La bourgeoisie hova triomphe dans tous les domaines


«La mort de Radama survient, uinattendue, le 27 juillet 1828. Le peuple n’en fut informé que le 1er ou 3 aout. Les circonstances dans lesquelles Ranavalona lui succéda, restent obscures» (Histoire de Madagascar, ouvrage réservé aux lycéens des classes Terminales, 1967). La presse européenne, les journaux, les revues évoquent alors l’œuvre du Roi de Madagascar et le déroulement grandiose de ses funérailles. D’après les auteurs de l’ouvrage, le peuple comprend confusément la grandeur du monarque et l’associe à celle de son père, Andrianampoinimerina. « Les années qui suivirent, la mirent mieux en évidence. » Les mêmes auteurs expliquent que seul Radama peut contrôler les forces et les tendances nouvelles que sa politique de conquête et de modernisation éveille. Son « despotisme éclairé » sait contenir la colère des mécontents, encourager et soutenir le zèle des missionnaires. « Génial », il sait utiliser une révolution technique qu’il veut progressive. Les dangers de la colonisation lui apparaissent cependant. « Réaliste », la forêt de la falaise orientale ne lui parait jamais trop dense parce qu’elle sépare de la mer, « domaine des puissances coloniales », le cœur de son royaume. Profondément attaché à son pays, à son peuple, il joint le mépris des superstitions au respect de la tradition ancestrale. « Radama Ier disparut trop tôt. Sa mort libéra les forces profondes qu’il avait voulu maitriser. » Car quand Radama tourne le dos, se pose le grave problème de la succession. Mais les partisans du retour à l’ordre traditionnel l’emportent : leur victoire porte sur le trône la première épouse du roi défunt, la princesse Ramavo, autrement appelée Rabodonandrianampoinimerina. La bourgeoisie hova, que le régime militaire place au sommet des honneurs, triomphe. En 1835, Rainiharo finit par devenir le Mpitaiza Andriana, c’est-à-dire le Premier ministre de la reine Ranavalona Ire, devenu son époux. Sa famille, les Andafy Avaratra, ceux au nord du Rova d’Antananarivo, parvient ainsi au premier plan et acquiert une position très forte dans la capitale. « Son accession profita aux riches familles bourgeoises. » Les Miaramila hova, chefs de l’Armée, désirent le pouvoir civil. La mort de Radama leur permet d’occuper les plus hauts postes de l’Administration. Ils peuvent alors lutter contre les artisans de la rénovation. Maitres des commandements militaires et des rouages essentiels de l’État, ils décident de contrôler la vie économique du royaume. Ranavalona I, opposée aux réformes de son mari défunt et soutenue par l’oligarchie, compte rétablir l’ordre traditionnel. L’attitude de son époux en face des superstitions et des idoles, l’a beaucoup troublée et continue de le faire. C’est pourquoi elle écoute d’une oreille favorable les Andriana de sa famille et les Hova riches qui attaquent les novateurs. L’importance que prend la London Missionary Society et ses missionnaires, ainsi que leur prosélytisme, lui paraissent néfastes. « Peu cultivée, réfractaire à leur influence », elle considère le christianisme comme une institution européenne dangereuse et veut l’anéantir. Favorable aux ombiasy, attachée aux idoles, elle trouve un appui dans les rangs des traditionnalistes. Première épouse du roi, devenue reine elle-même par la volonté d’Andrianampoinimerina et du peuple, Ranavalona a un sentiment profond de sa souveraineté. Héritière du grand monarque, son beau-père, elle est décidée à employer cette autorité suprême à préserver son peuple des menaces extérieures. « Les châtiments les plus sévères, le spectacle des supplices et de la mort ne l’effrayaient pas parce qu’elle était persuadée d’agir en conformité avec la volonté des Ancêtres. » Le nouveau gouvernement royal travaille donc dans le sens d’une réaction contre les influences de l’Europe. La reine, autoritaire et résolue, y prend une part active, sinon prépondérante. Comme ses convictions rejoignent les intérêts des grandes familles hova, l’oligarchie militaire et commerçante peut réaliser les projets qu’elle forme du vivant de Radama.  
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