L’âme de fond(s)


La tentation était trop forte. Celle de retrouver le pupitre des églises pour débiter les sermons dominicaux et les messages codés, à méditer dans la spiritualité absolue, aux fidèles. Prêts à boire jusqu’à la lie les paroles de l’évangile. Ce, après presque cinq mois de résignation, de privation, de renoncement à soi et de sacrifice sur l’autel de la pandémie. Une si longue traversée du désert, à l’allure d’une éternité. Prenant au mot le président de la République lors de sa dernière allocution, selon laquelle un retour à la normalité de la vie au quotidien doit être amorcé, à l’exception des transports publics, le pasteur Irako Ammi Andriamahazosoa, président du FKKM, a aussitôt annoncé la réouverture des temples dans le giron relevant de sa responsabilité. Tout en soulignant le strict respect des gestes barrières pour rompre la chaîne de contamination du coronavirus. Le préfet de police, le général Angelot Ravelonarivo, a quelque peu douché cette douce euphorie. En insistant sur la nécessité d’avoir une autorisation au préalable pour pouvoir retrouver les ouailles avides de réconfort moral après tant d’épreuves pour faire face à l’assaut incessant de la Covid-19. Cette prescription préfectorale tient compte des dernières déductions du professeur Arthur Lamina, directeur de cabinet du ministère de la Santé publique. Il a expliqué que le pic du nombre des contaminés du coronavirus, a été atteint à la semaine 28, au début du mois de juillet. Sans entrer dans les méandres des données statistiques, il s’est montré convaincant dans ses diagnostics. Aussi, la décrue commence-elle à être visible sur le graphe représentatif de l’évolution chiffrée des victimes du virus corona. À titre d’exemple, sur les quatre cent lits disponibles au Centre de traitement d’Ivato, seuls vingt sont occupés, soutient-il. Mais la prudence doit être de mise, selon lui, surtout dans la région d’Analamanga, épicentre du mal, avec 80% de l’ensemble des malades. Pour éviter une éventuelle seconde vague. Alors que la reprise partielle des messes du dimanche, au mois d’avril-mai, lors du premier déconfinement, aurait été une des raisons qui avait enclenché la spirale de la propagation. Par contre, l’Eglise a besoin de la quête pour accomplir ses nobles vocations. D’où ce lobbying, très « catholique » du pasteur Irako Ammi Andriamahazosoa.
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