Portugais, écrit-il, en découvrant le passage du cap de Bonne-Espérance et en poussant de plus en plus leurs découvertes « devaient nécessairement reconnaitre l’ile de Madagascar ». Celle-ci est, effectivement, découverte par Laurent Almeida en 1506. «  Mais ambitionnant bien plus les richesses de l’Inde qu’un établissement incertain, ils l’abandonnèrent après en avoir relevé quelques points et nommé plusieurs caps et baies. » L’amiral portugais Tristan da Cunha aborde Madagascar, connue depuis longtemps déjà par les navigateurs d’Arabie et de Syrie. Il pille le comptoir de Boina sur la côte NordOuest. Mais la découverte de l’ile par les Européens date de 1500, époque à laquelle Diego Dias, l’un des capitaines de Pedralvares Cabral, chef d’une escadre portugaise qui fait route vers l’Inde, est poussé par la tempête sur les côtes de la Grande ile. Madagascar apparait alors, dès 1502, sur la carte du géographe portugais Cantino. Les Français sous Henri IV y forment un établissement et le nomment l’ Ile Dauphine. Ils occupent une partie du Sud et y bâtissent le fort Dauphin qui, à l’époque du voyage de Jean-Baptiste Fressanges, est déjà tombé en ruines. Ce dernier fait remarquer que « l’établissement aurait pu donner de grandes espérances pour parvenir à la possession de la Grande ile, si l’ambition démesurée de ceux qui le gouvernèrent, n’eût enfin révolté les insulaires qui se portèrent aux dernières extrémités en égorgeant presque toute la garnison.» M. Peron confirme que lorsque le cardinal de Richelieu a accordé à la Compagnie des Indes orientales un privilège d’habitation et de commerce pour dix ans à Madagascar. Jacques Pronis est nommé gouverneur des établissements français. Il s’installe d’abord à Sainte-Luce sur la côte Sud-est dans l’Anosy. Mais la petite colonie est décimée par les fièvres. Pronis choisit alors le site plus favorable de la pointe Taolankara où s’édifie le Fort-Dauphin. « Malheureusement son gouvernement brutal provoqua la révolte de ses compagnons dont beaucoup, préférant la sécession, allèrent fonder un nouvel établissement sur la côte Ouest, dans la baie de Saint-Augustin, et l’hostilité des chefs antanosy en 1646. » La Compagnie doit ainsi mettre fin à sa mission et le remplace par Étienne de Flacourt. Poursuivant son récit, Jean-Baptiste Fressanges indique que ce dernier publie un ouvrage sur la partie de l’Ile qu’il habite et laisse le reste dans l’oubli (Histoire de la Grande Île Madagascar suivi de Relation de la Grande Île Madagascar – Ce qui s’est passé entre les Français et les Originaires de cette île depuis l’an 1642 jusqu’en l’an 1658). La botanique et l’histoire naturelle y sont traitées avec assez de précision, ajoute-t-il. Cependant, les mœurs des insulaires y sont très mal observées, poursuit-il. Il renchérit que l’ouvrage de Flacourt ne donne qu’une idée très superficielle des localités de l’ile et des avantages que l’on pourrait en retirer, soit par ses productions naturelles, soit par celles qu’on peut y introduire, ainsi que de l’utilité des ports et des baies dont la côte est semée. Jean-Baptiste Fressanges souligne d’ailleurs que la Grande ile compte un grand nombre de ports et de baies magnifiques. Celle d’Antongil, souligne-t-il, est la plus vaste et la plus belle. Le comte de Benyowski y fixe son établissement en 1773. Toutefois, « d’un caractère trop ardent et trop ambitieux, il n’aurait jamais pu fleurir sa colonie. Mais malgré ses défauts, il ne méritait nullement sa fin tragique », qui survient le 24 mai 1796. L’abbé Rochon écrit avec beaucoup de partialité sur la vie de « cet homme extraordinaire », précise toujours l’auteur. En fait, Benyowski, selon lui, s’est trompé en choisissant la baie d’Antongil pour son établissement. L’insalubrité de l’air dans cette partie et les inconvénients de la navigation y seraient toujours un très grand obstacle. Toute la partie du Nord est, en général, la plus belle, la variété des sites, les grands rideaux de bois, les rivières et les ports « en feraient le plus beau pays de la terre pour la Nation qui y formerait des établissements. »
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